mercredi 15 mai 2013

L’Europe oui, mais quelle Europe ?

Les difficultés de la zone euro, le « Brexit » ou sortie de l’Union Européenne du Royaume-Uni, le refus d’obtempérer de la Hongrie, les manifestations populaires anti-troïka en Espagne et en Grèce, la montée d’un parti anti-européiste en Allemagne sont autant de preuves de la montée d’un euroscepticisme. L’UE, élitiste et antidémocratique, ne s’appuie pas sur une citoyenneté européenne mais sur un soutien géostratégique germano-américain, le Royaume-Uni restant un partenaire attentif au libre-échange en particulier financier et à vocation transatlantique.
 
La montée de l’euroscepticisme chez les peuples européens est d’ailleurs quantifiée par les derniers sondages et est particulièrement spectaculaire en Espagne, sans doute à cause de la dureté de la politique d’austérité imposée. La France n’y échappe pas avec 15% d’eurosceptiques en plus entre mai 2007 et novembre 2012. Dans les autres pays, c’est 20% de plus de mécontents. Pour la première fois en France les eurosceptiques représentent plus de la moitié de la population et cela ne peut que croître avec les mesures d’austérité en préparation.


L’UE affiche une double perte de légitimité de la démocratie : Perte sur le plan national, où le Président et les parlementaires élus ne peuvent plus qu’exercer une faible part des volontés de leurs électeurs et les partis politiques ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils furent. Le pouvoir n’existe qu’au niveau des Etats membres. Perte à l’échelon communautaire, avec une Commission discréditée qui, au mépris du ridicule, affiche un semblant de pouvoir exécutif, flanquée d’un Parlement élu sur des listes nationales, qui défend des intérêts nationaux, et dont les pouvoirs sont très éloignés de ceux que la tradition occidentale assigne aux assemblées législatives.


L’Europe de Jean Monnet, agent américain comme viennent de le confirmer des documents déclassifiés, n’a vocation qu’à être un ensemble apolitique livré à la mondialisation et plus particulièrement à un grand marché de libre-échange transatlantique. L’Europe idéale des européistes à tout crin, d’ailleurs viable dans un monde utopique, est une Europe fédérale complètement intégrée dotée de tous les pouvoirs régaliens, législatif, juridique, monétaire et militaire.


Cette vision est en effet utopique pour plusieurs raisons. La première c’est qu’elle ne peut être de la décision des Etats mais doit être celle des peuples pour perdurer, or les Etats et les technocrates de l’UE rejettent toute idée de référendum par peur du résultat. La seconde est que l’Allemagne, de par sa constitution, n’abandonnera jamais sa souveraineté sauf pour une Europe germanique. La troisième, qui est pour l’instant rédhibitoire, c’est que les Etats-Unis ne veulent ni une Europe politique, ni une Europe ayant une défense unifiée indépendante de l’OTAN.


Nous sommes actuellement dans l’impasse de la construction d’une Europe fédérale, dite idéale par ses fondateurs, avec un seul gouvernement, un seul pouvoir juridique indépendant, une monnaie unique et une défense intégrée et forte à la hauteur d’un continent. Nous vivons un rêve impossible, qui n’est pas partagé par une volonté de citoyenneté européenne, dans une Europe multifacettes avec l’euro, le traité de Schengen, une Europe politique inexistante, des Etats germaniques économiquement forts et un Empire romain à la remorque.


Le bloc de l’eurozone de 17 pays était le signe fort de la marche en avant. Il est maintenant évident que cette monnaie n’a pas rempli son rôle de rapprochement des économies et de dynamisation de l’économie européenne dans le contexte de la mondialisation qu’elle se proposait d’affronter dans de meilleures conditions. Les pays qui ne sont pas dans l’eurozone, comme la Suède, réussissent globalement mieux et on nous cache systématiquement les résultats socio-économiques de comparaison entre des pays dans l’eurozone et hors zone. La raison est que les pays hors zone ont des meilleurs résultats moyens sur la croissance, le déficit, la dette et le chômage. C’est le mensonge par omission.


La seule vraie question, lorsque le rêve ne correspond pas à la réalité, c’est de demander au peuple s’il croît encore au rêve et de lui proposer d’autres solutions. Ce serait le référendum à l’échelle européennes dont le résultat ne pourrait pas être rejeté par les Etats pour choisir entre différentes formules de l’Europe, l’Europe fédérale avec disparition des nations au profit des régions, l’Europe confédérale avec une union de politique extérieure et de défense dans un cadre législatif et exécutif restreint, l’Europe des peuples où les pays ne se lient que par des traités négociés bi ou multilatéraux mais gardent leurs pouvoirs régaliens.
 

Les exemples des Etats-Unis, du Canada et de la Suisse sont autant d’exemples qui permettent de percevoir que de multiples solutions existent. L’exemple de la Suisse et de la Norvège montre aussi que l’on peut très bien survivre et même mieux que les autres sans l’euro et sans l’UE. C’est pourquoi notre UE est antidémocratique car elle ne veut rien changer sous la pression de ceux à qui elle profite, Etats-Unis, pays germaniques, grandes puissances financières et économiques. Il faudra une catastrophe et des peuples en colère pour que la Révolution voie le jour. L’intolérable chômage des jeunes en est le ferment.


La mort programmée de l’euro peut être un choc salutaire.


Un pays révolutionnaire ne peut supporter longtemps


La perte de démocratie et la vassalisation.


Claude Trouvé

Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon