Le
chômage, comme la croissance, est l’objet d’une communication dont le
camouflage est proportionnel en intensité à la dégradation des chiffres ou des
espoirs proclamés. La courbe du chômage devait s’inverser en septembre 2013.
Comme l’augmentation de la croissance, l’inversion est désormais pour 2014. Les
chiffres sont toujours présentés de façon positive et peu importe qu’ils soient
représentatifs des paroles qui y sont adjointes. La dernière astuce de
Jean-Marc Ayrault est de présenter le chiffre global d’octobre-novembre pour
masquer la chute de 0,5% de novembre. Pourquoi deux mois pour illustrer la
tendance et non trois ou six ou 12 ? Pour repousser le verdict de la fin
de l’année où il faudra rendre des comptes et faire de nouvelles promesses.
Je
vous convie donc à une analyse plus poussée des chiffres, corrigés des
variations saisonnières, publiés par l’INSEE. Je prendrai comme référence les
dates importantes depuis l’arrivée de l’euro. C’est ainsi que l’on peut prendre
les chiffres du chômage depuis décembre 1999, puis de fins de quinquennat à
savoir avril 2002, avril 2007, avril 2012, pour terminer provisoirement en
novembre 2013. Dans l’intervalle de ces dates on a calculé la projection du pourcentage
d’évolution moyenne du chômage sur une année entière. Par exemple le
pourcentage d’évolution du chômage en juin 2012 depuis avril 2012 (date de
référence de ce quinquennat) sera réévalué en année entière au prorata.
Autrement dit si l’évolution du chômage a augmenté de 1% en six mois depuis le
début du quinquennat, le chiffre retenu sera de 2% sur l’année.
L’intérêt de ce calcul
est de permettre, quinquennat par quinquennat, et à l’intérieur d’un d’entre
eux de voir l’évolution prévisible annuelle et d’en suivre les évolutions. Dans
le graphique ci-contre donnant les évolutions du chômage de décembre 1999 à
novembre 2013. Le regroupement des catégories A, B, et D, qui représentent
mieux l’ensemble des emplois pas ou non complètement pourvus, a été préféré à
A+B+C. On peut noter que jusqu’en avril 2002, on était sur une régression du
chômage de l’ordre de 5% par an. Cette régression s’est poursuivie mais à un
rythme de 1à 3% selon les catégories de chômage sur le quinquennat de 2002 à
2007. On voit donc qu’avant la crise de 2008-2009 la croissance plus soutenue
faisait reculer le chômage. L’effet de celle-ci crée brutalement l’augmentation
du chômage alors que des mesures économiques et sociales maintiennent celle-ci
à une valeur de l’ordre de 7% par an jusqu’en avril 2012.
La fin de l’année
2012 fait apparaître une hausse sensible jusqu’à une augmentation annuelle de
l’ordre de 10 à 13% jusqu’en avril 2013, suivie d’une diminution perceptible en
novembre 2013 qui ramène l’évolution annuelle à des valeurs de l’ordre de 8%
sans revenir toutefois au niveau d’avril 2012. Pour mieux cerner les évolutions
dans la législature actuelle, on peut se limiter à la période d’après crise
jusqu’à novembre 2013, comme le montre le deuxième graphique. On constate que
le retour à une augmentation plus faible du chômage s’est produit au-delà
d’avril 2013 et qu’elle a été significative jusqu’en septembre 2013.
Sur
les deux derniers mois l’augmentation du chômage paraît proche de la
stabilisation, ce qui signifierait que le chômage continuerait à progresser sur
le rythme d’environ 8% par an en 2014 depuis le début du quinquennat si les
emplois aidés sont maintenus et si la croissance reste atone. On peut en
déduire que les emplois aidés sont proches de leur effet maximum et que seule
la croissance peut désormais inverser la courbe du chômage. Les affirmations
disant que la courbe du chômage est en train de s’inverser ne sont que des
opérations de communication car on est loin de revenir à la situation d’avril
2008 avec une diminution annuelle de l’ordre de 5% juste avant la crise et
pendant le quinquennat de Sarkozy. Pour y parvenir en avril 2014 il faudrait se
retrouver sur une trajectoire moyenne de 6% depuis avril 2012, objectif presque
atteint en avril 2011. Si avoir une augmentation moins rapide du chômage est
l’objectif visé, il a été atteint dès juin 2013 et se poursuit. Par contre si
c’est une véritable diminution du chômage, elle est ratée en novembre 2013 et
très peu probable dans l’état actuel des choses pour 2014.
Sur
la situation actuelle, c’est 50.000 chômeurs en catégorie A et 125.000 sur
l’ensemble des catégories qui grossiront le nombre de demandeurs d’emplois en
avril 2014. D’une façon plus globale on note que l’on peut espérer en 2014 retourner
au rythme annuel réalisé en avril 2010 soit en sortie de crise. Toutefois la
hausse plus rapide du chômage jusqu’en avril 2013 est concomitante avec le
changement de gouvernement, ce qui tranche nettement avec le début de la
Présidence de Sarkozy. Il faudra en expliquer les raisons et vérifier ou non si
les variations de la croissance y sont corrélées. Ce sera l’objet d’un prochain
article.
Mois après mois les paroles repoussent
les échéances
Manipulent les chiffres et tissent de
faux espoirs
D’une France qui regarde passer les
trains !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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