Au Mali les
préfets de Kidal, Tin-Essako, Tinzawaten ainsi que quatre sous-préfets de la
région de Kidal assassinés par les Rebelles. Le bilan est de 36
tués, dont huit militaires, et une trentaine d’otages, selon le ministre malien
de la Défense Soumeylou Boubèye Maïga tandis que le MNLA, disposant de
combattants armés dans la ville, a parlé d’ »une dizaine de soldats
maliens morts » et de « 30 prisonniers, dont deux blessés remis au
CICR (Comité international de la Croix-Rouge) ».
L’Armée
malienne est sur le pied de guerre et envoie des renforts à Kidal. Les États-Unis réclament la libération des otages. La France fait chorus en
essayant de crier un peu plus fort que les autres. L’armée française n’a rien
empêché de cette décapitation de l’administration malienne ni de ses officiers.
L’opération stabilisation est en passe d’être ratée et l’instabilité du pays
renaît. Ce verbe ne reflète d’ailleurs pas la situation de calme apparent après
un repli stratégique des Rebelles dans un pays corrompu où aucun des problèmes
de fond n’a été résolu.
Tout
cela était prévisible comme je l’ai déjà écrit. Noirs de l’Ouest, djihadistes
et Touaregs s’affrontent toujours au nom d’oppositions datant de l’esclavagisme
et de territoires réclamant une très large autonomie, en réalité leur
indépendance. La simple lecture de la carte et de l’histoire du Mali suffit
pour se faire une idée sur l’inaptitude de la solution prise par la France dans
ce conflit intérieur. Le prétexte invoqué de lutte contre les djihadistes et d’empêchement
à la progression de cet Islam armé ne justifie pas l’ingérence à moyen terme d’une
ancienne puissance colonisatrice. Tôt au tard la France sera honnie et rejetée
comme une force d’occupation.
Nous
rentrons dans la géostratégie américaine qui allume des feux un peu partout et
projette ses forces militaires ou celles de ses alliés. C’est l’Afrique
francophone elle-même qui doit se prendre en charge et même l’Afrique toute
entière car tout y bouge. Les frontières tirées d’un trait de plume sur la
carte craquent car elles ne respectent ni la géographie physique, ni les
ethnies, ni les religions. L’Afrique reprend son destin en main sous nos yeux
au moment où son économie prend son essor.
La
Chine a mis l’Afrique comme un continent indispensable à son développement. Elle
s’y implante en particulier en participant ou achetant des ressources minières
et en enlevant les marchés sur la construction des infrastructures. Les
Etats-Unis, qui ne peuvent être partout, agissent diplomatiquement et économiquement,
laissant à la France la force d’intervention militaire sous prétexte de son
passé colonial. On voit d’ailleurs que nous n’hésitons pas à dépasser notre
domaine francophone pour être leader dans une ancienne colonie britannique, le
Nigéria, avec la conférence de Paris sur la situation de ce pays.
Notre
jeu de supplétifs nous amène à une politique française incohérente avec ses
intérêts propres. Nous combattons les djihadistes au Mali, armés par l’Arabie
Saoudite et les émirats du golfe, mais nous sommes à leur côté en Syrie. Nous n’hésitons
pas à œuvrer avec les israéliens et les États-Unis en Ukraine, israéliens en
lutte avec les Palestiniens soutenus par les sunnites de l’Arabie.
Ce
qui va arriver en Ukraine et qui a déjà commencé,
c’est une protestation démocratique transformée en guerre civile par l’action
des ingérences extérieures dont nous faisons partie. Après avoir aidé les
manifestations de Kiev et avoir fait destituer le Président élu en dehors du
respect des règles constitutionnelles de ce pays, nous mettons tout notre poids
pour qu’une élection présidentielle ait lieu le 25 mai alors que dans la réunion de
conciliation, les militants indépendantistes de Donetsk et Slaviansk n’y ont
pas été conviés. Seuls des hommes du « Parti des Régions », le parti
de l’ex-Président Yanoukovitch ont accepté de s’y rendre, mais à titre
personnel.
Au
côté des américains nous ne cessons d’intervenir en Afrique et aux frontières
de l’Europe en jetant de l’huile sur le feu. A chaque fois la situation empire.
Regardons l’œuvre à laquelle nous participons. En Afghanistan, les talibans
reviennent faire des attentats à Kaboul. En Tunisie les étudiantes reprennent
le voile. En Lybie, l’affrontement armé entre Benghazi et Tripoli reprend et
les noirs sont massacrés ou fuient. L’arsenal militaire de ce pays alimente les
actions de mercenaires et des différentes composantes armées de la guerre
sainte musulmane. La Syrie est un pays détruit pour longtemps, où les tensions
ethniques et religieuses sont exacerbées. Les feux de guerre en Afrique ne
cessent d’être alimentés. L’Ukraine est soit au bord de l’extension de la
guerre civile soit de l’explosion territoriale.
Qui
a intérêt à tout cela, c’est là la véritable question car tant de coïncidences
ne sont pas dues au hasard… ? Ceux qui tiennent les cordons de la bourse
et ceux qui s’enrichissent. Ceux qui manipulent les chefs d’Etat, ces puissances
de l’ombre présentes et souvent incitatrices de tous les grands conflits même
mondiaux. Pour eux le sang versé ne tâche pas leurs ambitions de puissance par l’argent !
Ces évènements ne sont que la concrétisation
de la géopolitique
Celle de l’affrontement du monde américano-transatlantique
Envers les pays émergents contrant son
hégémonie.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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