Le
début de l’été est exécrable non seulement par la météo mais par l’ensemble des
menaces qui pèsent sur les économies des principaux pays de la planète. La Chine,
menacée de l’éclatement d’une bulle immobilière, se replace dans une croissance
réelle, si l’on en croit l’évolution de sa consommation électrique, soit avec des
chiffres proches de ceux des Etats-Unis donc une croissance qui ne peut plus
dynamiser l’économie mondiale. Aux troubles
dans les pays émergents qui n’arrivent pas à assumer une croissance en baisse, il
faut ajouter le krach boursier au Brésil, les difficultés du Portugal où deux
ministres démissionnent, les tensions sur le marché obligataire américain, le dérapage
de plus en plus incontrôlable des finances publiques françaises.
De l’aveu même du Ministre des Finances, le
gouvernement se prépare à augmenter les impôts en 2014 et ne risque pas de se
voir expulsé du gouvernement pour dire le contraire de son Président. L’épluchage
des dépenses publiques montre qu’il n’y a en réalité aucune baisse de la
dépense publique mais que le tour de vis devra se passer sur les budgets
annexes des prestations sociales et familiales et sur les retraites. Le tout n’évitera
pas une hausse des impôts, seule action que nos gouvernements savent réellement
mettre en œuvre.
Sauf à donner presque de force des emplois aidés, la
courbe du chômage en 2013 ne s’inversera pas malgré les incantations du
Président, la croissance sera négative, les recettes diminueront, la dette
augmentera. La confiance dans la France par les investisseurs est en baisse
avec la remontée des taux d’emprunt et augmentera la charge du remboursement de
la dette. Aucune embellie n’est en vue dans l’Europe et hors de celle-ci, les
moteurs économiques sont en panne. La politique française affichée pour 2014 s’est
recentrée sur la diminution des dépenses après les fanfaronnades du Président à
Bruxelles pour la croissance et celles de l’indépendance de la France par
rapport ses « recommandations » !
On rentre dans le rang, la queue basse, voilà la vérité. Vous me direz que notre situation est enviable par rapport à la Grèce, au Portugal, à l’Espagne et à l’Italie. Toutefois ces pays ne s’en sortent pas avec la politique d’austérité en cours et les banques y sont encore très fragilisées. Leur survie ne dépend que de l’aide que la troïka (BCE, FMI, UE) peut leur apporter pour leur équilibre budgétaire ou pour leurs banques.
Après l’Allemagne la France est le deuxième contributeur à ces aides qui ont déjà fonctionné pour la Grèce, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne. Elle a donné de plus sa garantie pour 140 Mds€ au Mécanisme Européen de Stabilité. Si un ou plusieurs Etats deviennent insolvables il faudra mettre la main à la poche. Ni la France ni l’Allemagne ne pourront supporter des aides substantielles à l’Espagne ou à l’Italie et le montant du MES sera insuffisant.
Chypre, Grèce, Portugal s’annoncent comme des menaces sérieuses pour la zone euro. Le chômage grec et portugais, ainsi que leurs taux d’emprunt ne peuvent continuer sans créer une situation incontrôlable. L’Europe du Sud s’est habituée à ce que la solution soit plus d’aides, de subventions, plus de fonctionnaires, le tout financé par le crédit. C’est le problème majeur de cette crise : confondre croissance du crédit et croissance de l’activité économique rentable. De plus la France ne veut pas comprendre que l’impôt tue l’impôt.
On ne peut que constater qu’en période de stagnation, voire de récession, de l’activité économique, le couple austérité-croissance tourne en rond sans pouvoir sortir de son tourbillon descendant d’appauvrissement du pays. L’Europe du sud s’asphyxie de plus en plus rapidement, brisée par le dogme de l’euro. L’heure arrive où l’Allemagne fera ses comptes et ne tirera plus sa richesse de pays européens exsangues. L’heure arrive où des printemps européens vont fleurir.
L’euro est désormais en survie artificielle comme Mandela et ses docteurs vont devoir dès juillet se pencher sur les pays les plus malades pour une nouvelle médication. A l’automne tout va se précipiter… Jusqu’à quand l’euro résistera-t-il ? Cela dépend de la ténacité que mettront les dirigeants européens à appauvrir leurs peuples et de la capacité de résistance de ceux-ci. Pour l’instant en France, le dogme « Pas de salut en dehors de l’euro » tient bon et « si l’on a des problèmes insolubles c’est la faute de Bruxelles ». On rajoute à cela « Nous tiendrons nos engagements » (réajustés en permanence).
Une partie du peuple français se rend compte que le dogme de l’euro ne peut plus être affirmé comme un postulat. C’est pourquoi les deux partis gouvernementaux, qui s’y accrochent sans sortir la France de la crise, voient leurs électeurs se détourner d’eux. Les « affaires » qui les salissent ne font que donner plus de sens à leur désamour.
Si
le printemps fut froid, l’automne sera chaud,
Après les élections allemandes
L’euro y jouera sa survie !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon