Si la sécurité dans nos villes n’est visiblement
pas assurée après les attentats de janvier et la fusillade de Marseille, c’est
bien un danger plus important encore qui menace notre pays. Il apparaît de plus
en plus clairement que François Hollande redoute la guerre à l’Est de l’Europe
dont l’extension serait probable. Son premier contact à Moscou avec Poutine
était un signe avant-coureur du sentiment que les Etats-Unis étaient prêts à s’investir
en Ukraine. La peur est mère de la sagesse et c’est sans doute le premier acte
de politique étrangère que l’on peut saluer. De toute évidence la Russie ne veut
pas la guerre mais ne peut supporter l’idée de voir les troupes de l’OTAN à sa
frontière ukrainienne. Comme je l’ai déjà écrit, il s’agit d’un casus belli.
Il
est clair également que la réunion, dite de la dernière chance du côté
franco-allemand, était destinée à préparer les populations à toute éventualité.
Il ne pouvait rien en sortir, les américains s’étant volontairement mis en
retrait… à Kiev. Le couple franco-allemand a joué non pas un véritable
intermédiaire entre les Etats-Unis et la Russie mais a essayé de jouer sa
propre carte avec néanmoins un blanc-seing américain. Ce blanc-seing a été d’autant
plus facile à donner que ces derniers savent bien que rien de concret ne se
fera sans eux et qu’ils ont la main sur le gouvernement ukrainien. La guerre
est donc entre les mains des américains car ils savent exactement les limites à
ne pas dépasser avec une Russie que l’on veut pousser à bout et déstabiliser.
Pour l’instant Poutine a indiqué clairement
au couple franco-allemand qu’il voulait rester maître du jeu. Selon lui, seul
le cessez-feu de la part de Kiev, permettra de renouer contact avec ces
populations et leurs dirigeants pour résoudre les différends et en arriver ainsi
à une solution nationale et régionale du conflit.
« Il
est évident que la crise continuera tant que les Ukrainiens ne se seront pas
mis d’accord entre eux ». À cette fin, il exhorte
les autorités de Kiev à trouver « un langage commun et à parvenir à un accord
avec toutes les forces politiques. »
Voici
les principaux points que relève le président Poutine pour que les
négociations conduisent à la paix.
« Mettre
un terme à la débauche de radicalisme et de nationalisme qui touche le
pays. La condition première pour stabiliser la situation est un cessez-le-feu
immédiat, c’est la cessation de l'opération dite « antiterroriste »,
mais de facto punitive dans le sud-est de l'Ukraine.
« Supprimer
les pressions économiques sur le Donbass, lesquelles sont susceptibles de créer
une grande catastrophe. »
Il s’agit
bien d’un plan de paix, mais qui suppose néanmoins que les Etats-Unis cessent d’alimenter
et de couvrir l’opération anti-terroriste, en réalité sanglante guerre civile
où le chiffre officiel de 5.000 morts et de 10.000 blessés est très largement
sous-estimé. Rien ne laisse entrevoir que le complexe militaro-industriel
américain ait renoncé à une guerre et que la stratégie hégémonique ne soit plus
à l’ordre du jour. Il se pourrait même qu’Obama soit en retrait sans pouvoir arrêter ces processus. Le temps presse pour
les Etats-Unis, un monde multipolaire se met en place de plus en plus vite. La
Russie et la Chine présentent une force militaire et une stratégie économique
et monétaire qui menace la prééminence des USA et de leur dollar.
La France
« appartient » à l’OTAN, au plein sens du terme, et nous ne sommes
plus au temps où nous pouvions facilement dire non à la guerre en Irak. S’opposer
à la volonté américaine présente de gros risques de rétorsion sur le plan
économique et il n’est pas sûr que l’Allemagne nous suive jusqu’au bout dans
une opposition déterminée. C’est pourquoi la réunion de Minsk du 11 février va
permettre de jauger des chances de paix car les deux belligérants ukrainiens
seront présents. Leurs réactions seront très liées aux positions russes et
américaines, Porochenko ayant les mains beaucoup plus liées que celles des
républiques de Donbass et de Lougansk.
C’est
à partir de là que les chances de paix pourront être évaluées. Cette réunion ne
sera pas non plus celle de la dernière chance mais elle prend une importance
particulière car la signature d’une simple trêve ne serait utilisée que pour
renforcer les armements de part et d’autre. Il s’agit d’une partie de bras de
fer Russie-Etats-Unis, et le danger d’un conflit de grande ampleur ne tient qu’à
la volonté américaine sur laquelle la France a peu de poids… Voudront-ils calmer le jeu
après l’échec militaire avéré des troupes de Kiev pour faire capituler la Novorussia ?
Souhaitons-le, mais c’est avec l’Allemagne qu’Obama vient mettre au point la
position occidentale… C’est dire combien notre entrée dans l’UE sans défense
propre et dans l’OTAN, va nous faire comprendre les dangers auxquels cela nous
expose.
La guerre est à nos portes plus près
encore que le Kosovo.
La peur de nos dirigeants sera peut-être
salutaire,
On n’est plus devant un conflit mineur !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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