L’UE
montre chaque joue un visage de plus en plus biface. D’un côté une Allemagne,
deuxième exportateur mondial, à quasi-égalité avec la Chine, et des pays très
liés avec elle comme l’Autriche et la Finlande, et de l’autre une Europe du sud
plus l’Irlande dont la balance commerciale se détériore et est soumise à des
plans drastiques d’austérité qui les tuent économiquement.
L’UE
perpétue donc un crime, la mort économique et politique par asphyxie de peuples
européens en difficulté. Leur survie est conditionnée à l’obéissance à la
troïka UE-BCE-FMI. C’est tout simplement une mise sous tutelle. Ceci est
tellement évident que la Slovénie, pourtant en difficulté, fait tout pour échapper
à une aide européenne. La prise de conscience de l’engrenage, dans lequel tout
pays qui demande une aide se trouve englué, se fait lentement, mais peut-être
trop tard, le piège s’est refermé.
Alors
si crime il y a, à qui profite-t-il ? Au monde des grandes puissances
financières bien sûr qui veulent une Europe de grand marché ouvert, sans
volonté politique, mais aussi à une géostratégie américaine à laquelle seul De Gaulle
s’est opposé, il y a désormais un demi-siècle. Grandes puissances économiques
et financières et géostratégie américaine ne font d’ailleurs qu’un, sous l’influence
du Nouvel Ordre Mondial.
La France
qui était, sous De Gaulle, entrée à reculons dans la construction de l’Europe,
avait compris que le piège était tendu pour faire de l’Europe un grand marché
ouvert à l’économie américaine et à une couverture militaire de l’OTAN qui
impliquait que la France perde son indépendance dans ce domaine. En signant le traité
avec l’Allemagne de Conrad Adenauer, la France pensait être au centre de l’Europe
des six de l’époque et y avoir une influence prépondérante échappant ainsi au
plan américain.
Malheureusement
dans le préambule au traité voté par le Bundestag, le lien de l’Allemagne avec
les Etats-Unis et la nécessaire présence de l’Angleterre dans la construction
de l’Union Européenne sont réaffirmés. L’influence américaine trouve son meilleur
allié dans ce pays, voisin et fort, qui, désormais au centre géographique de l’UE
à 27 actuel, est devenu la première puissance économique européenne. A cela s’ajoute
son allié traditionnel, l’Angleterre qui a toujours considéré le continent
européen comme une zone de libre-échange ne devant jamais interférer sur la
politique britannique basée sur la
finance et l’atlantisme.
C’est
désormais clair, l’Allemagne jette un regard condescendant sur la France,
laquelle pense que d’être le principal client de l’Allemagne suffit pour lui
garantir l’aide amicale de ce pays et que seul le couple franco-allemand
garantit la solidité de l’UE. La France n’a plus d’influence politique forte sur
le devenir de l’UE et le couple franco-allemand n’est désormais qu’une attitude
politique de façade. L’essentiel de l’évolution européenne se construit dans le
trio Etats-Unis, Royaume-Uni et Allemagne.
La
grande étape qui est en cours de mise en place c’est la constitution d’une
grande zone de libre-échange entre les deux côtés de l’Atlantique et une mainmise
américaine sur les politiques économiques et budgétaires nationales européennes.
L’incitation à l’endettement public, au déversement d’argent sur les banques
pour le crédit à la consommation et sur les consommateurs eux-mêmes n’est que l’illustration
de la volonté de disposer d’un marché de consommateurs de plus en plus
demandeurs.
La
mendicité à laquelle sont conduits tous les pays en difficulté les rend
dépendants de la volonté d’une UE dominée par l’Allemagne, d’une BCE influencée
par la banque centrale allemande et d’un FMI noyauté par les Etats-Unis. La France
perd chaque jour de sa substance souveraine, demande des délais pour remplir
ses promesses de rigueur budgétaire, est projetée sur des théâtres d’opérations
militaires qui intéressent l’OTAN, se désindustrialise, s’endette et devient de
plus en plus vulnérable à une montée des taux d’intérêt de ses emprunts.
Notre
avenir échappe à notre contrôle et passe dans des mains étrangères sans que,
sous l’influence de médias eux-mêmes noyautés ou subjugués, notre peuple en
prenne conscience. Il est aveuglé par le leurre d’un couple franco-allemand
présidant aux destinées d’un nouvel eldorado protecteur. Il va pourtant aller
de désenchantement en désenchantement mais le temps qui lui est laissé pour
réagir est compté !
Que l’on
ait aimé ou non De Gaulle, on ne peut lui enlever une faculté d’analyse
géostratégique et une vision de grandeur pour son pays. Il est temps de
réécouter ses prédictions sur l’Europe et sur la stratégie américaine qu’il avait
déchiffrée. Notre perte de souveraineté ne garantit que des temps de vassalité
dans une Europe germanique sous parapluie économique et militaire américain.
Nous arrivons à la dernière heure pour repenser l’Europe, pour une Europe
réunissant les intérêts communs de nations indépendantes, prenant en charge sa
propre défense dans une alliance militaire librement consentie et imposant ses
vues aux blocs qui veulent l’asservir ou la réduire à un marché servile.
L’Europe est l’avenir des peuples qui la
constituent mais…
Confier son avenir à une puissance
étrangère
Ou la soumettre à des pays alliés de
celle-ci
C’est mettre la France en servitude.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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