Fin
septembre 2012, en pleine connaissance de cause de la faiblesse de la
croissance et d’un chômage élevé, le Premier Ministre déclarait vouloir faire
un effort historique dans le budget 2013. Le gouvernement s'engageait à respecter les 3 % de déficit. Au prix d'une
cure qui, en l'absence de croissance, était inédite. Le ministre des Finances Pierre
Moscovici réaffirmait l'engagement de la France à réduire le déficit, de 4,5 %
cette année à 3 % l'an prochain, en invoquant la crédibilité du pays auprès de
ses créanciers. Il déclarait : "Les 3 % sont nécessaires pour la crédibilité du pays, pour la qualité
de la signature : nous les tenons et nous les tiendrons. Les 3 %, c'est ce qui
permet d'inverser la courbe de la dette en 2014 et je veux être le ministre du
désendettement".
Le Premier Ministre claironnait : "Si nous renonçons à cet objectif, alors,
tout de suite les taux vont remonter, et là, on sera dans la situation de l'Italie,
là, on sera dans la situation de l'Espagne et, moi, je ne veux pas ça", et
affirmait vouloir "dire stop à la
dérive des déficits et de la dette". Le budget 2013 a été bâti sur une
hypothèse de croissance de 0,8 %, que M. Ayrault jugeait "réaliste"
et "atteignable", malgré les doutes des économistes. Le
gouvernement avait prévu un effort supplémentaire de 30 milliards à ajouter aux
quelques six milliards de hausses d'impôts déjà votées en juillet et aux 2,5
milliards d'économies annoncées pour l'assurance-maladie, soit en tout presque
40 milliards.
Le gouvernement avait revendiqué d'avoir réparti
l'effort en trois parts égales : 10 milliards de prélèvements supplémentaires
sur les entreprises, 10 milliards sur les ménages et 10 milliards d'efforts sur
les dépenses de l'État. En tout, entre 2011 et 2013, cela portait à
une soixantaine de milliards les augmentations de prélèvements en France, en
deçà des cures d'austérité en cours en Espagne ou en Italie. Mais selon le
Premier Ministre, les nouvelles hausses d'impôts épargneraient "neuf Français sur dix" !
On se demande vraiment pourquoi neuf Français sur dix déclarent en avoir
ras-le-pot de l’impôt ! La promesse du déficit ramené à 3% en 2013 a
conduit le gouvernement à Bruxelles pour demander un report à 2015. Le déficit
budgétaire annoncé dans le rectificatif budgétaire 2013 sera de 4,1% du PIB (et
non 3%) soit 71,9Mds€. Voilà donc une rodomontade qui a rapidement tourné court,
la réalité a vite rattrapé le gouvernement et le déficit est augmenté de 10,4
milliards par rapport aux prévisions initiales. La baisse du déficit de 15Mds€
par rapport à 2012 n’a rien de très positif quand on augmente les impôts de
40Mds€. La croissance prévue à 0,8% va être de 0,1%-0,2%, de plus le lien entre
le taux de croissance et l’augmentation des recettes a été surévalué du double.
Du coup les recettes ne sont pas au rendez-vous, il s’en faut de 11,2Mds€.
Par contre les dépenses ne sont pas réduites comme prévu
malgré la baisse des taux d’emprunt qui permet d’économiser 1,9Mds€. Il a fallu
assurer des dépenses nouvelles comme le plan anti-pauvreté (une hausse de 10%
du revenu de solidarité active RSA, le renforcement de l’hébergement d’urgence
ou la lutte contre le surendettement) mais aussi des événements imprévisibles
comme l'intervention de la France au Mali, intervenue en cours d'exercice, pour
578 millions d'euros (dont 15 millions de masse salariale).
Compte-tenu de
dépenses sociales lourdes comme l’aide au logement pour 265Millions et l’Aide
Médicale d’Etat (AME) pour 156 millions, de 1,1 milliard de plus pour le budget
de l’UE, de l’augmentation de la masse salariale pour 417 millions, du redéploiement
du programme d’investissement d’avenir, de la politique de l’emploi, c’est plus
de 3,2 milliards de dépenses supplémentaires.
Ces dépenses sont compensées par l'abandon de lignes de crédit dont
certaines étaient jugées comme urgentes ou indispensables, sinon
pourquoi les aurait-on mis au budget ?
Au total le déficit budgétaire par rapport au budget initial
montre un accroissement de plus de 15% dû principalement à des prévisions
volontairement trop optimistes permettant d’éviter une vraie politique d’austérité
de la dépense publique basée sur des réformes structurelles profondes et une
chasse au gaspillage. Certaines dépenses comme l’AME sont un véritable tonneau
des danaïdes qui fait payer aux français des soins médicaux et chirurgicaux de vagues de
personnes venant du monde entier et quelquefois pour de simples interventions
de confort ou d’esthétique comme le crient haut et fort certains chirurgiens.
La France va donc augmenter sa dette plus que prévu et emprunter
185 milliards en 2014 pour faire face aux prêts venus à terme et aux intérêts d’emprunt.
Les taux bas ne tiennent qu’à la confiance des investisseurs dans la capacité d’épargne
des français mais cela peut cesser si la France prend du retard dans la
refondation de son économie et de sa fiscalité entre autres. Le remboursement
des intérêts de la dette représente déjà plus de 15% des recettes, le déficit
26% des recettes et nous emprunterons en 2014 la valeur de plus de 60% des
recettes.
Il
est évident qu’une entreprise ne pourrait y survivre mais l’État a la
grande chance (!) d’être considéré comme immortel et de pouvoir
repousser sur les générations futures le trou qu’il creuse depuis
bientôt
quarante ans. Dans le déficit annoncé il n’est même pas compté les 6,5
milliards que nous avons dû donner à l’UE pour le MES, laquelle UE nous
coûte par ailleurs plus
de 20 milliards cette année. Il serait temps de changer de politique
vis-à-vis
de l’Europe, de cesser de faire partie des pays du sud qui profitent à
l’Allemagne
et d’aider les entreprises à redevenir compétitives en allégeant
réellement la
pression fiscale, la lourdeur administrative et en cessant d’exclure
l’option d’une
sortie de l’euro alors que de plus en plus d’économistes y voient un
passage
obligé pour retrouver la compétitivité.
N’oublions pas néanmoins que, comme je l’ai montré récemment,
si nous étions aussi bien gérés que la moyenne des pays européens nous devrions
avoir 2% de chômage de moins, que 1% de croissance devrait nous abaisser le
chômage de 2% et qu’il ne génère que 0,4-0,5% de recettes en plus. Si la
croissance agit directement sur le chômage, la réduction du déficit passe par
la rigueur budgétaire et non par des augmentations de recettes substantielles dues
à la croissance, et encore moins par l’augmentation de la pression fiscale.
Le constat est sans
appel, la France est mal gérée !
Elle est enfumée par
des dogmes suicidaires,
Par l’attentisme, le
multiculturalisme béat,
Le déni d’identité, la
peur d’entreprendre,
Le confort de l’État
providence.
Claude Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon
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