La victoire de Syriza a dû être complétée
par un apport d’un parti souverainiste. Cela peut paraître d’autant plus
étonnant que le parti Syriza d’obédience communiste pouvait choisir une
alliance avec le Pasok socialiste qui était au pouvoir précédemment ou un parti
du Centre. En réalité c’est bien le sentiment d’humiliation du peuple grec qui
a prévalu dans le choix d’un parti indépendantiste reniant la participation à l’euro
tout autant que la teneur des traités de l’UE. Le sentiment national de la
Grèce est affirmé avec dans les têtes grecques un « L’Europe oui mais pas
en esclave » !
On
touche là à ce qu’une partie de la population française ressent de plus en plus
profondément. L’élection du Doubs est la confirmation de la progression de ce
sentiment de rejet des politiques de la pensée unique qui brade l’indépendance
de notre pays et demande au peuple de nourrir banquiers et multinationales dans
une Europe où la démocratie est réduite à sa portion congrue. La distance avec
le peuple s’accroît et c’est ce que le peuple grec vient de crier en s’apprêtant
au pire. L’aventure dans laquelle se lance Syriza est à priori sans issue car l’argent
va leur manquer rapidement et résister c’est vraiment du sang et des larmes au
bout d’une volonté d’indépendance.
La Grèce se voit déjà rejetée par les
pays du sud qu’Alexis Tsipras est allé voir dans sa tournée européenne. Les
gouvernements en difficulté qui ont imposé une austérité drastique au peuple n’envisagent
ni de payer pour une cigale mangeuse d’olives ni de soutenir une politique de
gestion austère bien différente de celle de l’austérité infligée à leurs
peuples. Il n’envisage donc pas de se déjuger. Cette attitude fait fi du peuple
qu'il soit irlandais, portugais, espagnol ou italien. Il ne faut attendre qu’une
attitude nombriliste de la part de la France, qui va surfer sur la situation
grecque pour desserrer les contraintes sur son budget 2015 mais n’oubliera pas
qu’elle est le deuxième contributeur dans le cas d’annulation partielle ou
complète de la dette grecque.
L’Allemagne,
qui a toujours eu des mots très durs pour la Grèce, ne peut relâcher sa
politique de l’austérité pour celle-ci sans se déjuger vis-à-vis des pays de l’UE.
Les Etats-Unis tiennent à maintenir la Grèce dans l’OTAN, toute fuite vers la
Russie l’expose aux pires tourments. La connivence atlantique ne ménagera aucun
artifice financier pour faire plier la Grèce. C’est dire combien une résistance
souverainiste de la Grèce ne peut qu’aboutir à une sortie de la zone euro,
voire de l’UE. C’est tout l’enjeu de ce combat de David contre Goliath. La Grèce
sera-t-elle assez humiliée mais fière pour résister et se défaire du licou qui
l’asphyxie ? Si c’est le cas, alors un processus d’humanisation et de
démocratisation de l’UE sera en cours et l’Europe des peuples pourra espérer naître.
La France
a montré que son pouls n’était plus atone après le rassemblement du 11 janvier.
Toutes tendances confondues, elle a voulu montrer qu’elle existait en dehors de
tout le matraquage politique. L’occasion lui en a été donnée par deux actes
ignobles sur le blasphème et le peuple juif, deux symboles qui montrent que le
racisme a aussi une couleur anti-blanc qui se nourrit de tous les morts innocents
que nous tuons en pays musulman sous nos bombes. On ne peut mettre seulement
sur l’émotion et la compassion ce grand mouvement populaire. Le peuple a senti
que l’heure était venue de se faire entendre, que sa représentation politique n’était
plus la véritable expression de la volonté populaire.
C’est
l’élection du Doubs qui est venue montrer le nouveau clivage qui s’opère dans
notre pays, non plus droite-gauche mais souverainiste ou non. Le deuxième tour
de cette élection législative est particulièrement intéressant dans un fief
socialiste. La droite de la pensée unique s’est trouvée devant une fracture
béante entre le Front Républicain et une tactique attentiste montrant que l’UMP
est déjà morte. Ses électeurs ont voté en leur âme et conscience mais une
partie importante a fait l’impensable, voter pour le FN. Celui-ci est un tel
repoussoir pour ces électeurs dûment chapitrés depuis des années qu’ils ont
fait un acte mûrement réfléchi. Leur vote n’est pas l’attirance du FN dont il
renie les fonds baptismaux pour la plupart, c’est le sentiment qu’on enlève au
peuple de France la maîtrise de son destin.
En un mot près de la moitié des citoyens
de cette circonscription du Doubs se sont retrouvés sous la bannière
souverainiste. La reconquête des esprits est en marche. Le président Sarkozy ne
peut se targuer de sa réussite antérieure où il a retiré au peuple sa décision
référendaire sur la Constitution européenne en signant le traité de Lisbonne,
copie conforme, par voie parlementaire. Le président Hollande continue à
appauvrir et à vassaliser la France, derrière l’Allemagne et les Etats-Unis,
ajoutant la crise à la crise et la guerre aux guerres. Le peuple, comme l'on fait les politiques et les électeurs anti-Maastricht, commence à
réaliser que la pensée unique « eurobéate » conduit à l’échec et qu’on
lui vole la démocratie comme l’Europe l’affirme.
Lu
dans le Figaro du 29/01/15 :
Dans
un entretien exclusif au Figaro, Jean-Claude Juncker, président de la
Commission européenne, affirme qu'«il n'est pas question de supprimer la dette
grecque. Les autres pays de la zone euro ne l'accepteront pas». Rappelant
qu'«on ne peut pas sortir de l'euro sans sortir de l'Union européenne», il
affirme: «Nous voulons que la Grèce soit un acteur constructif dans l'euro et
dans l'UE. Il ne peut y avoir de
choix démocratique contre les traités européens ».
Les souverainistes ont sans doute trop
de drapeau
Mais la reconquête des esprits est en
marche
Un vent de révolte se lève en Europe
La Grèce ne sera bientôt plus seule !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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