L’Union Européenne
entre en turbulence. La croissance européenne n’est plus au rendez-vous, sa
dette ne cesse d’augmenter dans tous les pays de l’UE sauf aux Etats-Unis, au Royaume-Uni
ou en Allemagne. La dette mondiale croît à un rythme effréné en particulier en
Chine pour atteindre 200.000Md$ soit 28.000$ par habitant de notre planète (7,2
milliards d’habitants). Le système monétaire mondial est au bord de l’explosion.
C’est
dans ce contexte un peu fou que l’Union Européenne se trouve confrontée à sa
plus grave crise depuis sa naissance et même depuis celle de la CEE qui l’a
précédée. L’eurozone est la première sur la sellette depuis plusieurs années et
les plans de sauvetage se sont succédé. L’Allemagne n’a guère concédé à la
solidarité et continué à pomper la richesse des pays du sud en particulier où se
trouvent les économies les plus puissantes et importatrices, à savoir l’Espagne,
l’Italie et la France. La BCE s’est bardée d’obligations souveraines de pays en
difficulté et la zone euro a survécu tout en creusant les inégalités entre pays
riches et pauvres.
Nous
sommes arrivés au moment où les pays endettés, sous la pression allemande, ont
réduit leurs importations. Principale bénéficiaire, l’Allemagne voit son marché
européen se réduire en volume d’exportation et sa croissance se rapproche donc de
la moyenne européenne. La Grèce en est arrivée au point de rupture entre la
souffrance dans l’austérité dirigée sur le peuple, et le milieu bancaire et des
multinationales. Le peuple grec a tiré la sonnette d’alarme et ce petit peuple
devient le caillou dans la chaussure de la zone euro, caillou qui va la
stopper.
Car
le moment est particulièrement important. Tout se conjugue et la guerre en
Ukraine, donc en Europe, n’est pas le moindre évènement qui va influer sur le
destin de l’UE. Car il faut bien appeler un chat un chat. Il s’agit bien d’une
véritable guerre quand on parle de la mobilisation de 100.000 hommes du côté de
Kiev et que l’on compte 7.000 morts dont 500 enfants, des centaines de milliers
de personnes déplacées. La guerre dans le Donbass, l’armée de Kiev pilonne
toujours Donetsk, mais a perdu le contrôle de l’aéroport, se voit menacée
autour de Marioupol mais surtout 7 à 8000 de ses hommes se trouvent pris dans
une nasse où les vivres et les munitions sont de plus en plus difficiles à
acheminer.
Le
moment est critique pour Kiev car la population résiste à la mobilisation et l’armée
renâcle de plus en plus à combattre contre ses concitoyens. Un parti « Antiguerre »,
dont le leader est une femme députée de Kiev, traite les dirigeants, derrière
Porochenko, de criminels de guerre. Si la nasse se referme complètement, c’est
la défaite de Kiev. Le pouvoir est acculé et américains et européens se portent
à son chevet comme Kerry, Merkel et Hollande aujourd’hui. Tout le monde va se
retrouver à Moscou qui a toujours milité pour une Ukraine permettant une large
autonomie aux différentes régions. La volonté sous-jacente des Etats-Unis de ne
pas exclure une guerre mondiale fait peser sur nous un énorme danger.
C’est
la réunion de la dernière chance mais la solution ne sera négociée finalement
qu’entre russes et américains. Le chef d’Etat-Major des forces armées
ukrainiennes vient de reconnaître qu’il n’y avait pas d’unités de combattants
de l’armée russe dans ce pays. C’est un tournant, les masques tombent. Les
Etats-Unis vont devoir choisir entre la guerre avec des combattants de l’OTAN
sur le terrain et un affrontement avec la Russie ou exclure la présence de l’OTAN
en Ukraine et admettre une fédération ukrainienne. L’inclusion de l’Ukraine
dans l’UE serait remise en cause de toute façon.
La
victoire de Syriza est un élément qui remet la Russie en selle dans l’avenir de
l’UE. C’est vers la Russie que va se tourner la Grèce pour ne pas accepter des
conditions insupportables de la part de la zone euro. Elle est sûre d’y trouver
une oreille attentive dans une vision géopolitique qui se terminerait par la
sortie de la Grèce de la zone euro. N’oublions pas que la Grèce a mis son véto
aux nouvelles sanctions contre la Russie. C’est donc à une formidable partie de
bras de fer qui se joue entre UE, USA, Russie où la Grèce et l’Ukraine sont au
centre du jeu. Le Grexit est donc dans l’air avec tous les bouleversements que
cela peut entraîner sur l’UE avec un éclatement possible et, si la guerre est
évitée, cela peut être une grande chance pour une nouvelle Europe, celle des
peuples.
En
effet en dehors de l’Espagne qui va aussi montrer l’impatience de son peuple
avec Podemos, le Royaume-Uni peut voter son indépendance dans les prochains
mois à venir. Au Grexit peut s’adjoindre un Brexit et une demande de révision
des traités provenant de l’Espagne, à laquelle peut s’adjoindre le Portugal, l’Irlande
et peut-être l’Italie. On voit que la partie qui se joue dépasse largement l’effacement
de la dette grecque. Elle met en cause la guerre froide USA-Russie, les
rapports UE-Russie, la présence de l’OTAN en Ukraine, la stabilité de la zone
euro voire des traités de l’UE.
L’ultimatum
de la BCE de ne pas prendre en compte la dette grecque est significative. Elle suit
celle de renvoyer les pays européens devant leurs responsabilités et de mettre
à contribution les banques centrales de chaque pays à hauteur de 80% pour les
liquidités prévues à hauteur de 1140 milliards. Dans l’esprit de la BCE, il est
clair que celle-ci s’apprête à des évènements majeurs sur la zone euro où l’Allemagne
va se trouver devant des choix cornéliens.
Grâce à la Grèce, l’Union Européenne va
réaliser
Qu’elle n'est qu'un colosse aux pieds d’argile
Tiraillé entre l’Euro-atlantisme d’hier
Et l’Eurasie de demain !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire