Une croissance susceptible de faire baisser le chômage n’est
toujours pas au rendez-vous et rien ne dit qu’elle sera là en 2016 alors que
Bruxelles accentue sa pression sur les déficits budgétaires annoncés jusqu’en
2017. Nous passons en zone 4 de surveillance par la Commission européenne, la
zone 5 c’est la Grèce. François Hollande doit trouver autre chose que l’abaissement
du chômage pour se rétablir en position de candidat à la prochaine présidentielle.
Pour ressouder les verts à la majorité et redorer sans risque son blason, rien
de tel que l’écologie déclamée au niveau mondial. La Conférence mondiale sur le
climat à la fin de l’année doit être soigneusement donc médiatiquement préparée
avec Nicolas Hulot, Marion Cotillard et… un voyage aux Philippines.
Permettez-moi
de dire que ce voyage est honteux et cela pour plusieurs raisons dont celle de
mensonge scientifique et d’utilisation d’un pays à des fins personnelles qui n’ont
rien à voir avec le sauvetage de l’humanité. J’ai plusieurs fois attiré l’attention
sur le fonctionnement du Giec, organisme sous la tutelle de l’ONU, dont les
travaux des spécialistes en climatologie
publiés sous forme de rapports, sont condensés par des rapporteurs et envoyés
aux Etats. Les travaux scientifiques toujours assortis de propos de précaution
se transforment alors en certitudes transmises aux Etats, du type « pas de pause dans la hausse des températures ».
C’est ainsi que des évolutions climatiques futures basées sur des hypothèses
non encore vérifiées deviennent des certitudes en particulier toutes celles qui
permettent de jouer à loisir sur les catastrophismes ! Ce procédé est d’ailleurs
largement utilisé pour discréditer l’énergie nucléaire.
La
climatologie est une science jeune où le doute doit être la première démarche
scientifique. C’est ce que nous dit un article retentissant publié par un groupe
de chercheurs en biologie marine. Leur article, publié dans la revue BioScience,
a fait l'objet d'un rapport dans la revue Nature le 1er février 2015 avec ce titre : Hyperbole,
exagérations, extrapolations hasardeuses, ça suffit ! Revenons à la science,
soyons sceptiques !
Les paramètres pouvant influer sur le climat sont nombreux. Nous ne
sommes pas sûrs d’en avoir une liste exhaustive. De plus le degré de leurs influences
respectives ne peut encore être corroboré par la confrontation réussie des modèles
mathématiques de prévision avec la réalité ensuite observée. On s’ingénie
encore à trouver des explications à ces divergences. Par exemple depuis 17 ans
les prévisions mathématiques sur l’évolution de la température du globe sont
pour le moins très surestimées voire erronées, alors on avance des raisons dont
on promet de tenir compte… la prochaine fois dans les modèles.
En
ce qui concerne les catastrophes naturelles dans son dernier rapport GIEC-SREX
(2012) (NdT : Un rapport du GIEC spécialement dédié aux événements
météorologiques extrêmes) le Giec a clairement dit : « L'absence de tendance de l'impact normalisé
des désastres apparaît très cohérent avec l'absence de tendance observée dans
les événements climatiques extrêmes. » Autrement dit il ne peut
détecter aucune variation notable sur l’évolution du nombre de catastrophes,
pas plus que sur le nombre de victimes et sur les conséquences économiques.
Ceci est d’ailleurs conforme aux publications d’autres équipes de chercheurs. Dans
un article de Nature publié cette année, une équipe de chercheurs écrit
explicitement :
« On en fait trop avec les
"calamités" océaniques ». Dans un article de Duarte (Winthrop Professeur à l'Université de Western
Australia ) et de ses sept collègues, http://bioscience.oxfordjournals.org/content/early/2014/12/24/biosci.biu198.full.pdf+html
publié le 21 décembre 2014, il est clairement dit que « Un certain nombre de distorsions, internes
ou externes à la communauté scientifique, contribue à accréditer la perception
de calamités océaniques et ceci en l’absence de preuves solides ».
Notre Président se sert donc d’une argumentation
pseudo-scientifique pour surfer sur ces catastrophes aux Philippines. Il fait
communiquer par l’Agence Reuters ceci : « Le président français a entamé une visite dans l'archipel durement
touché par des tempêtes, tsunamis et déplacements de populations liés au
réchauffement de la planète ». C’est une affirmation honteuse car
non seulement ce pays a toujours été le siège de ces évènements naturels, mais
les scientifiques savent que ce n’est pas le réchauffement climatique qui en
est la cause mais les heurts entre les plaques tectoniques à cet endroit. Notre
Président ne s’arrête pas à ces constats et surfe allègrement sur la misère des
populations touchées. « Les
dérèglements climatiques peuvent être une souffrance, vous les connaissez »,
a-t’il expliqué aux ressortissants de ce pays durement frappé par des
catastrophes naturelles, comme le typhon Haiyan en 2013, qui a fait plus
de 7 000 morts. « Mais
vous avez su saisir le drame qui vous a frappés pour en faire une
opportunité de croissance ».
Arriver à parler de croissance
à partir d’évènements dramatiques est non seulement décalé, abusif mais proprement
honteux. Souhaiterait-il que nous ayons une catastrophe de ce type pour
retrouver la croissance ? Les tsunamis dans cette région du globe n’ont
rien à voir avec le réchauffement climatique. Les tempêtes, comme le terrible
typhon Haiyan, font partie des conditions climatiques habituelles du Pacifique
ouest. Le typhon Tip, en 1979, fut plus grand et plus violent que Haiyan. Les
déplacements récents de populations ont été décidés lors d’éruptions
volcaniques ou de typhons. Evoquer abusivement le réchauffement climatique,
cause des catastrophes, et choisir en otage un pays qui doit faire face plus
que d’autres aux dures lois de la nature est scandaleux. Les écologistes
amoureux béats de la nature oublient que la nature a toujours été hostile à l’homme
qui n’a cessé de se défendre contre elle.
Il
manque aux politiques ce qui fait la grandeur de la recherche :
L’humilité
et le doute devant la complexité du monde
De l’infiniment
petit à l’infiniment grand,
Mais
aussi l’horreur du mensonge !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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