L’Europe est en voie d’implosion, elle n’a plus de
projet politique, elle est menacée par un terrorisme sunnite invasif, et une immigration de peuplement, mais elle semble bien décidée
à continuer sagement son suicide en provoquant dangereusement la
Russie. Elle se trouve engluée dans une montée de tensions entre les Etats-Unis et le couple russo-chinois. De toute évidence
l’encerclement de la Russie et de la Chine est en cours. L’Ukraine, sous
gestion américaine, se voit ouvrir les frontières de l’UE, laquelle reconduit
et aggrave les sanctions contre la Russie. La France approuve plutôt deux fois
qu’une et se permet même de ne pas honorer son contrat de livraison des
Mistral, camouflet particulièrement insultant envers un grand pays comme la
Russie. On se souvient de
plus que ces
sanctions ont appelé un embargo sur la viande européenne en Russie… qui a
torpillé la filière porcine en France. Au Moyen-Orient, la France s’est
distinguée comme la nation la plus offensive envers la Syrie dont elle connait
les liens avec la Russie. Hier encore Laurent Fabius donnait son aval à une offensive
de la paix pour la Syrie, tout en réaffirmant qu’elle est conditionnée au
départ de Bachar Al-Assad.
Le double jeu est le fleuron de la politique étrangère française, dans le
droit fil de celle des USA, puisque François Hollande proposait une grande
coalition avec la Russie. Bloqué par Obama, qui se faisait complice d’Erdogan
pour abattre un avion russe (avec un avion radar US), il se retrouve seul
devant Poutine pour faire ami-ami contre les terroristes. Le Russe maintient
son offre de réunion des coalitions, alors que Hollande réaffirme une position
intransigeante sur l’élimination de Bachar Al-Assad et envoie ses avions
frapper en Syrie sans autorisation de son président. La souplesse actuelle de
la politique étrangère russe nous enferre dans un double jeu qui finira mal. On
ne peut se coller aux USA en participant à des grandes manœuvres aériennes aux États-Unis, réunissant les meilleurs avions américains, anglais, français, sous
le prétexte d’attaques aériennes sur Daesh quand ces derniers n’ont pas de
force aérienne. Pour Poutine c’est un message agressif, signifiant que l’on est
prêt à en découdre avec les avions russes. Nous nous déconsidérons chaque fois
un peu plus aux yeux de Poutine qui n’est pas dupe de nos manœuvres.
L’Europe ne se contente
pas de fâcher les Russes. Elle tend la main à Erdogan le scélérat, qui
emprisonne des journalistes à tour de bras, protège de façon plus ou moins
ouverte l’Etat Islamique au Levant et profite du pétrole volé par l’EI. Après
avoir habilement utilisé la bombe humaine des migrations venues de Syrie,
Erdogan obtient ce qu’il voulait de longue date: la reprise des négociations
d’adhésion et le passage sans visa dans l’UE. L’Union vient d’ouvrir les
négociations sur le chapitre 17, c’est-à-dire sur la politique économique et
monétaire. Elle a de plus promis d’aider à hauteur de trois milliards d’euros
le gouvernement turc afin d’améliorer l’accueil des réfugiés syriens et
irakiens sur le sol turc, renforcer les patrouilles en mer Egée et rapatrier
les migrants économiques illégaux. Il s’agit de renforcer la ligne de front
face à la Russie en intégrant l’Ukraine et la Turquie. La Géorgie est dans l’œil
de l’UE et des USA.
Mais notre
appartenance à l’OTAN et notre suivisme des USA nous met dans une position d’adversaire
aux russes puisque nous soutenons Al Nosra en Syrie que bombarde leurs avions.
La visite de Hollande à Poutine apparaît comme celle d’un dirigeant peu fiable
et donc sans poids réel pour obtenir un recul de la Russie dans sa position sur
le Moyen-Orient. Le fait que du pétrole de l’EI arrive sur notre côte méditerranéenne
signe notre duplicité. L’affaiblissement de Daesh passe en effet d’abord par l’arrêt
de ses ventes de pétrole. Sans argent, pas d’armes et de combattants. Les
russes l’ont bien compris et ont détruit des convois de camions citernes alors
que depuis quatre ans, la coalition les épargnait pour… ne pas tuer des civils !
On nous prend vraiment pour des benêts !
Mais les Etats-Unis agissent aussi sur le plan économique pour refermer
la tenaille sur le couple russo-chinois. Toute la pression sera mise sur l’UE
pour que le traité TAFTA/TIPP de libre-échange transatlantique soit signé. Il
viendra se fondre à terme avec le traité transpacifique TPP qui entoure la
Chine de pays comme le Japon, le Vietnam, la Malaisie, etc. La ceinture
économique sera serrée au plus près du couple russo-chinois. Les agacements de
la Chine se poursuivent avec une incursion d’un bombardier américain au-dessus
des îles contestées en mer de Chine. Cela fait partie d’une stratégie de démonstration
de force des forces américaines pour la Chine mais aussi pour les nouveaux
partenaires économiques de l’alliance pacifique.
Il reste un continent qui ne peut échapper à l’hégémonie américaine, l’Afrique.
Les USA incitent la France à intervenir le plus possible avec ses forces
armées. Comme celles-ci sont au bord de l’implosion, des soldats US
apparaissent comme en Centre-Afrique. L’Afrique est devenue en effet une terre
d’investissement chinois, en particulier dans les infrastructures. Le pétrole
et les ressources minières sont dans le collimateur de la Chine. Il importe
donc de rendre ce continent ingérable pour pouvoir y maintenir des gouvernants
de paille. L’EI et Boko-Haram sont les acteurs de choix pour le chaos
indispensable. L’EI s’implante en Libye et alimente le terrorisme en argent et
en armes. Il ne faut pas s’étonner que Boko-Haram intensifie son action sur le
Nigéria, le pays le plus riche, grâce au pétrole, et le plus peuplé (47 tués le
10 novembre).
Le souhait de
Poutine de créer un monde multipolaire se traduit encore par une lutte de bloc
contre bloc. Les USA sont en perte de vitesse et le temps presse pour eux.
Russes et Chinois ont le temps pour eux. Ils raisonnent sur les gains futurs,
la coalition occidentale pense au court terme. La France ne peut rien attendre
de bon de la stratégie actuelle, bien au contraire. Elle ne fait que renforcer
la haine contre elle dans un néo-colonialisme qui s’octroie un droit d’ingérence
sous prétexte que les USA le font. L’UE récupère les migrants qui vont se
répandre partout, la France subit les attentats, dépense son argent, expose ses
soldats et ne fait qu’attiser les conflits en s’opposant à la Russie. Elle
détériore son pouvoir de médiateur entre l’Est et l’Ouest en privilégiant une
vassalité qui va l’exposer au risque d’un conflit mondial mortel pour elle. Les
français, qui plébiscitent la guerre en Syrie et ailleurs, risquent
malheureusement de pleurer bientôt une paix chèrement gagnée par les
précédentes générations… Les milliers d’enfants et de femmes, qui errent sur
les routes, croupissent dans des camps et meurent sous les bombes, ne sont pas
encore les leurs… Miser sur la retenue d’un Poutine, après la destruction
provocatrice d’un de ses avions, pour continuer les manœuvres d’affrontement, est
un pari risqué ou alors c’est que l’on veut vraiment la guerre.
Les faucons de l’alliance
mésestiment la force morale et militaire
Des ennemis qu’ils
se sont choisis sans l’accord des peuples.
Les provocations
ont pour limite celle de l’humiliation,
Celle que ne
peut accepter un peuple fier
De son histoire
et de sa place
Dans l’histoire
du monde !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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