Il semble que la présence américaine à
Kiev et à Munich soit très liée au changement de gouvernement grec. Elle
développe une nouvelle action sur l’Europe parfaitement en accord avec la
stratégie géopolitique américaine. La Grèce est une pièce majeure dans l’emprise
sur l’Europe de l’Est et sur la méditerranée. La perspective de voir basculer
la Grèce dans une relation privilégiée avec la Russie est inenvisageable pour
les Etats-Unis. Or Syriza ne s’est pas lancé dans cette aventure de renégociation
de la dette et de refus des oukases de la troïka sans en parler avec la Russie
qui a un intérêt majeur à créer un contrefeu à l’approche de l’OTAN en Ukraine.
Les premiers signes envoyés par la nouvelle Grèce étaient son refus de voir les
sanctions prolongées de six mois contre la Russie. C’était un signe fort envoyé
aux Etats-Unis. Mais il devient évident que la Grèce joue un double jeu et se
sert de la Russie comme d’un épouvantail pour l’UE et les USA, tout en étant un
recours en cas de faillite d’une aide substantielle pour sa dette et un
relâchement des contraintes d’austérité.
Une rencontre a eu lieu à Bruxelles le
6 février, où est allé hier le ministère grec de la Défense accompagné par le
chef d’état-major de la défense nationale, M. Kostarakos, réunion à
laquelle a également participé le secrétaire général adjoint de l’OTAN,
Alexander Vershbow et le président du comité militaire de l’alliance, Knud
Bartels. Des assurances ont été données au secrétaire général de l’OTAN, Jens
Stoltenberg, que la nouvelle coalition gouvernementale SYRIZA continuera à
participer indéfectiblement aux « exercices » et aux « actions
militaires » communs, d’après le ministre de la Défense P. Kammènos. Plus
tard P. Kammènos a textuellement déclaré : « Nous avons confirmé les bonnes relations de l’OTAN avec la Grèce et la
poursuite de la coopération avec l’Alliance. Nous avons confirmé que le nouveau
gouvernement poursuivra sa coopération et les bonnes relations avec l’Alliance
en ce qui concerne les exercices conjoints, les opérations militaires
conjointes et cela bien sûr dans le respect des accords internationaux. »
On ne peut être plus clair. Les Etats-Unis
sont donc à l’œuvre pour lier la Grèce au dispositif militaire de l’OTAN sans
porte de sortie au prix de sacrifices qu’ils demanderont à l’UE et au FMI sur
lesquels ils ont prise. Tout cela rentre dans la partie en cours d’encerclement
de la Russie avec la Géorgie, déjà quasiment dans l’OTAN, et la nécessité de se
rapprocher au plus près du bourbier ukrainien. On peut donc s’attendre à un
ramollissement de la position allemande envers la dette grecque qui pourrait
voir un rééchelonnement suffisant de la dette pour éviter le remboursement par
la Grèce prévu en juillet. Alors que la Russie semble montrer de la bonne
volonté pour trouver un accord pour l’Ukraine et que Poutine réaffirme qu’il ne
souhaite pas envahir l’Ukraine, il apparaît probable que les Etats-Unis vont user de
leur influence pour torpiller les négociations et susciter un prétexte pour jeter
de nouveau l’opprobre sur la Russie.
Ceci est particulièrement inquiétant
car si la Grèce peut survivre quelques mois tranquille, ce pays va se
vassaliser un peu plus aux Etats-Unis avec des subsides de l’UE. Plus grave
encore c’est qu’il devient de plus en plus clair que les Etats-Unis n’excluent
nullement la guerre avec la Russie. Des manœuvres de grande ampleur ont déjà
lieu dans plusieurs pays de l’UE et le renforcement du flanc sud-est avec la
Grèce devient un impératif stratégique pour lequel quelques milliards ont peu d’importance
devant l’objectif visé. L’UE est prise en otage car les Etats-Unis jouent la
survie de leur hégémonie avant qu’un krach monétaire et financier ne l’achève. Il faut
couper toute velléité de l’UE de lier des accords avec la Russie ce qui
pourrait aboutir sur une force économique et militaire d’une taille capable de
résister et de contester l’hégémonie américaine. N’oublions pas que l’UE s’est
mise sous le parapluie de l’OTAN car incapable d’assurer seule sa défense… ceci
implique une dépendance de fait.
Il ne faut donc probablement rien attendre de la
visite d’Angela Merkel et de François Hollande, si ce n’est un exercice de
communication à l’intention de leurs peuples respectifs, car tout ceci se fait
en plein accord avec les Etats-Unis comme a tenu à le réaffirmer John Kerry à
Munich. Si accord il y a, il sera caduque avant d’avoir commencé à se mettre en
œuvre parce que les Etats-Unis ne lâcheront pas l’emprise sur l’Ukraine.
Poutine a mis les points sur les i en ce qui concerne son refus de voir l’OTAN
en Ukraine et particulièrement en Ukraine de l’Est. C’est clairement un cas de
casus belli. Son peuple ne lui pardonnerait pas de rester sans réacion si les
Etats-Unis engageaient leurs troupes régulières en Ukraine. La tactique
américaine va être de faire porter à la Russie le chapeau de la responsabilité
d’un conflit militaire. Un incident du type de l’avion MH-17 ou autre fera l’affaire.
La guerre est à nos portes,
Nous n’en sommes plus maîtres.
L’histoire condamnera tous les élus
Qui n’ont cessé d’œuvrer…
Pour qu’il en soit ainsi !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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