Les combats font rage en Ukraine. On parle enfin d’une véritable guerre,
civile de plus donc encore plus horrible. Avec plus de 5.000 morts et des
dizaines de plus chaque jour, en particulier chez les civils, cette guerre va
laisser des traces indélébiles pour longtemps. L’unité de pays ne peut plus se
faire qu’au prix du sang et d’une quasi-dictature. Donetsk est sous les bombes,
Marioupol presque encerclé. 8.000 soldats de Kiev sont dans une nasse que la
Novorussia referme sur eux. John Kerry rencontre Porochenko au bord de l’asphyxie
financière et avec une armée qui ne maîtrise plus la situation à l’Est. Il
vient soutenir son poulain qui dirige le cheval de Troie occidental dans une
partie mal engagée mais qu’il ne saurait perdre.
Dans ce bras de fer qui oppose
finalement la Russie et les Etats-Unis, l’Union Européenne est prise en otage.
En effet seule l’Allemagne a de toute évidence intérêt à faire rentrer l’Ukraine
dans le giron de l’UE. Elle continue sa politique d’ouverture de marchés et de
main-d’œuvre utilisable vers l’Est. La France, comme d’habitude, suit les USA
et l’Allemagne, en faisant tout pour apparaître encore plus royaliste que le
roi pour tenter de marquer son libre-arbitre… ridicule. L’UE augmente les
sanctions contre la Russie, mais celles-ci ont aussi un impact sur elle et on
ne fait pas ainsi plier le peuple russe qui en a connu d’autres.
La Russie réplique en gelant la
livraison de gaz à l’Ukraine, sous prétexte que ceux-ci pompent illégalement du
gaz à leur profit. En interrompant la livraison de 60% de l’approvisionnement
russe vers l’Europe, le message est clair. L’hiver joue pour la Russie comme
toujours. Sans gaz russe, l’Ukraine va en subir toute la rigueur. Les USA sont
engagés dans un bras de fer et doivent détourner la Russie de son aide à la
Syrie en engageant une nouvelle menace sur l’Ukraine. La Russie a clairement
exprimé qu’elle ne supporterait pas l’arrivée de l’OTAN à sa frontière
ukrainienne. Les positions sont irréconciliables et l’Ukraine devra être
reconquise par Kiev ou une séparation de l’Est, devenant zone tampon, est
inévitable. C’est toute l’importance des combats actuels où Etats-Unis (qui
envisagent d’envoyer des armes « défensives » à Kiev) et Russie
soutiennent plus ou moins discrètement chacun des deux camps mais ce sont les
populations civiles de l’Est qui paient le plus lourd tribut.
Si l’Ukraine est le cheval de Troie
dans la zone d’influence russe, la Grèce l’est devenue dans la zone d’influence
atlantique. La victoire de Syriza est un coup de théâtre dans la stratégie
géopolitique américaine et, par contrecoup, européenne. Tous les commentaires
se focalisent sur l’aspect financier de la dette grecque sans voir que l’essentiel
est ailleurs. La Grèce n’a survécu que grâce à l’argent de l’UE et du FMI, elle
a nécessairement besoin d’une aide et va d’abord officiellement la chercher
vers l’UE. Pourtant elle ne va pas quémander en robe de bure, contrairement aux
autres pays européens en difficulté et c’est pourquoi les discussions vont être
âpres, la Grèce n’étant disposée qu’au minimum de concessions.
D’où vient ce courage, cette
arrogance diront certains, alors que nous n’avons cessé d’aider ce pays en
oubliant que les banques ont accumulé d’énormes profits dans cette affaire au
passage ? On ne peut aller à l’affrontement sans biscuit, courage ou pas,
la finance est un rouleau compresseur qui broie tous ceux qui s’opposent à elle…
sauf, sauf si elle rencontre un adversaire où son poids trouve une résistance
équivalente. Cet adversaire, c’est la Russie, pays peu endetté qui s’apprête en
accumulant de l’or comme la Chine à mettre en danger l’hégémonie du dollar. La
Russie est atteinte en 2015 par les sanctions mais pas suffisamment pour ne pas
repartir dans la croissance en 2016. Elle a les reins solides.
Si Syriza se montre si sûr de lui, c’est
qu’un lien s’est tissé avec la Russie bien avant les élections grecques. La
promesse russe de soutenir Syriza lui avait été donnée. La Russie fut la
première à féliciter Alexis Tsipras pour son élection et c’est vers ce pays que
la Grèce s’est tournée en premier avant d’aller au contact de l’UE. Dès lors la
Grèce est devenue le cheval de Troie russe dans un pays occidental faisant
partie de l’OTAN. On voit que l’opposition Grèce-UE va bien au-delà de la
simple renégociation de la dette. Le geste de dédain vis-à-vis des 7 milliards
promis par l’UE est significatif, c’est un signal qui montre que la Grèce peut
avoir une autre source de financement.
La Russie peut donc réussir un coup
géopolitique de première importance avec un cheval de Troie qui vaut bien celui
de l’Ukraine. En effet l’OTAN a une importante base militaire en Grèce mais la
Grèce s’oppose aux sanctions contre la Russie montrant clairement qu’elle se désolidarise
de la politique étrangère atlantique. On se souvient de De Gaulle et le « US
go home » qui affirmait la souveraineté de la France. L’enjeu pour la
suprématie militaire des USA sur l’UE est considérable. Mais la Russie porte un
autre intérêt sur la Grèce, intérêt économique cette fois. C’est la perspective
d’un gazoduc transitant par la Grèce vers l’Italie et évitant l’Ukraine ou la
Turquie.
Il se joue une guerre plus ou moins
froide mais à multiples facettes où les USA doivent s’assurer la maîtrise de
tout le Moyen-Orient, quitte à soutenir un wahhabisme jusqu’à en faire la
religion dominante conquérante du monde, pour se retrouver face-à-face de la
Russie. Par ailleurs la Russie doit recréer autour d’elle des zones tampons
minimisant les risques de contact direct avec l’OTAN, garder son accès libre à
la Méditerranée avec Tartous en Syrie. Mais sur le plan économique, la Russie
doit pouvoir exporter son gaz vers l’Europe dans les meilleures conditions de
sécurité et créer la possibilité d’alimenter la Chine avec laquelle elle va
jouer l’attaque sur l’hégémonie du dollar. Pour les USA il est urgent de faire
agir tous les leviers économico-financiers pour déstabiliser la Russie dont
celui d’une déstabilisation politique de Poutine, selon la méthode classique
utilisée dans les « printemps » et dernièrement en Ukraine.
Les préoccupations affichées de la France et de l’UE sont des leurres
Elles masquent le bras de fer qui est désormais engagé
Ukraine et Grèce sont des évènements majeurs
Dont les conséquences sont incalculables
Dans une guerre sans merci !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
P.S :
Pendant ce temps les médias se font la Une avec l’affaire DSK. Les médias sont
devenus de simples relais-amplificateurs déformants d’une actualité
instantanée. Leurs analyses sont inexistantes ou moutonnières.
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