Les difficultés de la zone
euro, le « Brexit » ou sortie de l’Union Européenne du Royaume-Uni,
le refus d’obtempérer de la Hongrie, les manifestations populaires anti-troïka
en Espagne et en Grèce, la montée d’un parti anti-européiste en Allemagne sont autant
de preuves de la montée d’un euroscepticisme. L’UE, élitiste et
antidémocratique, ne s’appuie pas sur une citoyenneté européenne mais sur un
soutien géostratégique germano-américain, le Royaume-Uni restant un partenaire
attentif au libre-échange en particulier financier et à vocation
transatlantique.
La montée de
l’euroscepticisme chez les peuples européens est d’ailleurs quantifiée par les
derniers sondages et est particulièrement spectaculaire en Espagne, sans doute
à cause de la dureté de la politique d’austérité imposée. La France n’y échappe
pas avec 15% d’eurosceptiques en plus entre mai 2007 et novembre 2012. Dans les
autres pays, c’est 20% de plus de mécontents. Pour la première fois en France
les eurosceptiques représentent plus de la moitié de la population et cela ne peut que
croître avec les mesures d’austérité en préparation.
L’UE affiche une double perte
de légitimité de la démocratie : Perte sur le plan national, où le
Président et les parlementaires élus ne peuvent plus qu’exercer une faible part
des volontés de leurs électeurs et les partis politiques ne sont plus que l’ombre
de ce qu’ils furent. Le pouvoir n’existe qu’au niveau des Etats membres. Perte à
l’échelon communautaire, avec une Commission discréditée qui, au mépris du
ridicule, affiche un semblant de pouvoir exécutif, flanquée d’un Parlement élu
sur des listes nationales, qui défend des intérêts nationaux, et dont les
pouvoirs sont très éloignés de ceux que la tradition occidentale assigne aux
assemblées législatives.
L’Europe de Jean Monnet, agent
américain comme viennent de le confirmer des documents déclassifiés, n’a
vocation qu’à être un ensemble apolitique livré à la mondialisation et plus
particulièrement à un grand marché de libre-échange transatlantique. L’Europe
idéale des européistes à tout crin, d’ailleurs viable dans un monde utopique,
est une Europe fédérale complètement intégrée dotée de tous les pouvoirs
régaliens, législatif, juridique, monétaire et militaire.
Cette vision est en effet
utopique pour plusieurs raisons. La première c’est qu’elle ne peut être de la
décision des Etats mais doit être celle des peuples pour perdurer, or les Etats
et les technocrates de l’UE rejettent toute idée de référendum par peur du
résultat. La seconde est que l’Allemagne, de par sa constitution, n’abandonnera
jamais sa souveraineté sauf pour une Europe germanique. La troisième, qui est
pour l’instant rédhibitoire, c’est que les Etats-Unis ne veulent ni une Europe
politique, ni une Europe ayant une défense unifiée indépendante de l’OTAN.
Nous sommes actuellement dans l’impasse
de la construction d’une Europe fédérale, dite idéale par ses fondateurs, avec un
seul gouvernement, un seul pouvoir juridique indépendant, une monnaie unique et
une défense intégrée et forte à la hauteur d’un continent. Nous vivons un rêve
impossible, qui n’est pas partagé par une volonté de citoyenneté européenne,
dans une Europe multifacettes avec l’euro, le traité de Schengen, une Europe
politique inexistante, des Etats germaniques économiquement forts et un Empire
romain à la remorque.
Le bloc de l’eurozone de 17
pays était le signe fort de la marche en avant. Il est maintenant évident que
cette monnaie n’a pas rempli son rôle de rapprochement des économies et de
dynamisation de l’économie européenne dans le contexte de la mondialisation qu’elle
se proposait d’affronter dans de meilleures conditions. Les pays qui ne sont pas
dans l’eurozone, comme la Suède, réussissent globalement mieux et on nous cache
systématiquement les résultats socio-économiques de comparaison entre des pays
dans l’eurozone et hors zone. La raison est que les pays hors zone ont des
meilleurs résultats moyens sur la croissance, le déficit, la dette et le chômage.
C’est le mensonge par omission.
La seule vraie question,
lorsque le rêve ne correspond pas à la réalité, c’est de demander au peuple s’il
croît encore au rêve et de lui proposer d’autres solutions. Ce serait le
référendum à l’échelle européennes dont le résultat ne pourrait pas être rejeté
par les Etats pour choisir entre différentes formules de l’Europe, l’Europe
fédérale avec disparition des nations au profit des régions,
l’Europe confédérale avec une union de politique extérieure et de défense dans
un cadre législatif et exécutif restreint, l’Europe des peuples où les pays ne
se lient que par des traités négociés bi ou multilatéraux mais gardent leurs
pouvoirs régaliens.
Les exemples des Etats-Unis, du
Canada et de la Suisse sont autant d’exemples qui permettent de percevoir que
de multiples solutions existent. L’exemple de la Suisse et de la Norvège montre
aussi que l’on peut très bien survivre et même mieux que les autres sans l’euro
et sans l’UE. C’est pourquoi notre UE est antidémocratique car elle ne veut rien
changer sous la pression de ceux à qui elle profite, Etats-Unis, pays
germaniques, grandes puissances financières et économiques. Il faudra une
catastrophe et des peuples en colère pour que la Révolution voie le jour. L’intolérable
chômage des jeunes en est le ferment.
La mort programmée de l’euro peut être
un choc salutaire.
Un pays révolutionnaire ne peut
supporter longtemps
La perte de démocratie et la
vassalisation.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon