Il y
a soixante-dix ans la France occupée ne savait pas encore si elle deviendrait
allemande ou russe. Deux ans après la France était libre mais exsangue, des
villes entières étaient détruites et la natalité avait cruellement baissé. Dans
le cœur de la plupart des français battait l’espoir d’une reconstruction du
pays et de redonner des enfants pour son avenir. Grâce en partie au plan Marshall
la France a rebondi puis elle s’est dégagée de l’ingérence américaine pour
affirmer sa souveraineté. Elle a fait preuve de courage et de lucidité.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
La France ne fait plus preuve de courage et de lucidité en remettant son destin
et sa monnaie entre les mains de Bruxelles. Elle s’aveugle d’une protection
illusoire de son économie alors que près de 80% de son pouvoir législatif est détenu
par l’Union Européenne et que le chômage atteint un record historique.
Au-delà des discours médiatisés elle tremble à l’idée de faire front, en
affirmant que son peuple est souverain et doit décider de son avenir pour les
grandes orientations de la politique française pour tout ce qui touche à sa
souveraineté.
Depuis
2002-2003 on constate que l’appartenance à l’UE et à l’euro en particulier ne
permet pas à la France de maintenir son rang dans l’économie mondiale et que
notre dette publique s’aggrave. Nous n’avons pas globalement mieux traversé la
crise de 2007-2008 puisque nous en gèrons aujourd'hui les conséquences moins bien que les
pays germaniques. Nous constatons aussi que le fossé se creuse entre les Empires
romain et germanique nous reportant bien loin dans l’histoire de l’Europe. Enfin
l’ouverture de l’Europe à une mondialisation sans contrainte nous expose à une
destruction de notre économie par les pays à bas coût et à un envahissement
migratoire de l’Est de l’Europe mais surtout d’une culture religieuse qui n’a
cessé de vouloir envahir et contrôler l’Europe depuis plus d’un millénaire.
Alors
avant de pouvoir maîtriser nos difficultés intérieures, il faut jouer sur les
contraintes extérieures qui nous paralysent. L’euro et la pression migratoire
sont les deux difficultés qui nous sont imposées par notre adhésion à l’UE et à
la monnaie unique. De toute évidence l’euro ne profite désormais qu’à l’Empire
germanique puisque le fossé se creuse avec les pays du sud. Il est tout aussi
évident que si la politique d’austérité imposée à ces derniers ne débouchent
pas sur une reprise économique et à un climat social apaisé, les pays du nord
et en particulier l’Allemagne ne renfloueront pas indéfiniment ceux-ci.
En
conséquence il est temps de remettre en chantier les réflexions sur la
pertinence de l’euro, monnaie unique de 17 pays très éloignés les uns des
autres socialement et économiquement. Si l’on regarde la situation avec
lucidité et bon sens, on constate que, dans l’Empire germanique, les Etats
présentent des caractéristiques économiques et sociales proches. Ce n’est pas
le cas pour les pays du sud ou la France se distingue encore nettement de la
Grèce et du Portugal par exemple.
Partant
de ce constat on peut penser qu’un euromark du nord (Allemagne, Pays-Bas,
Finlande, etc…) est viable et sa parité au dollar peut être supportée jusqu’à 1,5 ou
1,6 euro pour 1 dollar selon les experts allemands. Par contre un euro-écu du
sud n’est pas viable car les économies et le fonctionnement des Etats sont trop
éloignés les uns des autres. La France en particulier serait encore entraînée
vers le bas sans permettre à la Grèce de redevenir compétitive.
C’est
donc non seulement une Europe à deux vitesses qui est un passage obligé mais il
doit s’adjoindre à l’euromark des pays du nord, un « écu » ( nom choisi ici par commodité) du
sud devenu monnaie commune. Cet écu, monnaie commune et
non unique, serait une monnaie de transactions économiques et financières et
laisserait vivre des monnaies nationales. Chacune d’entre elles serait reliée à
l’écu par des taux de parité choisis au mieux pour permettre à tous ces pays de
retrouver de la compétitivité. Ce schéma n’est pas une pure vue de l’esprit et
certains économistes en ont testé la pertinence et l’efficacité. Pourquoi alors
aucun politique n’en fait part à l’opinion pour que le débat s’instaure ?
Trois
grands pays ont leur mot à dire. Le Royaume-Uni d’abord, qui n’est focalisé que
sur l’instauration d’une zone de libre-échange transatlantique et une
protection de son marché financier, n’a aucune raison de s’intéresser à cette
affaire si ce n’est de souhaiter que l’Europe marche mieux économiquement. L’Allemagne
est pour l’instant en observation et détient le moment où elle peut cesser de
soutenir les pays en difficulté suite à un bilan négatif sur son intérêt à
rester dans l’eurozone actuelle. La France manque du courage et de la lucidité nécessaires
pour affronter l’Allemagne, croit toujours que la croissance viendra la sauver,
se refuse depuis quarante ans à faire les réformes structurelles d’envergure pour
des raisons électoralistes et craint finalement son peuple qu’elle évite d’informer
et de consulter.
Courage et lucidité font défaut à la France
Désinformée et en perte de démocratie.
Son handicap ? La crise...
Non, la mollesse !
Claude
Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon