Enfin une bonne nouvelle me direz-vous, on va
pouvoir arrêter le chauffage. Le Président a le moral et il est à l’offensive. C'est
parti. On va attaquer les vrais problèmes. Enfin. C'est ce que nous a promis
notre chef suprême des Armées. Il va inverser la courbe du chômage tout seul,
on ne sait pas comment, et il va même sortir toute l'Europe de sa langueur. Il
est vraiment impressionnant ce Président. La phrase qui le dépeint le mieux c’est : « La France n'est pas le problème de
l'Europe mais la solution. »
Bon, restons sérieux. Il a senti que l’Allemagne commence
à être victime de la dépression européenne et que son commerce extérieur faiblit.
L’occasion est bonne pour reformuler l’idée de relance de la croissance, à coup
de dépenses publiques moins réduites que prévu, d’une BCE accommodante qui ferait
de la création monétaire comme le fait
la FED aux Etats-Unis et la Banque du Japon. La solution n’est pas géniale mais
elle permet de maintenir une croissance acceptable même si l’accroissement de
la dette ne l’est pas.
Le seul problème c’est que l’Allemagne a toujours
son triple A mais avec désormais une appréciation négative. Si l’Allemagne craque,
il s’ensuit deux conséquences. D’abord il ne sera plus possible, pour le
principal contributeur aux pays en difficulté, de sauver l’Espagne et surtout l’Italie
qui file du bien mauvais coton en ce moment. Ensuite les taux d’emprunt vont
remonter alors que les investisseurs se tournent vers les obligations
japonaises devenues plus intéressantes. Ils vont remonter pour l’Allemagne mais
aussi pour la France qui, avec sa dette, a une bombe à retardement.
Enfin le secteur bancaire montre des signes
inquiétants en Allemagne mais aussi en France où les banques sont bourrées d’obligations
souveraines de pays à risque. A ce propos je vous propose de lire ce que dit un
expert, Claude Bébéar, Président d’honneur d’AXA (...) dans un article paru
dans Challenges n°365 :
Il affirme, en substance, qu’il ne faut pas se
laisser bercer d’illusions par la faiblesse des taux d’intérêt de la dette
française, qui est une ‘véritable bombe à retardement’ aux mains des
non-résidents, à hauteur de 60%.(…). Il ajoute :
« La bombe pourrait exploser dès cet été, avec
une remontée brutale des taux d’intérêt, si des décisions sérieuses de remise
en ordre des comptes publics, et donc de baisse des dépenses, ne sont pas mises
en place. »
Je vous le disais l’été pourrait être très chaud.
Notre Président joue sur la mauvaise santé de l’Allemagne pour se faire
entendre et sur la croissance mondiale pour réussir son pari sur l’emploi.
Autant dire que c’est une partie d’équilibriste amateur et sans filet. En effet
la crise de 2008, c’est la faillite de Lehmann Brother, incendie jugulé aux
Etats-Unis par une injection monétaire immédiate. Ceci a évité un effondrement
généralisé par contagion de tout le système bancaire.
Les banques allemandes et françaises sont
particulièrement concernées par ce phénomène. Elles détiennent des monceaux de
dettes grecques, espagnoles, portugaises ou encore italiennes... comme le
montre le graphique ci-contre représentant le niveau d'exposition des banques
françaises et allemandes aux dettes des pays périphériques de la zone euro.
Les banques françaises sont considérées comme « too big, to fail », trop grosses
pour faire faillite, en partant sur le principe que les Etats sont en mesure de
les renflouer en capitaux propres. Sauf que, le montant total d'exposition des
banques allemandes aux dettes de pays périphériques se monte à 390 milliards de
dollars, soit environ un dixième du PIB allemand (3 600 milliards de
dollars).
L’union bancaire, projet de mutualisation des
dettes, ne peut résister à un effondrement de l’Italie, ni à celui des banques
allemandes ou françaises. Il y a trop d’obligations pourries en circulation. Les
banques françaises sont aussi en risque comme la BNP qui détient 19,1 Mds€ d’obligations
italiennes, portugaises et espagnoles qui représentent 29,6% de ses fonds
propres. Cet édifice n’étant qu’un château de cartes, la défection d’une grosse
banque entraîne les autres et les montants sont alors tels que plus aucun pays
ne peut éteindre l’incendie.
Notre
Président joue avec le feu
L’été
est propice aux incendies
Le
pyromane est souvent un
Pompier !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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