Nous avons parlé de la dette publique qui oblige les
Etats à emprunter mais il y a tous les emprunteurs privés, les ménages, les
spéculateurs et les entreprises. A titre d’exemple la dette publique de 2011
était de 86% du PIB, celle des ménages de 48%, celle des spéculateurs de 95% et
celle des entreprises de 150%. Le total de toutes ces pourcentages c’est environ
380% du PIB, soit en 2011 une dette globale de 7.600 milliards d’euros
Les chiffres donnent le tournis car cela représente 38
fois les recettes de 2011. Evidemment la situation s’est encore aggravée
puisque la dette publique va augmenter de 5% du PIB en 2013 par rapport à 2011
et les autres dettes au moins à l’avenant. Nous sommes engagés avec de nombreux
pays dans une course en avant que rien ne semble devoir arrêter avec une
augmentation continuelle des dettes que très vraisemblablement aucun pays ne
pourra rembourser.
Les dettes sont comme les arbres, elles ne peuvent
croître indéfiniment. Mais elles sont devenues une drogue dont les Etats et le
système économique ne savent plus se passer.
Pour enrayer la récession économique et soutenir
leur économie, les Etats ont mis en place des plans de relance massifs,
creusant le trou de leurs portefeuilles déjà fortement délestés par la baisse
des rentrées fiscales. De nouveaux chiffres des économistes du FMI suggèrent
que la dette publique des dix pays les plus riches va passer de 78% du PIB en
2007 à 114% d'ici 2014, rappelle The Economist.
"Et les ondes de la dette d'aujourd'hui,
contrairement à l'après seconde guerre mondiale, ne sera pas temporaire. Même
après la fin de la récession, peu de pays riches pourront faire des coupes
drastiques dans leurs budgets afin d'éviter que ne s'envolent encore plus leurs
déficits", se désole le magazine.
C’est bien le cas de la France qui va réduire d’une
quantité négligeable son budget en 2014 par rapport aux incertitudes qui pèsent
sur la prévision dans une période où les chiffres de croissance sont
constamment revus à la baisse. C’est encore aujourd’hui le cas du FMI qui
abaisse la valeur moyenne de la croissance mondiale. Par ailleurs toute l’économie
de marché est liée aux Etats-Unis et plus particulièrement à la Banque fédérale.
La planche à billets y tourne à plein régime et les taux d’emprunt sont maintenus près de zéro.
Nous vivons à crédit et tant que la croissance n’est
pas du même niveau que le pourcentage d’augmentation de la dette, nous ne
pouvons sortir de ce cercle vicieux qu’en diminuant toutes les dépenses
inutiles voire de la gabegie. Nous n’en prenons pas le chemin. L’ajout d’une
strate supplémentaire dans le « mille-feuille » structurel de l’organisation
territoriale ne peut engendrer des économies de dépenses et on peut rester
sceptique sur le fait que cela génère des recettes compensatrices.
La menace que fait peser la dette est double. La
première c’est de reporter celle-ci sur les générations futures ou supposer que
le remboursement ne se fera jamais. Ce dernier raisonnement poussé au niveau
des grandes économies occidentales conduit à une nouvelle catastrophe mêlant
Etats et banques lorsque les intérêts des crédits ne peuvent être remboursés et
où la confiance des investisseurs disparaît. La deuxième c’est que des Etats
les uns après les autres ne digèrent pas une politique d’austérité
essentiellement basée sur les impôts et taxes sans possibilité efficace de
relancer la compétitivité donc la croissance.
C’est le cas de la France qui s’est
désindustrialisée et qui ne dégage pas dans la diminution de ses dépenses
actuelles les moyens financiers pour de vastes investissements productifs dans
les infrastructures et la recherche par exemple. Faire payer plus les médicaments
ou moins les rembourser, diminuer les retraites, ce n’est que de l’impôt, or l’impôt
finit par tuer l’impôt. La perte du levier monétaire, utilisé avec succès avec
le Serpent Monétaire entre autres, enlève toute possibilité de relancer
vigoureusement la croissance. La dette devient suicidaire en période de
stagnation, car elle s’autoalimente de remboursements d’emprunts par de
nouveaux emprunts.
Il est temps de changer notre politique avant de sombrer
dans un cataclysme généralisé qui jettera dans la rue les plus pauvres et
ruinera les plus riches. Les élections européennes doivent être l’occasion de
pousser les idées d’une autre façon de faire fonctionner l’Europe, dans la
souveraineté des peuples et dans la démocratie. Il est temps de tenir la dragée
haute au trio Etats-Unis-Royaume-Uni-Allemagne et de construire une Europe pour
le bonheur de ses citoyens et non une pompe d’argent des masses laborieuses
vers les grandes institutions et cartels économiques et financiers.
La
spirale de l’endettement anesthésie les volontés d’en sortir
La pauvreté
qui s’abat sur l’Europe fait croire au miracle
Miracle
toujours annoncé et toujours évanoui !
Les
bonimenteurs méritent les escopettes !
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF Languedoc-Roussillon