Que ce soit la grande
majorité des médias (quotidiens, hebdomadaires, télévisions) ou les politiques
nous sommes nourris d’une bouillie pour bébés et de mensonges « Père Noël »
pour classes maternelles. L’Afrique du Sud est sauvée par Mandela, l’Ukraine
lutte pour la démocratie et l’UE, L’Europe va mieux, l’insécurité est sous
contrôle en France, le chômage régresse, les impôts ne vont plus augmenter en
2014, la réforme des impôts se fera à pression constante, la sortie de crise
est en cours, les retraites ne vont pas diminuer, nos interventions au Mali et
en Centrafrique seront de courte durée, etc.
Alors
reprenons ces enfumages répétés, souvent repris par la presse sans autre analyse ou sans autre forme de procès que la pensée unique. L’Afrique du Sud
est loin d’être le « Paradis racial » sans doute souhaité par Mandela.
C’est un pays ravagé par le Sida, avec 26% de chômage, des violences et une
criminalité considérable et des inégalités irritantes où l’économie est tenue à
bout de bras par une minorité blanche. L’Afrique du Sud c’est seulement
beaucoup mieux que le Zimbabwe.
En Ukraine
une partie du peuple, à Kiev principalement, fait le siège du gouvernement pour
demander sa démission. Le souvenir du carcan russe explique ce rejet de l’oppresseur
pour certains. Mais les choses ont bien évolué et le traité de libre-échange
avec la Russie qui concerne aussi le Kazakhstan, et le Belarus, a permis à ces
pays des excédents commerciaux qui les dynamisent. Les industries ukrainiennes
et russes sont complémentaires et l’Ukraine est devenue un pays considéré comme
démocratique malgré les liens forts avec la Russie. Par ailleurs cette
population révoltée n’est pas majoritaire dans les élections. Pour compenser
les avantages économiques actuels l’UE devrait apporter de l’ordre de 20Mds€.
Si c’était le cas ce serait assorti de conditions d’austérité et d’ingérence
budgétaire. Qui a intérêt à ce que cette minorité renverse le gouvernement ?
L’UE. Et qui est derrière l’UE ? Ceux qui veulent atteindre le grand
marché russe de l’autre côté de l’Atlantique.
L’UE
a plus de 12% de chômeurs, son endettement ne fait que croître, les disparités
entre l’Allemagne et les pays du sud s’aggravent et atteignent les pays du Nord
comme les Pays-Bas. Le budget européen a fait voter en urgence par le Parlement
2,7 milliards de rallonge pour boucler son budget 2013. Les banques françaises,
allemandes, espagnoles et italiennes sont bourrées d’obligations pourries avec
des fonds propres dérisoires. Nos trois grandes banques françaises, BNP,
Société Générale, Crédit Agricole, ont, à elles trois, engagé plus de 3500Mds€
avec moins de 99Mds€ de fonds propres soit 1 pour 36. En cas de faillite, qui
paiera ? Pendant ce temps le pouvoir d’achat des français n’a pas évolué depuis 2010
selon Eurostat.
Les
renforts de police sur les zones prioritaires et en particulier sur Marseille
montrent bien que nous ne maîtrisons toujours pas la délinquance, sinon il n’y
en aurait pas besoin. Le chômage n’a diminué en octobre que sur la catégorie A,
sur l’ensemble c’est +0,8%. La TVA augmente au 1er janvier et les
impôts sur les sociétés passent à 38%, le plus haut taux de l’UE sans compter
le reste comme le gaz et l’électricité dont les prix sont sous contrôle de l’Etat.
La réforme fiscale avec une idée de CSG progressive est un chantier qui sera
passé au Président suivant et n’est qu’un enfumage pour calmer le ras-le-bol.
Quant aux retraités ils payent déjà un retard de rattrapage sur six mois… et s’attendent
à pire.
La croissance
en France ne peut réellement décoller quand nos industries ferment les unes après
les autres ou débauchent. Elles ne sont pas compétitives. Le rétrécissement des
marges et le durcissement du crédit empêchent l’investissement. La
compétitivité future va s’en ressentir. L’euro est désormais à 1,38$ et très
au-dessus de ce que peut supporter l’exportation française. La consommation est
en baisse, l’épargne et la production des industries manufacturières aussi. L’embellie
attendue pour 2014 dépendra beaucoup de la santé de l’UE (la production industrielle a baissé de 1,1% en octobre), des États-Unis (les inscriptions au chômage sont en hausse) et de
la Chine mais avant tout de nous-mêmes.
Pour
compléter cette revue loin d’être exhaustive de la désinformation et des
mensonges que nous lisons ou écoutons tous les jours, enfumages que l'on peut retrouver
dans nos expéditions africaines. Le Mali (647 millions dépensés) est loin d’être sécurisé, la demande d’indépendance
du Nord Mali est toujours d’actualité, les rebelles islamistes sont toujours là
menaçants. Les élections de dimanche devraient nous demander de partir puisque
nous en avions pris l’engagement. Nous ne partirons pas et nous resterons…
encore longtemps. Pour le Centrafrique (450 millions provisionnés) nous sommes partis ventre-à-terre, sans
partenaires européens, mais nous leur réclamons des sous ! La situation est
pour l’instant inextricable et l'enlisement dans un bourbier est prévisible. L’urgence de séparer les combattants va se
transformer rapidement en une aide sur la nourriture, le logement et la santé
envers une population en proie à la guerre civile religieuse. La mission de courte durée,
nous demandera de rester… le temps nécessaire selon le Président.
Combien de temps met le fût du canon
pour se refroidir ?
Un certain temps… de désinformation et
de mensonges !
Le mensonge et la crédulité s'accouplent
et engendrent l'opinion.
Paul Valéry
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon