“La France est
une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure
l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de
race ou de religion.” Article 1 de la Constitution du 4 octobre 1958
publié par le Décret n°2008-1275 du 5 décembre 2008. Cet article va devoir être
modifié dans la révision de la Constitution. On en voit pas comment on peut
imaginer un traitement des binationaux ayant acquis la double nationalité par
le droit de sol, différent des citoyens nationaux régis par le même droit. La
déclaration solennelle du Président Hollande devant le Congrès annonçant la
proposition de modification de la Constitution pour les binationaux, auteurs d’actes
graves de terrorisme, contenait une déchéance de la nationalité française pour
ces actes sur cette catégorie de citoyens. La déclaration postérieure de la
Ministre de la Justice, devant la radio officielle algérienne, annonçait un
retrait argumenté de cette disposition dans le projet de loi… Sur un sujet
aussi sensible, on constate une cacophonie grave dans le gouvernement. Devant
un désaccord public de cete importance, Mme Taubira, Ministre d’État
directement concernée, doit soit donner sa démission soit être démissionnée par
le Président.
En s’attaquant à
la nature même de la République, cette décision entraîne une rupture avec
le principe de l'égalité de droit puisqu’elle va introduire dans la Constitution
un principe d’inégalité ! C’est un sujet fondamental que doit trancher le
Conseil Constitutionnel. On en voit pas comment il pourrait approuver cette
disposition sur le fond. Alors, comme toujours avec François Hollande, il faut
se demander pourquoi celui-ci se lance en urgence sur une disposition qui est
particulièrement clivante dans les différents partis. Rien ne justifie par
ailleurs une telle précipitation aux yeux du peuple et de ses représentants. Pourtant
François Hollande n’a sûrement pas déclenché une bagarre politique sans y voir
son intérêt, celui de préparer son investiture pour les prochaines
présidentielles. Tout est calibré dans des interventions de ce type.
Alors regardons
les choses de plus près. Il est remonté dans les sondages grâce aux attentats
et la bonne gestion qu’il en a faite… sous réserve qu’il ait été auparavant parfaitement
ignorant de ce qui s’est passé. Bien des incohérences et des heureux hasards
émaillent cette dramatique journée du 13 novembre. Nous ne vivrons peut-être
jamais assez vieux pour connaître la vérité, passons. Le constat de la
sensibilité des français à l’autorité du Président dans les cas graves, guerres
y compris, tracent donc le chemin de la popularité à retrouver pour celui-ci.
70% des français plébiscite la guerre en Syrie et en Irak et le Président a
connu le plus beau jour de sa vie avec les manifestations de joie au Mali. Il n’est
pas sûr qu’aujourd’hui se soit si spontané là-bas. Donc la proposition de loi
de durcissement des peines ne peut qu’aller dans le bon sens et la bi-nationalité
est souvent mal vue chez nombre de citoyens. Par ailleurs le Président qu’il ne
peut espérer un accord du Conseil Constitutionnel sur cette disposition. La
proposition sera donc finalement abandonnée pour anti-constitutionalité. Le
retrait ne retombera pas sur lui mais il aura montré combien il est prêt à être
de la plus grande fermeté.
Mais dans le cas
improbable où le Conseil Constitutionnel l’approuverait ainsi que l’Assemblée
Nationale, il aurait coupé l’herbe sous le pied de la droite dont il faut
absolument qu’il se débarrasse au 1er tour des présidentielles pour
faire jouer l’arc républicain au 2ème tour contre Marine Le Pen. Il
pourrait bien y avoir en plus un calcul pour faire un premier accroc au droit
du sol. De nombreux pays, en Europe centrale et orientale, en Afrique du Nord
(spécialement en Tunisie) et en Asie ne reconnaissent que le droit du sang, règle de droit accordant
aux enfants la nationalité de leurs parents comme le Droit Romain initial. Si
le droit du sol était commode pour des pays d’immigration comme les États-Unis,
il pose un véritable problème pour les pays qui refuse une immigration massive.
On comprend pourquoi les pays d’Europe centrale sont plus à l’aise pour justifier
la fermeture de leurs frontières. François Hollande verrait sans doute d’un bon
œil la remise en cause du droit du sol, qui permettrait mieux de résoudre le
problème migratoire. Il sait que ceci ne peut être envisagé qu’après des pas
discrets et une longue campagne de communication. Piètre gestionnaire mais fin
politique, François Hollande sait tirer le meilleur parti de la frayeur du peuple
et profiter des moments favorables pour lui faire accepter ce qu’il n’aurait
jamais accepté sans cela.
Il n’y a jamais de fumée sans feu et les
incohérences trompeuses
Font souvent partie des stratagèmes politiques
Qui font mouche s’ils sont bien montés !
Claude Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire