La France s’enfonce dans un
terrorisme de longue durée et les dispositions législatives ne cessent de
renforcer la limitation des libertés et de s’introduire dans notre vie privée.
On va en profiter pour modifier les articles 16 et 36 de la Constitution,
passage vers les pleins pouvoirs de l’exécutif. Les forces de police et de
renseignement sont renforcées, l’Armée est mobilisée. La vie du pays est
fortement perturbée par un Etat de plus en plus inquisiteur et répressif. La
politique de rigueur est mise en attente pour une politique de sécurité
intérieure coûteuse. Le gouvernement dit tout faire pour éviter les attentats
tout en laissant entendre que la sécurité totale ne peut exister et en
distillant la peur d’une guerre chimique et biologique. Depuis un mois selon le
Ministère de l’Intérieur, 2.700 perquisitions ont été menées. Depuis le 13
novembre, 360 arrêtés d’assignation à résidence ont été signés par le Ministre
de l’Intérieur. Fait-il tout son possible ou bien gère-t-il une situation qu’il
crée lui-même ? L’état d’urgence est-il en mesure d’éviter réellement un
attentat sur des cibles aussi dispersées et aussi nombreuses sur l’ensemble du
territoire ?
A la dernière question, la
réponse est non. Il n’est que de se souvenir des actes de résistance durant la
dernière guerre mondiale alors que l’armée allemande occupait tout notre
territoire. Quel était le but ? Créer un climat d’inquiétude en créant des
attentats sur des cibles variées et le plus possible dispersées. Le résultat
était une mobilisation plus grande des allemands pour assurer la sécurité de
ses troupes stationnées partout et les éloigner du front. Les arrestations des
résistants n’ont pas fait cesser les attentats tant leur motivation était
grande. C’est donc la motivation qui est le principal moteur du terrorisme. En
l’occurrence c’est la haine des valeurs de l’occident qui ressurgit. Pourquoi ?
Parce que nous avons réveillé ce sentiment en allant le provoquer par la guerre
en terre musulmane. La cause est là, nous ne cessons de l’alimenter et nous ne
traitons que les effets. Faut-il continuer l’état d’urgence aggravé ? Des
attentats ont eu lieu aussi aux États-Unis au cours des quatorze années qui
séparent les événements terribles et à la fois improbables du 11 septembre et
le massacre du 2 décembre à San Bernardino, dont celui du marathon de Boston en
2013, mais le nombre de morts est loin d’atteindre les 400 personnes tuées par
la foudre. Ont-ils décrété l’état d’urgence contre la foudre ?
Regardons ce qui
s’est passé dans l’histoire récente des États-Unis. Le terrorisme djihadiste
n’est arrivé aux États-Unis qu’après que Washington ait formé et armé les
moudjahidines dans les années 1980 ; qu’après avoir mené une guerre délibérée
en Arabie et en Mésopotamie dans les années 1990 ; et qu’après avoir nourri par
la suite l’anarchie des États en déliquescence du Moyen-Orient. De fait, une
fois que les néoconservateurs ont pris totalement le pouvoir lors des élections
de 2000, Washington a fauché ces États, Afghanistan, Irak, Libye, Syrie,
Somalie, Yémen. À présent, tous ces États en déliquescence sont devenus un
terreau fertile pour le terrorisme, mais aucun d’entre eux n’avait fricoté avec
le terrorisme jusqu’à ce que les partisans du changement aient gain de cause
sur les différents régimes tyranniques et autoritaires qui auparavant régnaient
sur ces régions désolées. Il n’y a rien de
nouveau sous le soleil : l’État Islamique n’est pas en soi plus menaçant pour
les États-Unis que ne l’était Al-Qaida à l’apogée de sa gloire. S’il peut même
se déclarer comme un État, c’est uniquement grâce aux innombrables cadeaux que
lui ont fait Washington et ses alliés.
C’est donc bien
notre suivisme d’une politique du chaos, dirigée par les États-Unis sous de
faux prétextes, qui est la cause du terrorisme en France. Le fait est que le
terrorisme n’a pas soudainement surgi des enseignements d’une religion vieille
de 1.300 ans. C’est même l’ensemble de nos actions militaires qui est à l’origine
de ces actes de violence des musulmans fanatiques. Notre politique étrangère
est un fiasco en particulier dans notre acharnement à vouloir la disparition de
Bachar Al-Assad, et nos aides apportées aux rebelles et à Al-Nosra, autre nom d’Al-Qaïda.
Ce faisant, nous sommes devenus la cible numéro un et nous nous sommes privés
de l’aide des services de renseignement syriens qui auraient pu nous aider à
éviter des attentats. Notre position dans le conflit syrien est une erreur
stratégique majeure qui fait prendre des risques inutiles au peuple français.
Depuis quatre ans les Etats-Unis mènent une guerre au Moyen-Orient en y impliquant
leurs alliés après avoir créé Daesh et lui avoir donné les moyens de nuire aux
pouvoirs en place à Bagdad et à Damas.
La Syrie, avec l’aide
de la Russie, du Hezbollah et de l’Iran, est en train de réduire la résistance
des groupes rebelles, dont Al-Nosra, et a regagné des territoires en quelques
semaines. La Turquie est priée de fermer ses frontières et sa situation
intérieure dégénère. Son double-jeu devient contre-productif. Malheureusement l’UE,
particulièrement l’Allemagne, lui tend les bras. Il en est de même avec l’Arabie
Saoudite. La coalition essaie de sauver les meubles et l’EI, qui commence à
sentir la défaite, s’est préparé à se transférer sur la Libye et l’Afghanistan.
Mais pour nous le mal est fait. La France est dans le collimateur et sur ce
point il ne faut rien attendre des Etats-Unis pour qui une France affaiblie est
une chance supplémentaire de manipulation.
L’état d’urgence nous maintient sur le pied de
guerre au sein de l’OTAN pour l’objectif d’affaiblissement de la Russie. Un
conflit plus général est possible. La Russie montre qu’elle ne se laissera pas
faire et ne tolèrera plus qu’un de ses avions soit abattu sans réagir cette
fois. La concentration d’armes et de troupes ne cesse d’augmenter de part et d’autre.
L’état d’urgence aggravé ne nous protège pas. Il transforme petit à petit notre
pays en État policier et prépare les esprits à la guerre alors que tout devrait
être fait pour la faire cesser. La Russie nous a tendu la main et la guerre
doit laisser la place le plus vite possible à la diplomatie. Si tu veux la
paix, prépare la guerre est ma devise d’officier d’État-major. Mais nous ne
voulons pas la paix, alors nous entretenons la guerre.
C’est l’état d’urgence de paix qui devrait prévaloir.
Nos politiques prennent le chemin inverse
Et créent ce sentiment dans un peuple
Qui ne sait plus ce qu’est la guerre
… Le massacre des innocents !
Claude Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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