Le plan de licenciement de PSA a donné naissance à un nouveau
plan d’aide à l’industrie automobile et à une attaque en règle du ministre du
Redressement Productif contre la mauvaise gestion de ce groupe privé. Ceci a eu pour
premier effet de vexer la famille propriétaire, le directeur et, cerise sur le
gâteau, de faire chuter un peu plus l’action en Bourse de Peugeot, en doublant
sa vitesse de dépréciation.
Il est étrange que ce ministre, qui s’était proclamé le
chantre de la « démondialisation » en tant que candidat à la primaire
socialiste, considère que cette industrie ne peut invoquer le coût du travail en
France pour expliquer une partie de ses difficultés ou tout au moins n’y
accorde que peu d’importance. PSA avait été félicité pour avoir moins délocalisé
que Renault et encouragé à continuer par le précédent gouvernement mais avec l’appui
de l’opposition sur ce point. S’il y a faute, elle est au moins partagée !
Mais le plus grave est l’entêtement que mettent nos
dirigeants à pratiquer l’interventionnisme dans un libéralisme mondialisé de
libre-échange sans contrainte, par ailleurs soutenu et promu par la politique
européenne. Il y a là une contradiction fondamentale. L’interventionnisme du
gouvernement précédent sur l’industrie automobile n’a pas rendu une vraie santé
à cette industrie qui est touchée par le ralentissement économique mondial, par
une baisse du marché intérieur dû à la restriction du crédit et au
ralentissement actuel de la demande en raison de cet interventionnisme
lui-même.
On a injecté de l’argent pour retarder l’échéance. Par
ailleurs ceci fausse les réflexions du management de l’entreprise aidée qui n’assume
plus pleinement la situation et ne prend donc pas forcément les décisions
courageuses qui s’imposent. De plus l’orientation du choix de dépenses sur le
particulier n’est pas forcément bonne pour l’économie en général. Au lieu d’acheter
une voiture par effet d’aubaine, n’aurait-il pas été mieux pour monsieur Untel de
soutenir les entreprises du bâtiment en faisant des travaux d’amélioration de
son habitat ?
La demande a été forcée et ne correspondait plus à son
évolution naturelle et a eu pour effet de déséquilibrer l’économie dans d’autres
secteurs par des interventions importantes, imprévisibles et d’autant plus brutales.
Le plan de soutien à l’industrie automobile en mettant l’accent sur la
propulsion électrique veut encore influer sur la demande et nous pousse donc à acheter une voiture électrique, même si elle ne correspond pas à nos
goûts ou nos besoins, mais nous force de toutes façons à payer par nos taxes et impôts les subventions
nécessaires à ce soutien.
D’autre part le marché actuel est très restreint, de l’ordre
de 1%, sur la voiture électrique et les subventions vont aller pour partie sur des
constructeurs qui ne sont pas forcément français implantés en France et pas sur
des constructeurs français réalisant la chaîne finale de montage à l’étranger.
Une partie du soutien se noie donc dans le libéralisme mondial alors qu’en plus
le gain sur l’emploi est sujet à interrogation. En effet les constituants d’une voiture
peuvent venir de tous les pays du monde. Est-ce plus profitable pour l’emploi d’aider
une société étrangère réalisant la sortie d’usine sur notre territoire à partir
de constituants provenant de l’étranger ou une usine française réalisant cette
même sortie d’usine sur un territoire étranger à partir de constituants faits
en France ?
La réponse est impossible sans une étude au cas par cas. On
voit bien que dans le contexte du libéralisme, ces interventions sont plus
pénalisantes que bénéfiques et sont en plus une entorse au principe de
libre-concurrence que l’État n’a pas remis en cause. Bruxelles pourrait d’ailleurs
avoir son mot à dire. Il ne semble pas que l’UE ait encore adoubé le plan
de « redressement » de la filière automobile concoctée par le même
ministre.
Enfin si l’État intervient sur le plan de licenciement prévu
par l’entreprise, il y a de fortes chances que ce plan soit moins valable et
donc que l’entreprise en bénéficie moins, ce qui se retournera contre les salariés.
Par contre l’État est responsable d’une solidarité nationale et il est normal
qu’il mette tout en œuvre pour que les salariés en détresse soient récupérés
dans les emplois non pourvus le plus rapidement possible. C’est tout le travail
d’adéquation entre l’offre et la demande par des opérations de formation et de
reclassement ainsi que de soutien financier temporaire, or il y a encore
beaucoup d’emplois non pourvus malgré le chômage actuel. On fait même venir des
travailleurs de l’étranger !
L’État est aussi responsable des taxes et impôts qui frappent
les sociétés. Ceux-ci ont un impact sur les coûts de production et le pouvoir d’achat
des consommateurs. Quand il est en déficit par mauvaise gestion, il a la
mauvaise habitude d’augmenter la pression fiscale… les industries en sont-elles
responsables ? Si notre commerce international est tant en déficit, n’y
a-t-il pas une faute de l’État ?
Vouloir nier qu’une entreprise peut traverser une période
difficile et même en mourir, c’est ne rien comprendre au monde commercial,
artisanal et industriel. Quand le charbon s’est révélé trop cher à extraire
dans les bassins miniers français, alors qu’il est de plus en plus extrait en
Chine actuellement, aucun plan de soutien n’aurait empêché leur mort. Le mieux
était de le prévoir le plus tôt possible et d’envisager toutes les solutions
pour une reconversion dans d’autres métiers et des aides à la retraite.
L’interventionnisme fait
dans l’urgence,
N’est qu’une dépense
aux effets pervers
Et c’est prendre le
problème à l’envers
Car moins taxer a
meilleure influence.
Claude Trouvé
Coordonnateur MPG du Languedoc-Roussillon