Que croyez-vous qui soit important pour les Etats-Unis
lors de la réunion du G7 en cours ? Le marché de l’UE et le poids du dollar
par rapport aux autres monnaies. Le dollar vient de passer jeudi soir la barre
symbolique des 100 yens pour la première fois en quatre ans avec 101,93 yens.
Le Japon pourrit la vie économique mondiale en lançant des liquidités sans
limitation dans le circuit financier et le yen accuse le coup à la grande
satisfaction des japonais.
Cette guerre économique dollar-yen-yuan fait rage. L’euro
est un spectateur immobile impuissant mais offre un énorme marché à prendre. Les
Etats-Unis poussent l’UE à la croissance par injections de liquidités à la mode
américaine selon une interprétation keynésienne dévoyée. Son but est de
maintenir un continent européen de citoyens en état de consommer. L’UE reste
sous la politique d’austérité Merkel-Cameron contestée par les pays du sud en
difficulté que la France essaie de rallier pour desserrer les promesses de
réduction du déficit budgétaire.
Remarquons que l’Europe ne parle plus que de
celui-ci, la dette passe au second plan. Cela importe peu évidemment tant que nous pouvons
emprunter à des taux bas et que nos obligations d’Etat trouvent facilement
preneur. Mais la dette augmente inexorablement et le sujet que l’on n’ose aborder c’est l’euro. Il ne profite plus
globalement à sa zone puisque la croissance fuit l’Europe et qu’elle régresse relativement
par rapport aux Etats-Unis, au Japon, à la Chine, aux pays émergents et encore
plus par rapport aux pays en voie de développement.
La parité des monnaies est bien un élément
fondamental de toute politique économique. C’est ainsi que Sony remercie le yen
qui l'a aidé à revenir dans le vert après 4 ans rouges étant redevenu
bénéficiaire au terme de l'exercice 2012/2013. Si le taux moyen euro/yen est
resté à peu près identique à 107 yens, le dollar, qui ne valait que 78,1 yens
en moyenne l'année précédente (2011/2012), a grimpé à 83,1 yens en 2012/2013,
une différence de taille pour Sony qui encaisse une grande part de ses recettes
à l'étranger et qui avait souffert le martyre de l'ascension exécrable du yen
entre 2009 et fin 2012.
Évidemment la monnaie ne fait pas tout mais elle
reste un paramètre majeur de la guerre économique entre nations exportatrices. C’est
sur elle que s’est jouée la période 1929-1939 de la Grande Dépression. On a pu d’ailleurs
constater que les dévaluations compétitives entre pays pouvaient être
contre-productives quand elles sont faites dans un désordre de surenchères
successives. Cela prouve simplement que les ajustements monétaires doivent être
ordonnés ce qui n’avait pas été le cas durant cette époque.
C’est bien ce à quoi sont confrontés les pays
européens, des disparités socio-économiques qui créent un écart de plus en plus
grand entre ceux à qui l’euro profite et les autres. C’est pourquoi l’euro maintient
cette augmentation des disparités en bloquant toute possibilité d’ajustement
monétaire. Par ailleurs il ne garantit plus pour tous les pays des taux d’emprunt
égaux, ce qui a été le grand attrait au départ pour les pays à monnaie nationale
faible. Ces derniers ont vu brusquement baisser les taux d’emprunt lors de leur
adhésion à l’euro.
Il y a déjà de fait autant d’euros que de pays de l’eurozone.
Mais si cela implique une disparité devant l’emprunt, cela ne facilite en rien
les exportations. C’est pourquoi il faut en revenir à un système ordonné et
négocié d’ajustement des parités des monnaies nationales au sein de cette zone.
Ceci implique une sortie de l’euro monnaie unique, sortie qui est présentée en
France sous des aspects de catastrophe annoncée alors que nombre d’économistes et
même de politiques étrangers considèrent désormais que cela est non seulement
possible mais salutaire.
Tarder en France à ouvrir la discussion sur cette
possibilité ne fait que reculer le moment où cette solution s’imposera d’elle-même
car la descente aux enfers continue pour l’Europe du Sud. L’austérité subit un
nouveau tour de vis au Portugal. L’Espagne, l’Italie, la Grèce n’en peuvent
plus de l’austérité et la France s’avère incapable de tenir ses objectifs de
diminution du déficit budgétaire. Elle cache son incapacité sous une demande d’allègement
des critères à respecter pour un basculement
partiel sur des objectifs de croissance.
Ceci ne trompe évidement personne et comme la
croissance ne se décrète pas, mais se constate à postériori ou ne fait l’objet
que de prévisions la plupart du temps démenties, ce n’est donc qu'une raison opportuniste. L'évidence c’est que pendant que les pays de l’eurozone sont
bloqués ensemble sur l’euro, les autres grands pays exportateurs se livrent à
une guerre des monnaies et s’affrontent dans les différents G7, G8, G20, qui se
réduisent en fait à des G2 ou G3 tant les Etats-Unis et la Chine ont un poids
considérablement supérieurs aux autres négociateurs.
La
guerre des monnaies fait rage.
Le
nier serait nier l’évidence.
Rester
spectateur
Est
suicidaire !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
Bonjour
RépondreSupprimerVous avez raison, depuis quelques annees, cela se confirme
Thizy gilbert
Cordialement