En ce dimanche réjouissez-vous bonnes
gens, vous allez payer plus d’impôts. Nous sommes dans un pays formidable, un
pays où l’amour de notre pays nous pousse à donner toujours plus à un État dont
le talent fiscaliste nous place en première position européenne. Non seulement
nous sommes les premiers dans l’art de l’imposition, ce suppositoire qu’il s’agit
d’introduire avec une douceur experte, mais nous avons une variété de l’impôt
qui ne se dément pas au fil des gouvernements successifs. Mais ce n’est pas
tout, notre réputation européenne va même jusqu’à notre efficacité reconnue
dans le recouvrement de l’impôt.
L’art de l’imposition consiste à plumer
l’oie pour obtenir le plus possible de plumes avec le moins possible de cris. »
Colbert
Le français est inventif, la meilleure démonstration
de son inventivité c’est l’impôt. Il n’est plus un ministre qui ne trouve pas
une nouvelle idée pour laisser son nom sur un nouvel impôt. Vous voulez de l’écologie,
c’est simple il suffit de créer un impôt écologique. Vous voulez que les femmes
travaillent, c’est simple vous faites en sorte que rester au foyer signifie
plus d’impôts sur le revenu. Le travail est pénible, donc si vous voulez que
les français travaillent moins vous taxez les heures supplémentaires. Vous
voulez que le capitalisme soit éradiqué, vous augmentez l’impôt sur les
sociétés. Vous pouvez aussi faire fuir les capitaux eux-mêmes en surtaxant les
dividendes. L’idée vaut aussi pour l’immobilier, les successions, les
assurances-vie.
Croyez-moi il n’y a pas de problème qui ne trouve
pas sa solution dans l’impôt. Vous voulez que les français n’achètent plus d’automobiles,
vous augmentez le prix des cartes grises et du carburant, les radars sur les
routes et le prix des PV de stationnement. D’autant plus qu’il est toujours
possible d’aider les constructeurs d’automobiles à survivre à la baisse des
demandes grâce aux impôts collectés par ces taxes géniales. Vous voyez c’est
simple. L’Allemagne sur ce point a la lourdeur toute germanique. Elle n’a pas
notre imagination fertile et notre raffinement. D’ailleurs notre idée de taxer
les boissons énergisantes montre que nous débordons d’énergie et celle de
surtaxer les parcs d’attraction est le signe même de notre attractivité pour
tous les pays qui nous envient.
Toutefois on pourrait se trouver dans une situation
où la nécessité de l’impôt ne s’imposerait plus. Il faut veiller à cela. C’est
pourquoi il faut toujours être à l’affût de nouvelles dépenses que l’on peut
déclencher à la demande et rapidement lorsque le besoin s’affaiblit. Les
croisades, toutes à but démocratique et humanitaire, sont le plus sûr moyen de
créer l’impôt et, cerise sur le gâteau, de faire marcher notre industrie de l’armement.
Heureusement les impôts sont comme les énergies, ils sont renouvelables. Une
fois créés, ils ne disparaissent plus.
Une autre idée géniale pour créer des nécessités d’impôt
est la résolution des problèmes par la création de Commissions ou de groupes d’experts,
sommés de rendre des rapports qu’il faut vite mettre dans la fosse aux
oubliettes car ils ne sont pas du tout dans les vues du pouvoir. Regardez ce
rapport demandé pour mieux gérer l’immigration, il va permettre de le laisser
dans « un-pot au noir » dont il ne sortira plus. Mais tout impôt doit
être généré par une dépense, c’est pourquoi il faut être vigilant. Imaginez-vous
que l’on nous impose, si je puis dire, un impôt qui ne couvre pas une dépense ?
Ce serait immédiatement le refus de l’impôt, payé pour rien. Non il faut être
sérieux en la matière, sinon le peuple ne comprendrait pas.
J’oubliais le plus important. La création de
Commissions d’études, sur tout sujet que l’on veut enterrer de préférence,
permet d’y placer des hommes et femmes politiques en déshérence et donc de
diminuer le chômage. Mais on peut le faire sur une plus grande échelle. Si l’on
veut que la sécurité de nos citoyens génère de l’impôt, il faut d’abord qu’elle
s’affaiblisse. On va donc, dans un premier temps, relâcher des récidivistes
dont on sait que la probabilité est la plus grande de les revoir dans la
délinquance. Dans un deuxième temps, on va donc pouvoir décider d’augmenter le
nombre de policiers et le tour est joué. La dépense est créée, l’impôt suivra.
Dans le même ordre d’idée, on peut le faire avec l’Éducation
Nationale. Dans un premier temps on manipule les horaires de travail, on change
les programmes, on ajoute des matières non indispensables, on introduit des
réflexions sur le sexe des anges, on fait décrire par les enfants eux-mêmes, durant
de longues heures, ce que l’on aurait pu leur expliquer rapidement, on met la
discipline au rang de la coercition des enfants, etc. On constate alors que le
niveau moyen des élèves diminue. On crée ainsi des milliers de postes d’enseignants
qu’on pourvoit en baissant les notes d’admission. Le tour est joué, on a moins
de chômeurs et l’impôt va suivre.
Non je vous le disais, il y a vraiment de quoi se
réjouir du fait que depuis quarante ans, notre imagination créatrice d’impôt
nous permette de tenir notre rang de grande puissance… de nos gouvernants,
grands créateurs d’impôt aux roses socialistes de préférence.
« La France est un pays extrêmement
fertile : on y plante des fonctionnaires
et il y pousse des impôts. »
Georges Clemenceau
A âme politique bien née, rien d’impôt cible !
Bon dimanche et vive la France !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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