Posée ainsi la
question ne fournit qu’une réponse : l’État. C’est en effet lui qui doit
assurer la libre pratique des cultes et la sécurité des citoyens. Pourtant l’affaire
s’avère moins simple quand l’Etat ne joue pas son rôle. Le Midi Libre
stigmatise le Maire de Béziers pour son attitude sur cette question. Un article
de ce journal titre « Alors que chrétiens et musulmans ont partagé,
ce 24 décembre, un instant œcuménique en l'église de La Devèze, la Ville
de Béziers souffle sur les braises de la polémique, dénonçant une "Garde
musulmane" ayant assuré la protection du lieu de culte. » A l’initiative d’un imam d’une
mosquée de ce quartier, dit sensible, un certain nombre de musulmans ont
effectué la garde à l’entrée d’une église avec l’accord du responsable du culte
du lieu concerné. Cette affaire est soulevée par le Maire dans un contexte
particulier qui concerne la volonté du Maire de la création d’une « Garde Biterroise » composée
d'anciens policiers, militaires, pompiers, etc. Opposé à la mise sur pied de celle-ci,
le préfet de l'Hérault a déposé un référé devant le tribunal administratif de
Montpellier, attaquant ainsi la création de ce groupe de surveillance, validée
en conseil municipal le 15 décembre dernier. Cette affaire « de
clocher » est intéressante à plus d’un titre.
D’abord le Journal Midi Libre n’est pas ce que l’on
peut appeler un média supporter du maire Robert Ménard, qui s’illustre souvent
par des actes définis comme provocateurs. Si celui-ci connaît les clés de
fonctionnement des médias par son passé de journaliste et sait en user pour
faire passer des messages, il faut lui reconnaître d’être un leveur de
réflexions de fond totalement affranchies de la pensée unique. Reprenons donc l’analyse
du souffle du maire sur les « braises
de la polémique ». Qui est le provocateur dans cette affaire ? Le
maire ou l’imam ou même le prêtre de l'église Notre Dame de la Réconciliation ? D’abord si des musulmans jugent qu’ils
doivent intervenir c’est qu’il y a réellement un danger, or tout se sait dans
la communauté musulmane de ce quartier. Si elle le sait, il revient à l’imam d’en
informer le prêtre qui officie dans cette église, lequel doit normalement
demander protection auprès du maire, premier représentant de l’État. Dans ce
cas de danger potentiel connu, le prêtre ne semble pas avoir fait cette démarche.
Une espèce de marchandage s’est établi, la garde musulmane a été proposée et l’imam
a pu faire un petit discours dans l’église. Si aucun indice de danger n’était
pas connu, la démarche musulmane n’avait pas lieu d’être et le prêtre devait la
refuser. Ce genre de promiscuité dans la pratique des cultes n’est jamais saine
et ne peut se substituer à celle dans la vie civile sous le signe d’une
fraternité et d’une laïcité républicaines.
La provocation n’est pas du
côté du maire qui voit se mettre en place des pratiques sans son autorisation
et contraires à la bonne pratique des devoirs de l’État. Evidemment l’occasion
est belle pour lui de mettre en regard le refus d’une Garde Biterroise, qui
aurait pu répondre à la garde de cette cérémonie religieuse, et l’absence de
moyens de l’État pour faire face à toutes ses obligations. Le vieux dicton
populaire trouve ici une occasion de faire appel au bon sens : « Que chacun s’occupe de ses affaires et les
vaches seront bien gardées ». Une fois de plus j’entends et je lis le
concert de critiques sur l’attitude « peu conciliante » (pour éviter
de dire raciste) du maire. L’attitude « conciliante » est ce que les Belges appellent les « accommodements ». Ils se sont
réjouis un temps d’éviter ainsi les heurts entre les communautés. Je pense que
les médias nous ont largement informés sur l’état dans lequel se trouve la Belgique
et en particulier la région bruxelloise. Les zones de non-droit et les
candidats au djihadisme sont la réponse à cette attitude, attitude que nombre
de nos concitoyens croient devoir adopter au nom de tout un tas de principes de
solidarité, fraternité, droits de l’Homme, etc. Ils accusent les autres de
favoriser la discrimination sans se rendre compte que c’est eux qui l’alimentent
en laissant une population encore minoritaire imposer ses propres lois à une
population encore majoritaire.
Les incidents d’Ajaccio montrent que dans des
communes, des départements moins « conciliants »
que d’autres, les germes du « ras le
bol » dégénèrent en actes répréhensibles. Les corses n’ont majoritairement
jamais voulu d’une communauté musulmane puisqu’ils ont déjà du mal à accepter
les métropolitains continentaux. L’État l'a imposée. On ne fait pas boire un
âne qui n’a pas soif. L’occasion d’une provocation sur des pompiers et
policiers dégénère en un saccage… d’un lieu de culte musulman. Ceci est dans la
suite logique des élections régionales où la spécificité corse de rejet de l’étranger
s’est exprimée. Si la démocratie a encore un sens, l’État se doit d’en tenir
compte. Maintenir le statu quo ne peut que déboucher sur une répétition d’incidents
de plus en plus nombreux et de plus en plus violents.
Loin de moi l’idée de militer
pour l’autonomie des corses, mais celle-ci pose un problème à la République
Française une et indivisible. Vouloir à terme son autonomie, c’est sortir de la
République, c’est la création d’un État Corse qui aura ses lois et traitera le
problème de la communauté musulmane comme il l’entend. En Corse comme à
Béziers, l’État doit être clair et assurer ses devoirs régaliens. Il n’y a pas
de demi-mesures. S’il n’a pas les moyens, il doit en informer le peuple qui par
voie référendaire ou parlementaire décidera de la façon de faire face par d’autres
moyens.
L’attitude, qui consiste à se culpabiliser et à tout
accepter
Comme une lente gangrène qu’on refuse de voir,
Finira lentement par nous déchiqueter.
Elle est proprement suicidaire.
Seul le courage manque !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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