Le paysan d’autrefois n’avait pas de PAC, pas d’aide
sécheresse ni d’intempéries de toutes sortes et il savait qu’il y avait des
bonnes et des mauvaises années. Le paysan d’autrefois ne prenait pas de risques.
Il n’imaginait pas qu’en cas de problème, l’Etat serait là. Le paysan d’autrefois
faisait ce que nos HEC connaissent sous le nom d’autofinancement. Il n’investissait
pas plus que sa tirelire lui permettait.
Les temps ont changé. On a inventé le crédit comme une
nécessité dans le management moderne ou dans le budget familial. On a baissé
les taux d’emprunt pour promouvoir l’endettement. On a découplé la monnaie de l’or
qui lui correspondait. On a inondé la planète d’argent factice pour relancer la
croissance. On a mis dans l’esprit des consommateurs que l’on pouvait tout avoir
tout-de-suite.
On court après la croissance pour pouvoir acheter toujours
plus. Nous courrons après notre ombre sans regarder les pièges du sol que nous
foulons. Le monde court à sa perte dans une folie consommatrice qui finit par
crever ses bulles en laissant des millions de gens dans le dénuement et en
détruisant des pans entiers de l’économie. Les Etats-Unis, dont la dette croît
toujours, ont été inondés d’argent factice et la croissance en demande toujours
plus pour se maintenir. L’Europe est aussi couverte de dettes et s’apprête à les
mutualiser comme si répartir la pauvreté avait plus d’importance que de faire
croître la richesse de l’ensemble.
Le seul dieu d’une société devenue essentiellement mercantile,
c’est la croissance. Il faut consommer, consommer toujours plus pour alimenter
la croissance. Se pose-t-on la question de savoir pourquoi les écarts se
creusent entre les nantis et les pauvres ? Se pose-t-on la question de
savoir pourquoi les pays s’endettent sans fin et les banques font faillite en Espagne,
en Grèce, en Italie et même en Belgo-France avec Dexia ?
Se pose-t-on la question de savoir si la globalisation ou la
mondialisation n’est pas en train de déstabiliser le monde ? Non c’est une
affirmation qui n’a plus besoin de démonstration. Il n’y a pas d’autre solution
et la messe est dite. La planche à billets est décrétée comme l’euphorisant
miracle et il est devenu admis que les pays ne rembourseront jamais leur dette.
Le bon sens paysan est devenu un empêcheur de vivre mieux. S’il y a des
milliards d’êtres humains qui sont dans le dénuement le plus complet c’est qu’ils
ne connaissent pas le dieu croissance.
La croissance ne se décrète pas mais on lui fait des
offrandes financières pour qu’elle daigne nous bénir. On ne se préoccupe
nullement du fait que la somme des croissances des pays du monde n’est
différente de zéro que par le progrès des technologies, l’innovation, la
recherche et l’amélioration de la gestion économique publique et privée. On a
inversé les causes et les effets. Le déficit public ne doit plus s’adapter à la
croissance mais c’est désormais la croissance qui doit s’adapter au déficit
public.
Angela vient de desserrer les cordons de sa bourse, sous les seules
menaces de départ de l’Espagne et de l’Italie. Le Bundestag risque de ne pas l’entendre
de cette oreille et la Constitution allemande va sourciller sur toute perte de
souveraineté lorsque le budget allemand va devoir être sous l’œil de Bruxelles.
François Hollande s’est rassuré en mutualisant la dette. L’avenir du PIB est
sombre, les diminutions du déficit public difficiles, les impôts et taxes
impopulaires, il faudra donc trouver de l’aide et s’assurer aujourd’hui que la
planche à billets est en état de fonctionnement.
L’apparente solidité de la France ne tient qu’à la confiance
des investisseurs et à leur désir de diversifier leurs investissements en
dehors de l’Allemagne, ce qui maintient encore assez bas nos taux d’emprunt. Mais on
vient de décider de laisser filer la dette de l’Europe comme les Etats-Unis, la
confiance des investisseurs peut quitter la France. La prochaine crise
financière ne saurait donc tarder et les 11.000 milliards de dollars de dette européenne
vont faire des petits en attendant.
Nos apprentis sorciers
roulent pour la gouvernance mondiale
Celle des puissances
financières qui n’ont que faire des peuples
Et du bon sens du
paysan d’autrefois !
Claude Trouvé
Coordonnateur du MPF du Languedoc-Roussillon