Pour la première fois de son histoire la France emprunte à
des taux négatifs, c’est-à-dire les investisseurs payent pour prêter de l’argent
à la France, comme à l’Allemagne, aux Pays-Bas, là a Finlande, à l’Autriche, au
Danemark et à la Suisse. Super me direz-vous ! Pas si sûr !
Cela prouve qu'en ces temps de turbulences financières, la
France fait figure de pays sûr. Toutefois il faut ajouter : « de pays
sûr relativement ». Dans ce contexte l’investisseur recherche la
sécurité. La France n’est pas encore en récession comme le prévoient la Grèce,
le Portugal, l’Espagne (-1,7%) et l’Italie (-2%). Elle compte sur 0,3% de
croissance et dit tenir ses engagements sur le déficit public à 4,5% du PIB en
2012 et à 3% en 2013. Il n’y a plus grand-chose à acheter dans les pays dits
sûrs, l’investisseur traditionnel surenchérit pour pouvoir placer son argent.
Mais attention tout ceci ne tient que sur les promesses du
gouvernement sur un avenir incertain. SI la récession prévue dans l’Europe du
Sud est accompagnée d’une augmentation des mesures d’austérité comme cela se
dessine en Espagne et en Italie, cela impactera directement les économies des
pays voisins. Globalement l’Europe de 2012 va moins bien que celle de 2011.
Dans l’autre sens en ramenant son taux de dépôts à zéro, la BCE a accéléré la baisse du rendement des actifs monétaires. Trois grands gestionnaires d'actifs, JPMorgan, Goldman Sachs et BlackRock ont annoncé qu'ils gelaient certains de leurs fonds monétaires européens. Ces mesures des Banques centrales, BCE et FED, montrent aussi les limites de l'intervention des banques centrales. « Des taux d'intérêt bas ou nuls contribuent à stabiliser l'économie dans les périodes de crise mais s'ils se prolongent, ils créent des distorsions, ils favorisent la formation de bulles et créent des risques pour les investisseurs à long terme » (les Echos), a ainsi souligné vendredi Christian Noyer, membre du conseil des gouverneurs de la BCE.
On nage en pleine approximation et cela tourne à la valse
hésitation. La globalisation financière n’a plus ni gouvernail ni cap. On note
par ailleurs que la Bourse repart à la baisse en France et aux Etats-Unis, que
les retards s’accumulent pour le sauvetage de l’euro, que l’Eurogroupe s’ouvre
sur un regain de tension autour de l’Espagne (ses taux d’emprunt repassent
au-dessus des 7%) avant que l’on reparle de l’Italie, que la reprise se fait
attendre aux Etats-Unis et que son chômage augmente. Dans tout cela la France résiste
à la pression fédéraliste de l’Allemagne, on n’est donc pas en vue d’une véritable
solution consensuelle.
La comparaison de nos coûts de main-d’œuvre avec les pays
européens montre que nous ne sommes pas « compétitifs ». Nous avons
de moins en moins à vendre mais nous sommes mieux lotis que le Portugal, l’Espagne,
l’Italie et la Grèce. L’Etat-Providence va payer pour ses 35 heures, sa protection
sociale et ses retraites basées sur de moins en moins d’actifs. C’est ainsi que
sa production industrielle baisse depuis 2000 alors qu’elle a augmenté en Allemagne.
La France est sur un volcan qui peut se réveiller d’un jour à
l’autre sous la pression des marchés. Sa parole est encore crédible car le
gouvernement maintient les objectifs prévus précédemment. En effet l’équation
qu’il a à résoudre risque de n’avoir pas de solution dans le domaine d’application
qui lui est imparti, c’est-à-dire dans le cadre de la monnaie unique. Dans un
pays de moins en moins industrialisé et de moins en moins compétitif, la
demande intérieure ne peut que diminuer quand on augmente la pression fiscale
et la demande extérieure reste bridée par un euro fort non manipulable. Il y a donc
fort à parier que les engagements ne pourront pas être tenus et le fragile
esquif peut rapidement chavirer.
Une hirondelle ne fait
pas le printemps
L’été sera chaud dans
les réunions européennes
Les feuilles d’augmentation
d’impôt tomberont en automne
L’hiver ne sera pas qu’un
fait divers.
Bonnes vacances
Claude Trouvé
Coordonnateur du MPF du Languedoc-Roussillon.