L’histoire
s’accélère en France et en Europe. Le grand espoir brandi lors du vote du
traité de Maastricht a fait long feu et les lampions de la fête de la monnaie
unique en 2000-2002 sont éteints. L’Europe sociale se consume dans le chacun
pour soi d’un nationalisme renaissant. L’Europe économique s’essouffle dans le
concert de la mondialisation dans lequel ne s’enrichissent que la finance et
les grandes puissances du business qui définissent les règles d’un Nouvel Ordre
Mondial à leur profit. Le monde des banquiers et de la technocratie ont mis la
démocratie sous l’éteignoir et à leur service. L’Europe des marchands et des
usuriers a mis les peuples en servage.
L’Union
Européenne en voulant grossir sans cesse et sans avoir le temps de digérer, est
en train de s’en étrangler. Sa bedaine est prête à éclater et l’euro est sous
purgatif en permanence. L’Empire européen, nain politique et militaire, n’a
même plus la consistance militaire et administrative de l’Empire romain et on
sait ce qu’il en est advenu. Les barbares sont à nos portes au Moyen-Orient et
leur cheval de Troie est dans nos murs. Le traité transatlantique de
libre-échange, le TAFTA, que l’on doit négocier en catimini et destiné à
compléter l’OTAN, projette en pleine lumière le devenir de l’Europe, celui des
banques et des puissants. Pour ces derniers les peuples ne sont qu’un
instrument de leur soif d’argent et de pouvoir, lequel commence à dépasser les
Etats qui leur sont redevables d’exister dans un océan de dettes.
Mais
le monde offre encore une grosse part à phagocyter par l’hégémonie américaine
avant de pouvoir éteindre toute velléité de rébellion. Cette partie du monde a
vu les Etats-Unis arriver avec leurs canons et leurs missiles poussant devant
eux une Europe aux ordres. Cette partie du monde a compris que c’est par
l’argent que l’on devient maître du monde car celui-ci permet la suprématie
militaire. Le dollar est le nerf de la puissance américaine. Il est désormais
en danger. Les Etats-Unis savent que leur suprématie ne sera sauvée qu’en
accélérant le processus d’encerclement de la Russie et du détachement de l’UE
de toute alliance avec ce pays. Ils savent qu’au-delà de la Russie, le
principal adversaire sera la Chine. Le temps presse pour eux. Ils doivent faire
régner la peur du conflit majeur, pousser leurs alliés dans des conflits sur
toute la planète, en particulier au Moyen-Orient, en Europe de l’Est et en
Afrique.
Jusqu’à
présent la France les a suivis, voire même devancés, Minsk-2 montre un timide
coup d’arrêt d’un suivisme sans condition. Le cessez-le-feu définitif est moins
que probable mais cette réunion marquera de toute façon une nette inflexion de
la politique étrangère française et allemande pour le moins. La diabolisation
de la Russie doit se mettre en sourdine et il faut cesser de jeter des
allumettes pour faire repartir le feu en Ukraine. L’engagement militaire doit
s’arrêter là en ce qui nous concerne. Le piège de Devaltsevo a clairement
montré que nous nous fourvoyons dans une guerre qui n’aurait jamais dû avoir
lieu et nous en sommes partiellement responsables derrière les américains.
Par
ailleurs la réunion de l’Eurogroupe a définitivement montré que les intérêts de
l’Allemagne et de la Grèce n’étaient plus compatibles. La menace de voir
l’Allemagne amputée de 8 à 10% de son PIB, pour faire face aux pays en
difficulté, la place devant une alternative douloureuse. Faut-il se résoudre à
voir partir la Grèce de l’UE ou de la zone euro en assumant la conséquence
d’une propagation à d’autres pays signant la fin de l’euro voire de l’UE ?
La Grèce doit-elle en décider elle-même ou l’Allemagne sera-t-elle obligée de
la demander à l’UE ? Il est probable que des solutions de prolongation du
statu quo vont encore émerger mais on ne fera que gagner du temps. Les
solutions homéopathiques n’ont plus d’effet à long terme et le peuple grec
s’impatiente entraînant avec lui le peuple espagnol, bientôt portugais,
irlandais et peut-être italien.
La
France, relais entre les pays du sud par et ceux du nord par l’état de son
économie, hésite encore, joue sur le temps mais le peuple crie désormais son
impatience et dans les évènements tragiques de janvier et l’élection du Doubs
beaucoup de messages clairs ou subliminaux ont été lancés. L’Unité Nationale du
11 janvier, sur laquelle tente de surfer le gouvernement, n’a eu de l’ampleur
que parce que le message dépassait la simple révolte devant l’horreur. Les
français ont voulu montrer qu’ils existaient au-delà des mouvements politiques
de gouvernement en voie de discorde ou d’éclatement. C’était la défense de
liberté d’expression au sens large, celle dont les français sont frustrés,
celle de la démocratie avec une Assemblée Nationale qui ne représente plus la
diversité des opinions mais une aversion des gouvernants pour le référendum.
Nous
sommes devant une véritable prise de conscience des peuples européens de la
dérive de leurs espoirs d’une Europe fraternelle, sociale, démocratique et
source de croissance. Force est de constater que ces espoirs sont déçus. Chacun
se rend compte que l’UE restreint les libertés de l’Etat et que la
représentation des citoyens est diluée dans un ensemble plus technocratique que
parlementaire qui ne laisse qu’un strapontin à la démocratie. Cette prise de
conscience par les plus touchés économiquement dans les pays du sud, et par le
manque de démocratie, laisse entrevoir l’espoir que les peuples vont désormais
se faire entendre. L’année 2015 est celle de la mise en cause de l’euro, celle
de la mise à l’épreuve des nationalismes et en particulier celui de
l’Allemagne. C’est aussi celle de la remise en cause ou non de la politique
pro-atlantique de soumission. L’Europe des peuples mijote pour un nouveau
départ… peut-être avant les présidentielles françaises si la prise de
conscience progresse.
Saura-t-on
enfin résister à la pression américaine et choisir le camp de la liberté
et non de la soumission ? Minsk-2 n’est qu’un galop d’essai qui risque
fort de tourner court, tant les américains ont sur place la situation en main. Merkel
et Hollande n’auront-ils été que deux pantins laissés s’embourber dans une
négociation qui ne pouvait aboutir sans la volonté de paix des Etats-Unis. Or
celle-ci n’est pas dans la stratégie américaine. On ne peut guère espérer de la
caste dirigeante actuelle qui traîne un passif qui les englue, c’est bien aux
peuples d’Europe de prendre en main leur destin.
Lorsque les peuples réalisent le danger
et prennent en charge leur destin
Eux seuls peuvent s’attaquer aux
montagnes de l’argent,
Qui nourrissent la puissance
antidémocratique…
Du Nouvel Ordre Mondial !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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