Comme pour le Mali, la campagne de
nos armées commence par des morts dès le début de l’opération. Un soldat de
métier a choisi l’armée et les risques qui vont avec, mais on ne peut que
déplorer la mort de deux jeunes français. Encore faut-il que la cause défendue
par ces deux hommes mérite de l’être. L’intervention humanitaire est toujours
un bon prétexte car nous ne pouvons accepter de voir mourir des milliers
d’hommes, de femmes et d’enfants dans l’indifférence la plus complète.
Toutefois l’intervention humanitaire, nécessaire dans de nombreux pays du
monde, était-elle dévolue à la France seule et n’aurait-elle pas due être
faite plus tôt ?
Seulement nous nous retrouvons seuls dans la position de
gendarmes de l’Afrique et dans une mission d’interposition typiquement
onusienne. Or nous savons que les États-Unis ont la mainmise sur l’ONU, grâce
aux bakchichs ou à la pression
économique sur nombre de pays plus ou moins développés. Le seul blocage
possible est le véto de la Chine et de la Russie. Le Centrafrique n’est
pas
d’un intérêt puissant pour ces deux grandes nations et s’opposer à une
intervention humanitaire aurait été mal venue. La France, avec l’aval
des États-Unis, n’avait donc aucun mal à obtenir l’aval de l’ONU.
Toutefois nous avons décidé cette intervention dans la
précipitation alors que la situation était explosive depuis l’exil de Bozize,
représentant légal que nous aurions pu aider à reprendre la situation en main.
Nous avons attendu que la situation tourne aux massacres pour intervenir. Nous
le faisons dans un contexte de chaos où la Seleka musulmane a plus ou moins
pris le pouvoir et nous devons respecter ce pouvoir intérimaire jusqu’aux
élections en… ? Celui-ci couvre plutôt ceux qui l’ont mis en place que les
autres et c’est ce qui fait se lever la population chrétienne majoritaire. Les
meurtres et les armes sont désormais de part et d’autre. Désarmer les chrétiens
ou les musulmans c’est les exposer sans défense aux vengeances qui ne s’éteindront
pas si tôt.
Nous sommes donc partis sans prendre le temps de gagner à
notre cause nos partenaires européens et désormais il est bien difficile dans
espérer plus qu’une aide symbolique. Comme il s’agit d’une ancienne colonie
française, il est facile de considérer que la France a le devoir d’y aller et
d’assumer sans aide particulière. Par ailleurs le relais pris par les troupes
africaines n’est pas pour demain car les 6.000 hommes entraînés et équipés
prévus n’est pas pour demain vu le temps qu’il faut pour les réunir au Mali. De
plus des tchadiens et des soudanais se sont introduits déjà dans le pays et
aident la Seleka. Les soldats tchadiens musulmans, les plus aguerris, ne sont
pas sûrs dans un conflit inter-religieux.
Nous sommes donc en Centrafrique pour longtemps et la mission
de paix est une mission quasi impossible car le pays est la cible des
intégristes musulmans qui évoluent dans tout le centre et une partie de l’est
africain jusqu’au Kenya. Les armes collectées dans un premier temps se feront de
plus en plus rares car de mieux en mieux cachées et les prises seront
principalement individuelles. Nos soldats, dont la présence est appréciée
provisoirement par les chrétiens, ne peuvent qu’être honnis par les musulmans
et ont toutes les chances de décevoir les chrétiens par les actions de
désarmement contre eux.
Nos soldats sont en ligne de mire et ne savent pas qui est
l’ennemi. Ils sont exposés à tout instant en dehors de leurs zones contrôlées.
Ils ne peuvent s’appuyer sur aucune structure étatique, soit inexistante soit
très peu faible. Par ailleurs Bangui est la ville la plus importante mais son
étendue va mobiliser beaucoup d’hommes pour y faire régner l’ordre. Mais le
pays est très vaste et les 1600 hommes sont bien trop peu nombreux pour quadriller
un tel pays. Les élections ne sont pas pour demain et nous devrons rester
jusque-là de toute évidence et subvenir aux besoins de santé et d'alimentation, si nous ne voulons pas que des soldats français
soient morts pour rien.
Cette opération arrive trop tard après l’exil de Bozize et
son résultat est désormais très difficile à atteindre. On peut réellement se
demander si nos soldats ne risquent pas d’y mourir pour rien. Il est temps que
les africains prennent en main les affaires de ce continent sinon nous allons
retourner vers des actions post-coloniales sans fin mais que nous cesserons sans
être finalement plus aimés que les américains en Afghanistan. C’est ce que
ressentent les 2/3 des français en même temps que nos élites dépensent notre
argent dans des croisades, mêmes humanitaires, alors que l’année 2014 s’avère
pire que 2013 pour le porte-monnaie des français. On ne peut en même temps
réduire drastiquement le budget des armées et les envoyer dans des missions qui
ne nous menacent pas.
Hollande voulait
tourner la page de l’Afrique
Elle est déjà ensanglantée !
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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