La Grèce et le Portugal sont dans une situation difficile et leur peuple souffre mais ils ne font pas partie des pays poids lourds de l’Union Européenne. Les dispositions d’aide prises avec entre autres le Mécanisme Européen de Stabilité peuvent éviter le pire pour ces deux pays. Il en est tout autrement pour l’Espagne qui traverse une période très difficile.
La
bulle immobilière espagnole, ajoutée à la crise des « subprime »
américains, a miné l’économie et la pauvreté s’installe. Il suffit de se promener dans les rues des
principales villes d’Espagne, à commencer par Madrid ou Barcelone, pour
constater combien la misère gagne du terrain. Une pauvreté aux conséquences
dramatiques sur la santé physique et mentale, notamment des populations les
plus fragiles, dont les enfants et les personnes âgées.
La
pauvreté devient tellement envahissante en Espagne, qu’elle se transforme en
objet politique et en enjeu de débats entre les deux principaux partis
politiques espagnols. Le taux de chômage, qui atteint désormais 27,16% de la
population active espagnole, demeure l’indicateur le plus symptomatique de
l’augmentation de la pauvreté en Espagne. D’autant que le pays compte
actuellement 1,8 million de foyers où l’ensemble des membres se trouve au
chômage. Ce qui en dit long sur la dégradation de la situation.
C’est
21% de la population qui est sous le seuil de pauvreté, qui se situe à 613€ par
mois. Et on s’en doute, le nombre de pauvres continue d’augmenter en 2013. Pire
: 40% des foyers restent incapables de faire face aux dépenses imprévues, et
13,7% ne parviendraient pas à « boucler les fins de mois ». Le nombre de
personnes faisant appel au Secours catholique a été multiplié par 2,5 depuis
2006 pour dépasser le million. Caritas, l’une des associations les plus actives
sur le front de la pauvreté, soutient plus d’un million de personnes dans le
besoin en Espagne. La Croix Rouge annonce de son côté qu’elle a apporté son
aide à près de 2,4 millions d’individus dans le besoin en 2012, soit trois fois
plus de personnes qu’au début de la crise économique, en 2008.
Selon l’Unicef, 26%
des plus jeunes seraient aujourd’hui dans une situation inquiétante. Selon l’Association
des Sciences environnementales, un ménage sur 10, soit 1,7 million de foyers est
dans l’incapacité de payer entièrement les factures d’électricité, d’eau ou de
gaz. Selon les opérateurs de distribution de l’énergie électrique, des coupures
d’électricité ont touché un million de foyers pour non-paiement des factures. L’Observatoire
national de la Durabilité note une augmentation de la mortalité de 20,5% en
hiver, soit le taux le plus élevé de tous les pays occidentaux. En Espagne la
pauvreté tue beaucoup plus que la route !
La
pauvreté et la précarité ne cessent d'augmenter en Espagne depuis le début de
la crise économique qui a eu des répercutions négatives sur le pouvoir d'achat
des citoyens, souligne un rapport dont les conclusions ont été présentées
mercredi à Valence (Est de l'Espagne). Le niveau de la pauvreté a enregistré
une hausse de 8 % entre 2006 et 2012 et celui du développement humain a accusé
une baisse de 4,4 % lors de la même période, précise le rapport intitulé
"Développement humain et pauvreté en Espagne" élaboré par l'Institut
des recherches économiques de Valence (Ivie) et la Fondation Bancaja.
« Dans ce contexte, il n’est guère étonnant de
constater que l’Espagne, pays d’immigration au cours de la dernière décennie,
redevient un pays d’émigration. De fait, la population espagnole se réduit
dans son ensemble pour la première fois depuis 1996, comme le révèlent les
statistiques de l’INE. Le pays comptait, au 1er janvier 2013, 47 059 533
habitants, soit 205 788 personnes de moins qu’un an auparavant. Principale
raison : le retour dans leur pays d’origine de 3,8% des 5,5 millions
d’étrangers recensés en Espagne, pour la majorité des ressortissants des pays
d’Amérique Latine. Mais ces immigrés ne sont pas les seuls à faire leurs
valises. Il faut ajouter à ce solde migratoire les 54 912 Espagnols qui ont
également quitté le pays en 2012, pour aller chercher une meilleure fortune
hors de leurs frontières. Car la principale motivation de cette émigration
concerne le marché de l’emploi, où les jeunes demeurent particulièrement
pénalisés par un taux de chômage de plus de 50%. Le profil des nouveaux émigrés
espagnols s’avère d’ailleurs révélateur : des personnes de 32 ans en moyenne
(hommes et femmes en égale proportion), ayant fait des études supérieures. »
Francis Mateo à Barcelone
En
proie à une joute politique, qui n’exclue pas de défendre ou non l’indépendance
budgétaire vis-à-vis de la troïka, les perspectives de récession en 2013 ne
peuvent que mener l’Espagne dans une situation de plus en plus proche de la
Grèce. Cela peut conduire à un climat social délétère où les manifestations
contre la pauvreté ont remplacé celles pour les salaires. Si l’Espagne, ses
régions et ses banques demandent une aide massive de l’UE ou de la zone euro, c’est
l’explosion de l’Europe.
L’Europe s’appauvrit pendant qu’elle s’agrandit
Les Etats passent sous tutelle de la
troïka
L’euro salvateur creuse les inégalités
Entre les Etats et entre les citoyens.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon