Le peuple a parlé, pris entre la peur du lendemain et l’envie
de changement. La peur du lendemain a empêché le premier parti de France d’enlever
une région. C’est-dire combien la démocratie est malade de ses combines électorales.
C’est sans nul doute la dernière fois que le FN n’obtient qu’une représentation
misérable aux Assemblées et aucune présidence régionale et départementale. La
vague du changement est portée par la jeunesse qui ne veut plus des apparatchiks
qui monopolisent le pouvoir fait de social-libéralisme ou du libéro-socialisme,
tout cela fondu dans une globalisation mondiale qui lèche les bottes des
puissances de l’argent dans la finance, l’économie et les banques. Les jeunes
voient bien que le chômage les touche et qu’on leur fait l’aumône des contrats
aidés pour ne pas les désespérer. Mais le paysage politique s’est éclairci, le
clivage gauche-droite vit ses dernières heures, les masques tombent.
Le
tripartisme n’existe déjà plus. Il vient de céder la place au bipartisme, le
devenir sain d’une démocratie. Il y a désormais le clan du Système, celui qui s’est
soumis à la globalisation imposée par les grands banquiers américains, la City
et Bruxelles en dépouillant l’État de ses pouvoirs, et le clan de l’Antisystème,
celui qui croit que la France a sa place dans le monde, libre et indépendante,
dans une Europe des nations, lieu d’équilibre entre l’Est asiatique et l’Ouest outre-Atlantique.
Les deux partis du Système ne survivent qu’en jetant leurs dernières cartes
dans des alliances de circonstance qui mettent au grand jour leur connivence
dans la politique de notre pays par le simple jeu de l’alternance. Il n'y a que d'entendre hier soir l'appel du pied de Cambadélis. La peur les étreint. Le PS recule
à chaque élection devant la médiocrité de ses résultats dans l’exercice du
pouvoir. Il entraîne de plus le pays dans une guerre globale à l’extérieur qui
génère un terrorisme de l’intérieur. Il se satisfait d’avoir évité la Bérézina
mais, sans alliance, deux autres régions lui auraient échappé. LR ne franchit
la barre des 50% que dans deux régions où le PS s’est retiré et il ne
ponctionne rien sur le FN sauf peut-être en Ile-de-France. Il ne profite pas de
la baisse de popularité du Président Hollande car il ne présente aucune
alternative nouvelle. C’est un semi-échec, l'alliance LR-UDI-Modem ne peut plus gagner seule.
Contrairement aux apparences, les deux perdants ce sont
les deux anciens partis majoritaires. Le perdant c’est donc le camp du Système
qui voit sa majorité fondre au soleil. La victoire d’Estrosi en
Provence-Alpes-Côte d’Azur mérite d’ailleurs une analyse car c’est la région où
la victoire n’aurait pas dû échapper au FN. En dehors de l’alliance qui a
renforcé le candidat LR, le plus à droite du LR, c’est l’attitude des petits
partis entre LR et FN sur l’échiquier politique qui a fait basculer la victoire
dans l’autre camp. On voit là l’illustration du « plafond de verre »
que l’on attribue aux scores du FN. Mis à part le MPF, qui n’avait pas de
candidat mais où son leader a, par son livre, ses conférences et ses
interviews, montré clairement qu’il fallait voter pour l’Antisystème, les
autres petits partis (DLR, UPR, etc.) n’ont cessé de renier toute alliance avec
le FN préférant voir triompher un tenant du Système. Cet égocentrisme, qui veut
ramener à lui seul l’électorat, a très probablement fait chuter Marion Maréchal
Le Pen. Le maintien d’une telle attitude force le FN à aller chercher des voix
dans l’abstentionnisme, dans la droite de LR ou dans les communautés ouvrières
et musulmanes. Le maintien d’une telle position, en particulier pour DLR ou
autres, risque de transformer leur électorat en électorat de transition avant
le grand saut vers le FN.
On peut aimer ou craindre l’arrivée en force du FN dans
le paysage français, mais on ne peut nier qu’elle va redonner de la vigueur au
fonctionnement de la démocratie. On ne pourra plus longtemps occulter le débat
sur l’euro, sur l’UE, sur Schengen, sur le choix du multiculturalisme, sur la
politique étrangère vassale des Etats-Unis, sur l’OTAN, voire sur la politique
énergétique et la formation des jeunes à la culture et à un métier. La crainte
de voir arriver un régime de Vichy, voire pire de fascisme ou de nazisme, est
une marionnette fantomatique qu’agite ses détracteurs. Elle ne se produira pas
pour de multiples raisons même si l’histoire de ce parti peut y faire songer.
Le fait que son audience s’agrandit rapproche ce parti de la modération des
partis de gouvernement. Ensuite le peuple français n’est pas aux ordres des
partis comme l’est le peuple allemand en général. Enfin l’Antisystème va se
heurter à une formidable opposition du Système, doté d’une puissance financière,
médiatique, économique et de moyens énormes de pression multinationale. C’est l’inverse
qu’il faut craindre, c’est que ce parti n’ait le droit d’exister qu’en faisant
allégeance comme les autres pour atteindre ou garder le pouvoir. Alors il ne
pensera plus qu’au pouvoir et abandonnera le peuple… comme les autres. Regardez
ce qui se passe en Grèce.
C’est
au peuple de prendre conscience qu’il lui appartient
De voir
la mainmise des puissances de l’argent
Et de
faire son évolution pacifique
Pour
renier le Système
Qui le
tue !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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