L’aventure
de l’euro a déjà une longue histoire sur deux générations… quarante ans depuis
1973 par la loi dite « Pompidou-Giscard
» passée sous pression américaine. En effet à partir de cette date, l’Etat ne pouvait
plus emprunter à la Banque de France, il devenait obligé de s’adresser à des
banques privées et donc de payer des intérêts. Curieusement c’est à partir de
1974 que le déficit public s’est installé avec une hausse constante de la
dette. Il est difficile d’y voir un effet du hasard quand on sait que sur 2.000
milliards de dettes, nous avons payé 1.450 milliards d’intérêts aux banques
privées.
L’Allemagne,
qui avait bénéficié d’une aide américaine importante après 1945, est devenue le
« cheval de Troie » de la pression américaine sur de nombreux pays d’Europe.
Cette alliance avec le pays le plus puissant du monde était dans le droit fil
de sa politique, depuis Guillaume II, qui considère que ce pays est le centre
de l’Europe et a vocation d’empire germanique. Depuis nous ne sommes pas sortis
d’une pression germano-anglo-saxonne qui rêve d’une politique de libre-échange
ouvrant le deuxième marché du monde, sans puissance militaire, aux exportations
américaines et au bon vouloir de la City.
Est-ce
par bêtise, par orgueil ou par naïveté que François Mitterrand a voulu
parachever la création de l’Union Européenne par la monnaie unique ? Nul
ne le saura jamais, mais il est probable que ce président, qui rêvait de
laisser un nom dans l’histoire aussi prestigieux que celui qu’il avait combattu
pour accéder au pouvoir, a pensé que le moment était venu. Les français mal
informés, enfumés par le rêve de leurs poilus « Plus jamais ça ! »,
ont permis la signature du traité de Maastricht. Comme on met un bracelet
électronique au condamné, l’Allemagne avait mis la France libre sous condition.
Comme on laisse ses habits civils au guichet en entrant en prison et on enfile
les habits du taulard, la France a abandonné le franc et pris l’euro.
Aujourd’hui
les voix, qui s’étaient élevées à gauche et à droite (Fabius, Chevènement, Seguin,
Pasqua, De Villiers entre autres) pour dénoncer les défauts structurels
notoires de la zone euro, ne peuvent que constater que le pire est en route. De
la Grèce à l’Italie, en passant par l’Irlande, le Portugal et l’Espagne, la
zone euro est en feu. De Gaulle avait senti trop tard que l’accord
franco-allemand avec Helmut Khôl était un piège, où grâce à sa constitution et
à la Cour de Karlsruhe, l’Allemagne garantissait son indépendance. Cependant il avait
laissé le message de s’accrocher à une Europe des Nations, résolument non
fédérale et méfiante vis-à-vis de l’autre cheval de Troie des Etats-Unis, l’Angleterre.
Le
Traité de Maastricht, complété par celui de Lisbonne, a mis à mal toute
indépendance de notre pays. Les menottes de l’euro sont posées et tout est fait
pour lier entre eux les différents pays et rogner leurs pouvoirs régaliens. Ces
menottes c’est l’union bancaire, le Mécanisme Européen de Stabilité, le
contrôle budgétaire, les pouvoirs de coercition de la troïka (UE, BCE, FMI), le
renforcement du rôle de la BCE, la Cour de Justice Européenne, etc. et le futur traité de libre-échange.
La
dette et le chômage des pays européens n’ont jamais été aussi élevés, continuent
à croître et la récession fait plus que de rôder, hors l’Allemagne et ses
satellites, pour un temps encore jusqu’à épuisement de l’Europe du Sud. L’Europe
elle-même est devenue un sujet de préoccupation au niveau mondial et les
Etats-Unis viennent nous déverser leurs bons conseils d’augmentation de la dette
dont on attend toujours les résultats chez eux.
L’histoire
écrira un jour l’immense culpabilité de ceux qui ont cherché à imposer une
Europe fédérale en contrebande, par le biais de la monnaie unique, à des
peuples qui n’en voulaient pas. L’histoire écrira la perte de la démocratie
dans une Europe technocratique, livrée aux banquiers, aux grands investisseurs
et aux multinationales. L’histoire écrira la disparition des nations, la perte
des sentiments identitaires, et l’immigration de peuplement ouverte à un
continent sans frontières. L’histoire écrira la dérive d’une union sans visage,
sans pouvoir politique, sans défense hors celle de ses prédateurs et qui ne
sait vers quelles limites territoriales elle court. L’histoire écrira que cette
aventure n’avait qu’un seul but l’argent des grandes puissances économiques et
financières cachées derrière des pays puissants. Ce but c’est une nouvelle conquête
sans armée de peuples corvéables et incapables de s’opposer à leur
dépouillement…
Il faut ouvrir les yeux. L'avenir de l'Europe accroché aux Etats-Unis et
soumise à ces derniers est déjà acté. Les rodomontades des uns et des autres
sur une Europe forte, puissante, imposant sa loi aux blocs asiatique ou
américain, ne sont qu'un voile de fumée qui doit cacher que dans un avenir
assez proche, l'Europe ne sera plus que le 51ème Etat des Etats-Unis. L’avenir c’est
la création d'un Conseil Politique Transatlantique de haut niveau, chargé de
coordonner systématiquement la politique étrangère et de sécurité de ce nouveau
bloc. Au cas où quelque chose échapperait à l'OTAN, pierre angulaire de la
sécurité transatlantique, dont le rôle est gravé dans le marbre du Traité de
Lisbonne, le CPT serait chargé de rectifier systématiquement les
positions coordonnées...
"Or ce tyran seul, il n'est pas
besoin de le combattre, ni de l'abattre. Il est défait de lui-même pourvu que
le pays ne consente point à sa servitude. Il ne s'agit pas de lui ôter quelque
chose, mais de ne rien lui donner...
Ce tyran, soyez résolus à ne
plus le servir, et vous voilà libres. Je ne vous demande pas de le pousser, de
l'ébranler, mais seulement de ne plus le soutenir, et vous le verrez, tel un
grand colosse dont on a brisé la base, fondre sous son poids et se rompre."
(Etienne
de La Boétie. Discours de la servitude volontaire)
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du Languedoc-Roussillon
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