Les principes de base du système
social français sont : la solidarité nationale, la non-sélection des risques,
l'égalité d'accès aux soins. C’est une des fiertés du peuple français que nous
devons au Général De Gaulle. Si la Sécurité sociale coûte cher, elle est chère
aussi aux Français. Elle est un symbole de notre République, elle appartient à
notre histoire.
Elle a même été un exemple en
Europe, mais elle ne l’est plus. Nous
dépensons plus que d'autres, et, au bout du compte, nous sommes moins bien
remboursés. Le malade français est l'un de ceux qui paient de leur poche la plus grande
partie de leurs frais médicaux : 33% (complémentaires et mutuelles comprises), soit deux fois plus qu'il y a quinze ans, alors que la Chine prévoit 30% en 2015. Nous n’en sommes pas
pour cela le pays ayant la meilleure santé puisque nous sommes au huitième rang
mondial pour notre espérance de vie (derrière l’Italie en 2012), au cinquième
rang pour la mortalité infantile.
C’est près de 33 milliards auquel
se montera au total le déficit de la Sécu sur 2011-2012, déficit qui aggrave la
dette au sens du traité de Maastricht. Il sera de 15,5 milliards en 2012 au
lieu des 13,8 prévus si aucune mesure corrective n’est prise. Ce déficit est
endémique et a presque doublé en une quinzaine d’années.
Avant de poser la question de
savoir "comment mieux gérer ?",
il faut se poser la question de savoir "qui va gérer ?". Le
choix du paritarisme est celui qui correspond à l'histoire de notre protection
sociale. Le paritarisme est devenu un paritarisme de façade. L'Etat a repris
petit à petit le contrôle global de l'assurance maladie. C'est lui qui décide
du développement des hôpitaux et de l'évolution de leur budget, qui décide du
prix du médicament, des revalorisations tarifaires. Résultat : un
enchevêtrement de responsabilités, une quinzaine de tutelles rien que pour
l'hôpital.
Actuellement, le champ du paritarisme
syndical est devenu un partage territorial de type tribal. Les différentes représentations
syndicales et patronales se répartissent entre eux les responsabilités des
différents secteurs. La mainmise d’un partenaire social sur un secteur
déterminé ne peut amener qu’à des dérives condamnables qui se sont d'ailleurs déjà produites.
Le vrai problème de notre protection sociale n'est pas celui de son financement. C'est un problème de responsabilité et de gestion. La question n'est pas de trouver des "trucs de financement" pour boucher le trou de la Sécurité sociale, mais d'engager la réforme du système pour empêcher que de nouveaux trous ne se creusent.
Le vrai problème de notre protection sociale n'est pas celui de son financement. C'est un problème de responsabilité et de gestion. La question n'est pas de trouver des "trucs de financement" pour boucher le trou de la Sécurité sociale, mais d'engager la réforme du système pour empêcher que de nouveaux trous ne se creusent.
Que faire ? Il
faut en clarifier le financement et distinguer ce qui relève de l'assurance et
ce qui relève de la solidarité nationale.
C'est ainsi que les allocations
familiales devraient être financées par les impôts et non par des cotisations
assises sur les salaires. Car la politique familiale relève à l'évidence de la
solidarité nationale. On ne s'assure pas contre le risque d'avoir des enfants ! En revanche, se
protéger contre la maladie, les accidents du travail ou prévoir sa retraite
relève d'une logique d’assurance ou de mutuelle.
Il faut aussi
redonner une vraie responsabilité donc une « vraie
autonomie aux caisses d'assurance maladie" et "responsabiliser les acteurs". C’est seulement
ainsi que l’on luttera efficacement contre le gaspillage, les arrêts maladie de
complaisance, les ordonnances saturées, les armoires à pharmacie remplies de
médicaments inutilisés, les examens répétés plusieurs fois, le manque de prévention et la mauvaise
gestion des hôpitaux.
"Les déficits de la Sécurité
sociale ne font que traduire le déficit de réforme, le déficit de courage, le
déficit de responsabilité. Le vrai coupable, c'est un système où personne n'est
responsable. Un système où trop de gens ont intérêt à ce que rien ne change." (Alain Madelin)
Avant d’augmenter impôts et cotisations il faut :
Redonner autonomie et responsabilité aux différents acteurs,
Différencier ce qui relève soit de la solidarité soit de l’assurance.
Auront-ils le courage et la volonté d’un « vrai changement maintenant
» ?
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon