Cet objectif n’est pas aussi vulgaire sur le fond que son
expression le laisse paraître. Dans quelle France, dans quelle Europe, dans
quel monde vivons-nous ? Dans le monde de l’illusion. Celui où l’on décide
de se répartir les richesses avant de savoir de quel montant elles sont. Les
grands penseurs de l’économie, parodiant Keynes hors du contexte d’application
de ses idées, nous ont ainsi transformés en faux monnayeurs.
Nous attendons tout, toujours plus, toujours mieux, toujours
plus vite. Tout cela pour trouver l'euro trop fort, le pétrole trop
cher, le CO2 trop abondant, les logements insuffisants, les drogues trop
libres, l'éducation nulle, l’administration pléthorique, la médecine en
décrépitude, l’immigration envahissante, l’insécurité croissante. Il n'y a pas encore
une France en faillite, mais déjà une France en décrépitude, pays pourtant bien plus gâté que d'autres par la nature.
Après une campagne d'espérance,
chaque jour nous apporte sa cohorte d'augmentation de tarifs, de blocage de
prix, de réduction d'avantages, d’alourdissement des charges aux entreprises,
de revue à la hausse du barème fiscal, de promesses de réformes de structures
sur 5/10/15 ans qui devraient nous emporter vers le bonheur. Les marchands d'illusions continuent à anesthésier le peuple car avec près de 1800
milliards de dettes à fin 2012, nous ne sommes pas en faillite, nous sommes
ruinés.
Quelles potions donne-t-on à la
malade ? Chaque jour, en dehors des grands discours d'espoir, des
constitutions de commissions, de concertations sociales ou de Grenelles
de tout, nous retrouvons la cohorte des mini-mesures de rigueur ou d'efforts
qui nous sont demandées depuis 40 ans. Lisez les journaux quotidiens de ces
jours-ci et vous aurez le sentiment d'avoir lu les mêmes en 1970, 81, 84, 92,
95, 2002, 2007. Comment pouvons-nous croire que nous ayons une chance de
retrouver un présent et a fortiori un avenir ?
Nous nous comportons globalement
comme si la croissance européenne et particulièrement française était celle de
la Chine, d’ailleurs en baisse. Tous les pays occidentaux qui inondent l’économie
de liquidités voient leur croissance stagner ou pire régresser. L’idée s’est incrustée
que la croissance doit être de 3% pour stabiliser le chômage et nous avons dépensé
en comptant sur elle comme si elle était programmée pour arriver tout seule. Si nous
continuons à nous maintenir à la valeur des dépenses du budget actuel, c’est une
croissance de plus de 6% qu’il faudrait avoir pour générer les recettes fiscales équivalentes... un rêve chinois pour l’instant.
Il devient de plus en plus clair
que, sans un contexte particulier comme celui de la Chine par exemple, la
croissance ne se décrète pas mais se détermine elle-même à partir d’une part du
dynamisme, du pouvoir d’invention, d’innovation et de management des hommes et
d’autre part de l’abondance des matières énergétiques et minières.
On constate par ailleurs que nous
allons vers une croissance qui peut être plutôt espérée entre 0 et 1%. C’est
sans doute la croissance sur laquelle les européens peuvent raisonnablement compter pour
l’instant sans se servir de la dette ou de la fausse monnaie. C’est pour nous la
perspective d’un déficit budgétaire qui soit beaucoup plus proche de zéro que des
3% du PIB prévus vraisemblablement en 2014. Cet objectif budgétaire ne serait tenable
dans le temps que si nous remboursions, très rapidement et totalement, notre
dette.
Si nous ne modifions pas
fondamentalement la situation de celle-ci soit par la faillite, la dévaluation
ou l’utilisation de l’épargne des français avec un protectionnisme ciblé, tous les mini-ajustements ne feront
rien de solide et risquent seulement d’ébranler un peu plus notre « santé »
économique. Ces interventions d’urgence et risquées ne sont plus que les seules
qui peuvent stopper notre lente décrépitude.
Si nous hésitons encore il faudra
se résoudre à changer nos mentalités, notre niveau de vie, notre protection
sociale et le gouvernement à tailler des coupes sombres dans les dépenses les
moins indispensables ou les moins productives… ce qui est loin d’être dans les
têtes des élus actuels.
La croissance à 6%, ou même à 3%, ne reviendra pas avant
longtemps. Les 120 milliards prévus par l’UE, dont il ne va rester que 35
milliards nouveaux réellement injectés dans l’économie européenne à condition
encore qu’ils arrivent dans des dépenses réellement utiles à la croissance, ne
sont qu’une goutte d’eau par rapport à ce qu’on fait américains et japonais
sans succès.
C’est à une révolution des mentalités que la France devra son
salut. Ne plus s’agenouiller devant les dictats de Bruxelles et du FMI, retrouver une monnaie flexible, dépenser
moins, importer moins, taxer le superflu et les produits importés trop
concurrentiels, reconstruire une administration plus efficace et moins dispendieuse,
faire la chasse au gaspillage dans les domaines cruciaux de la défense, de la
santé, de l’éducation, de l’immigration en particulier illégale, sont les passages
obligés pour se libérer du poids de la dépense publique et du déficit du
commerce extérieur.
Le changement de mentalité, que nos anciens ont connu après
la deuxième guerre mondiale, est indispensable. « Un sou est un sou » disait Georges Besse, un grand
patron trop tôt assassiné. Chacun doit être conscient que le redressement du pays
passe avant tout et que chacun y a sa part de devoir. Il faut redonner le goût
du travail, encourager celui d’entreprendre et d’investir par l’allègement des
charges et des contraintes, mettre la flexibilité au cœur du management des
entreprises et de l’État. Ce sont les clés pour pouvoir fournir au tissu
économique les moyens de fabriquer chez nous les produits indispensables, de reconquérir
notre savoir-faire, de revaloriser les salaires au rythme de l’augmentation
de la valeur ajoutée et de redonner aux jeunes un but, du travail et de l'espoir.
La France est en
décrépitude depuis trente ans
Par la seule faute de
ses gouvernants.
Seule la volonté et la
discipline du peuple peut l’en sortir
A condition que ses
dirigeants en prennent conscience.
Claude Trouvé
Coordonnateur du MPF du Languedoc-Roussillon