De toute évidence les leçons
de l’histoire n’ont pas été tirées et les raisons de la sortie de crise en
1938-1939 ne semblent pas avoir laissé beaucoup de traces dans les têtes de nos
politiques tenants de la pensée unique. De plus la fin de cette période fut tragique et
il est à souhaiter que nous ne soyons pas à l’aube d’une troisième guerre
mondiale.
De nos jours la guerre
civile en Syrie, terrain où s’affrontent deux blocs, Etats-Unis d’une part et
Russie-Chine d’autre part, ainsi qu’une recherche de prédominance au sein du
monde musulman entre le Qatar et l’Arabie Saoudite, peut faire craindre un
embrasement du Moyen-Orient sur lequel les Etats-Unis projetteront leurs alliés
dans les combats. Une troisième guerre mondiale ne peut malheureusement pas être
exclue alors qu’Israël a les yeux tournés vers l’Iran, zone pétrolifère et
stratégique pour les Etats-Unis.
On peut d’ailleurs
s’inquiéter de voir la France dans une situation de plus en plus de
« va-t’en guerre » depuis notre présence offensive en Libye, en Côte
d’Ivoire, au Mali et en Syrie. On sent comme une délégation de l’impérialisme
américain au Royaume-Uni et à la France sous le couvert de l’ONU. La tendance
est de s’en tenir d’ailleurs le plus possible au seul Conseil de Sécurité pour agir
militairement et nous n’hésitons pas à aller au-delà des actions qui nous sont
accordées.
Il y a par rapport à Hitler
comme une inversion des rôles et nous nous considérons comme les croisés de la
démocratie, drapeau nous autorisant à être les gendarmes du monde et donnant le
droit d’ingérence dans tout pays désigné par les Etats-Unis. Que ce soit en
Afghanistan ou en Libye, nous constatons, comme les américains en Irak,
qu’après notre intervention militaire, la démocratie est toujours un leurre,
que l’instabilité règne et que les armes circulent entre des mains pour
lesquelles la démocratie n’a pas de sens. Il est plus que probable qu’il en sera
de même au Mali où nous avons de fait pris le pouvoir, pouvoir qui nous sera
immédiatement contesté pour retomber dans l’instabilité tribale post-électorale.
Le chemin sur lequel nous
sommes en 2013 a de quoi inquiéter. La pauvreté s’installe de plus en plus,
l’insécurité dans des zones de plus en plus nombreuses devient difficilement
contrôlable, les scandales touchent les deux partis principaux, la recette de
l’austérité à l’allemande fait basculer l’Europe du sud dans une pauvreté
aggravée, la relance que ceux-ci demandent n’étant qu’une aggravation de la
dette qui n’est elle-même qu’un report sur les générations suivantes.
Ces atermoiements, ces balbutiements
dans une politique molle aux contours incertains, sont comparables à ce qui
s’est passé dans la Grande Dépression des années trente et l’affaire Staviski a
poussé le peuple dans la rue par exaspération. L’évolution sociale a été
brutale entraînant un nouveau déséquilibre économique pour trois ans
supplémentaires. La faiblesse des gouvernements d’alors et des institutions ont
plongé notre pays dans dix ans de chaos. Or nous n’abordons aujourd’hui que la
cinquième année de crise dans des conditions semblables !
La sortie de la Grande
Dépression a demandé des efforts de rigueur budgétaire mais les gains ont servi
aux infrastructures et à un effort de guerre faisant repartir l’emploi. Cela
n’a toutefois été possible que par un protectionnisme ciblé et un recours à la
dévaluation. On conçoit donc que nous ne sommes pas sortis de la récession et
de l’endettement avec la politique suivie par le gouvernement actuel et la
pensée unique des deux partis en mesure de gouverner.
L’euro est au centre des
décisions à prendre. Les débats sur ce point sont jusqu’à présent occultés
malgré des avis de plus en plus nombreux sur une sortie souhaitable de l’euro.
Le dernier en date est particulièrement révélateur du fossé existant entre la
pensée unique française et le débat ouvert au Royaume-Uni et en
Allemagne.
Oskar Lafontaine est un dirigeant de gauche allemand de premier plan. Il
a dirigé le SPD pendant des années, puis il a été un des fondateurs du parti
de gauche Die Linke. Jusqu’à ce jour, il avait défendu l’Union Monétaire,
soit l’Euro. Dans une déclaration du 30 avril 2013 qui vient d’être publiée, il
change radicalement de position et estime qu’il faut progressivement dissoudre
l’Euro afin d’éviter une catastrophe économique et sociale en Europe du Sud…
Quand cessera-t-on d’enfumer
le peuple par des déclarations catastrophiques sur une éventuelle sortie de
l’euro ? Quand ouvrira-t-on le débat ? Quand demandera-t-on au peuple
quelle Europe il veut ? Puisque le changement c'est maintenant :
Quand stoppera-t-on l’Europe pour les puissants ?
Alors quand tirera-t-on les leçons de l’histoire ?
Quand arrêtera-t-on de tuer la démocratie ?
Le changement, c’est pour quand ?
Doit-on revivre 1789 ?
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon