Les allemands
commencent à s’éveiller à l’euroscepticisme car ils ne bénéficient pas comme
nous de la semaine de 35 heures, d’un SMIG comparable au nôtre et d’un système
social aussi sécurisant que le nôtre. La population décroit malgré l’apport d’une
immigration turque et vietnamienne entre autres et Angela Merkel commence à
ouvrir le marché du travail à une immigration des pays d’Afrique. Au souci
démographique dont la cause vient d’une politique familiale insuffisamment
développée, alors qu’elle l’était en RDA avant la chute du mur, vient s’ajouter
le souci de la transition énergétique.
Sigmar
Gabriel, ministre de l’Économie et de l’Énergie allemand, vice-chancelier, a fait
le 16 avril 2014 quelques déclarations qui en surprendraient plus d’un en France
et en premier lieu les Verts et la Ministre de l’Écologie :
« La vérité est que la transition
énergétique ["Energiewende", le plan allemand visant à faire passer
la part de la production "renouvelable" d'électricité à 80% en 2050]
est sur le point d’échouer. La vérité est que, sous tous les aspects, nous
avons sous-estimé la complexité de cette transition énergétique. La noble
aspiration d’un approvisionnement énergétique décentralisé et autonome est bien
sûr une pure folie ! Quoi qu’il en soit, la plupart des autres pays
d’Europe pensent que nous sommes fous.
Si ce n’était qu’un petit nombre,
quoique grandissant, d’Allemands « sceptiques » jetant le doute sur
l’escroquerie politico-économique de taille XXL qui a coûté à la population
allemande plus de 500 milliards d’euros depuis sa création en 2000, nous
n’aurions pas eu plus d’une note de bas de page dans la presse locale, noyée
quelque part entre l’ « horoscope » et les « objets trouvés. »
Sigmar
Gabriel est le président des sociaux-démocrates allemands (SPD), la deuxième
grande force politique du pays, et donc dans le même groupe européen que le
parti socialiste français. Il est aussi depuis 2013 en tant que Ministre de
l’Économie et de l’Énergie, responsable de ladite « Energiewende »
(cf Ségolène Royal). Ceci rend d’autant plus décoiffants ses propos quand on
les rapproche de ceux de son homologue « française ». Connu pour ses
interventions musclées, il exprime avec colère le cauchemar technique et
financier de ce projet bâclé de transition énergétique pour lequel l’Allemagne a
cédé trop facilement à des lobbyistes agressifs dans le secteur des « énergies
renouvelables ».
Les
déconvenues sont en effet de taille. Depuis 2000 le prix de l’électricité pour
les ménages a augmenté de 200% et la note de 500 milliards, payés par la
population allemande pour 13% de l’électricité produite par les énergies
renouvelables, est impressionnante. Elle ne cessera de s’aggraver pour atteindre
les 80% d’autant plus que ces énergies sont peu fiables et menacent la stabilité
du réseau électrique (et à terme le nôtre
compte-tenu des interconnexions européennes). Il semble d’ailleurs que d’ores
et déjà les limites de la stabilité du réseau sont atteintes. C’est ce qui a
poussé Sigmar Gabriel à s’exprimer au cours d’une soirée de débat dans les
locaux de SMA Solar Technology AG, l’un des principaux producteurs allemands de
panneaux et systèmes photovoltaïques ! C’est dire combien il est agacé par
la pression exercée par ces constructeurs sur la politique gouvernementale.
Il
met en lumière que la seule alternative à l’énergie nucléaire, qui a été
diabolisée sans cesse, à la réduction des émissions de dioxyde de carbone,
étant les énergies renouvelables, est la nécessaire mise en œuvre de centrales
thermiques classiques pour réaliser la stabilité du réseau. Ceci implique le
retour au charbon. La réduction des émissions de carbone doit donc être
abandonnée. D’ailleurs on le constate déjà dans les chiffres mais les centrales
thermiques rejettent d’autres polluants que le CO2 (oxyde de soufre,
oxyde d’azote, poussières) malgré les progrès faits dans le filtrage des
fumées.
Si l’Allemagne,
qui possède des réserves charbonnières contrairement à nous, se pose des
questions au plus haut niveau sur la validité de leur choix d’un pourcentage
élevé d’énergies renouvelables, il serait temps que nos partis, qui gouvernent
la France depuis le choix de l’euro, se posent la question de la folie de la
transition énergétique. Elle a encore moins de raisons de la faire que notre
voisine allemande. Ce pays a un grand avantage sur nous : il sait se
remettre en cause.
On dit que l’expérience des uns doit
servir aux autres.
Alors si ce n’est pas le cas, l’erreur
est impardonnable !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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