On savait que notre Président de la République était
un grand blagueur. Il s’était déjà déguisé en plombier muni d’une caisse à
outils montrant ainsi qu’un Président normal n’hésite pas à mettre les mains
sur le poste à soudure pour raccorder la dette avec le chômage, le déficit
budgétaire, la compétitivité et la balance commerciale. Il vient de nous proposer
un nouveau déguisement, celui du docteur muni de sa trousse d’urgence. Le
docteur Hollande a pris les choses en main et vient de lancer sa dernière blague :
"Le moment le plus difficile est
passé".
Quelle constance dans l’enfumage.
Rappelez-vous le « la crise est derrière nous ». Salut l’artiste !
Qui peut encore le croire ? Ceux qui ne veulent rien voir et rien entendre
d’autre que la bonne idée d’avoir voté pour lui. Notre Président n’a pas besoin
des recommandations de la Commission Européenne il sait ce qu’il a à faire. Il
a affirmé vouloir "soigner l'économie française pour qu'elle reparte".
Le Docteur Folamour est déjà en œuvre depuis un an et l’on voit le résultat. Si
le résultat était seulement prometteur, il n’aurait pas été obligé d’aller à
Canossa pour demander un report de deux ans de la réalisation du déficit de 3%
du PIB.
Que ressentent nos
concitoyens : Du jamais vu en près de 30 ans. En 2012, le pouvoir d'achat
des ménages Français a fondu de 1,5%, enregistrant ainsi sa plus forte baisse
depuis 1984, selon l'Insee. Un chiffre bien pire que prévu : en mars,
l'institut de statistiques avait estimé ce repli à 0,8%.
Alors la manœuvre consiste
à dire que nous ne faisons pas moins bien que la zone euro et nous nous
réjouissons de faire mieux que la Grèce. L’autre manœuvre est de saisir l’occasion
de montrer que nous faisons mieux que l’Allemagne… sur un trimestre de
croissance. Malheureusement pour nous l’année 2012 se termine sur une
croissance zéro, de 0,7% en Allemagne et de 0,8% en Suède, pays auquel il est
bien utile de se comparer parce qu’il ne fait pas partie de la zone euro.
Contre l’enfumage des
politiques il n’y a que les chiffres de comparaison aux autres pays qui
permettent de se faire une idée de la justesse de leur discours. La crise est
désignée comme principal coupable mais elle est valable pour toute l’Europe.
Alors en dehors de la croissance 2012 regardons quelques chiffres :
Nous entrons en récession
après deux trimestres négatifs dont -0,2% pour le premier trimestre 2013. La
prévision initiale de 0,8% ramenée à 0,1% ne sera sans doute pas tenue non plus
d’après la plupart des économistes et une baisse de 0,5% est plus probable si
rien de significatif n’est mis en place dès maintenant pour relancer l’économie.
Dans les comparaisons avec l’Allemagne près de 200Mds€ en notre défaveur
séparent nos deux pays dans la balance commerciale. Nous nous sommes appauvris
de 45Mds€ (-2,2%/PIB) en 2012 pendant que l’Allemagne s’enrichissait de
151,6Mds€ (+5,7%/PIB) et la Suède de 25Mds€ (+6,2%).
Nous continuons à
augmenter notre déficit de 4,8%/PIB (-97,55Mds€) au lieu des 4,5% prévus. L’Allemagne
le réduit avec +0,2% et la Suède l’augmente faiblement (-0,5%). Notre dette
atteint 92% du PIB en 2012 soit 1833,8Mds€, alors que l’Allemagne est à 81,9%
et la Suède à 38,2%. Selon la Commission de Bruxelles c’est une dette de 93,4%
que nous atteindrons en 2013 avec un déficit de 3,7% qui croitrait à 3,9% en
2014 avec une dette à 95% à législation inchangée.
Parlons du chômage qui
était soi-disant l’objectif qui avait suivi celui des jeunes pour le
candidat-président. La France atteint 11%, l’Allemagne 5,4% et la Suède 8,4%.
Nous avons un jeune sur quatre qui est au chômage. Au premier trimestre 2013,
l'emploi salarié s'est replié de 0,1% soit 20.300 emplois en moins, selon les
chiffres de l'Insee publiés ce jeudi 16 mai. Au quatrième trimestre 2012, ils
avaient déjà chuté de 44.600.
Notre dépense publique
est-elle raisonnable ? Dépense des administrations publiques : France
56,6%, Allemagne 45%, Suède 52%/PIB. Il y a là un gisement énorme d’économies. Dépensons-nous
assez pour l’éducation ? Nous faisons moins bien que la Suède mais mieux
que l’Allemagne. Formons-nous assez ? Nous dépensons 8,6% de plus que l’Allemagne
soit 12,5% à population égale. La formation professionnelle est un tonneau des
Danaïdes dont le rendement est faible et complètement à revoir.
Alors il faut diminuer
les dépenses et donner un coup de fouet à la compétitivité. Sans sortie de l’euro
la porte est très étroite. Le crédit d’impôt de 20 milliards n’est pas financé
en 2014, l’augmentation de la TVA prévue est à double tranchant, la taxation
écologique aussi, les emplois d’avenir sont toujours à venir, les contrats de
génération ne génèrent pas grand-chose. La boîte à pansement du Président est
une trousse d’urgence mais le malade ne peut éviter le bloc opératoire.
Pour ceux qui croient
encore que l’on ne peut vivre en dehors de l’euro, je vous donne deux chiffres
que l’on vous cache : croissance de la zone euro en 2012, -0,6%,
croissance des pays hors zone euro, +0,35%. La crise est pour tout le monde
mais l’euro ne protège pas, il enfonce.
Le détournement de l’argent
privé vers les entreprises ne suffira pas à ramener la confiance des
entrepreneurs, l’Etat recule toujours devant une nécessaire économie sur les
dépenses publiques qui sont de sa responsabilité directe. Faire croire aux
français que le gouvernement maîtrise la situation est une étrange façon de
redonner confiance dans l’avenir alors que le pays recule de plus en plus.
Maitriser la dépense publique et la rendre plus
efficace
Diminuer la pression fiscale sur les entreprises
Ce sont deux impératifs incontournables
Pour gérer au mieux la compétitivité.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF
du Languedoc-Roussillon
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