La
législation sur le travail du dimanche est une merveille de bricolage digne des
entreprises du même nom auxquelles elle s’applique. Lorsqu’une difficulté
sociétale se présente, la France a le génie des actions législatives
compliquées, ménageant la chèvre et le choux, mécontentant un maximum de gens
et laissant celle-ci à résoudre par l’équipe dirigeante suivante. Le problème de
la patate chaude c’est de s’en débarrasser au plus vite et non pas de chercher
le moyen de la refroidir suffisamment pour la consommer.
C’est
ainsi que l’État avait déjà légiféré de telle sorte que les conflits d’intérêt
ne pouvaient que resurgir… et l’on va donc de nouveau légiférer pour amender la
législation précédente. On y ajoute dans le discours deux compléments d’action,
l’un commun à la droite et à la gauche c’est « simplification », et
l’autre cher à la gauche « justice ». Les plats gouvernementaux ne se
servent plus sans le sel de « plus de simplification » et le poivre
de « plus de justice »… pour aiguiser l’appétit de citoyens gavés de
lois insipides.
Il
ne vient évidemment à l’idée de personne soit d’interdire le travail du
dimanche soit de ne rien interdire du tout, ce serait beaucoup trop simple.
J’ai pourtant le souvenir d’une Angleterre avec le « Sunday it’s
closed », où la famille anglaise, déjà peu encline au travail à cette
époque du grand Commonwealth, savourait des dimanches paisibles sans cinéma,
sans match, et pratiquement sans télé mais fort heureusement autour d’une tasse
de thé et des petits gâteaux achetés la veille. Je m’y suis fort ennuyé mais la
règle était simple et donc… respectée.
Évidemment la société de consommation a donné un appétit inextinguible d’achat qui
n’existait pas alors où l’on ne jetait pas une paire de chaussures avant même
qu’elle soit usée mais où on la faisait réparer. Désormais on consomme de
l’électronique à tout va, on fait la queue des heures pour avoir le dernier
modèle que l’on jette dans les mois suivants et qui, pour 80% de ces objets,
finissent dans les déchets d’une société qui dépense des fortunes pour
l’écologie ! Donc aujourd’hui le besoin d’achat ne cesse pas le dimanche
comme par enchantement et internet ne s’arrête pas d’engranger des commandes.
Certains,
catholiques pour la plupart d’entre eux, osent parler du jour consacré au
Seigneur. Mal leur en prend car ils sont vilipendés comme de dangereux
survivants d’une époque moyenâgeuse qu’il faut faire taire et s’agenouiller
devant la morale laïque novatrice, source des nouveaux progrès de la société.
Même si l’on est bien en peine de trouver quelque nouveauté dans les préceptes
de celle-ci, pâle copie édulcorée de la morale chrétienne. On y trouve par
contre la confusion des lois de la nature réinventées pour plaire à des
minorités et détruire le fondement de base de notre société, la famille. Ce
ciment détruit, l’aliénation de ses membres, leur dispersion, laisse le champ
libre aux nouveaux manipulateurs qui n’ont rien à envier aux déviances des
religions et à leurs exactions sur les esprits et les corps de nos ancêtres.
Exit
donc le problème de notre patrimoine culturel et religieux pour se recentrer
sur des aspects sociaux-économiques. Les difficultés viennent des intérêts
contradictoires des individus et des corporations. L’individu aisé qui sort
d’une semaine harassante sera souvent dans le camp des « contre », le
salarié au SMIC ou l’étudiant aux parents sans ressources sera lui souvent dans
le camp des « pour ». Globalement on a 2/3 « Contre » et
1/3 « Pour ». La logique voudrait que le gouvernement suive la
majorité et légifère « Contre » mais sa majorité électorale est si
faible qu’il ne doit mécontenter personne, dilemme qu’il résout
traditionnellement par le bricolage législatif. Il ne résoudra rien, pas plus
aujourd’hui qu’hier, mais gagnera du temps, c’est tout.
Il
en est pourtant du travail du dimanche, comme de la retraite, l’État s’octroie
le droit de restreindre la liberté du citoyen. Il légifère ainsi pour décider
du moment de la retraite, des jours d’ouverture des commerces et entreprises,
des jours de travail. En Australie on prend sa retraite quand on veut, nous non
au pays de la soi-disant liberté. Pourquoi faut-il restreindre la liberté de
travailler et d’entreprendre ? Pour justifier de son pouvoir. Pourtant l’État
est là pour donner le cadre de la liberté de travailler en imposant justement
la liberté garantie de le faire ou non. Nul ne peut imposer le travail sauf la
justice aux condamnés (autrefois !).
C’est
cette tâche difficile de respect de la liberté des individus qui est la
difficulté d’une législation « juste ». Le reste n’est qu’une
négociation pécuniaire et de temps de repos qui ne présente aucune difficulté à
trouver un terrain d’entente sur la base du volontariat. Il n’y a plus alors de
bricolage, la loi s’impose à tous sans exception. Trop simple pour les élèves
de l’ENA, et à éviter, il se pourrait qu’un français moyen comme moi arrive à
comprendre ! Et puis si l’on résout tous ces petits problèmes de société
que nous restera-t-il pour cacher les vrais problèmes qui touchent gravement
notre pays et qu’on ne peut ou qu’on ne veut pas résoudre ?
La France, qui ne sait plus décider hors
la privation de liberté,
La France, qui est nourrie des bouillies
législatives,
La France, poule mouillée, sera plumée
et rôtie
Par le Soleil Levant !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon