Arrêté le 16 juin en marge d’une « manif pour tous », cet
étudiant de 23 ans a été présenté trois jours plus tard en comparution
immédiate devant un juge, condamné à quatre
mois de prison dont deux mois fermes et incarcéré à
Fleury-Mérogis. Ce jeune militant très actif avait pensé être utile de
participer à un rassemblement devant le siège de M6, pour y « accueillir »
François Hollande. Cette pacifique provocation a incité, après dispersion, à
poursuivre quelques centaines de manifestants jusque sur les Champs-Elysées où
ils avaient prolongé leur chahut sans aucune atteinte sur des personnes
physiques ou des biens publics. Poursuivi et arrêté dans une pizzeria, Nicolas
est embarqué au poste de police, fournit une fausse identité, sorte de pseudonyme,
et refuse de se faire prendre ses empreintes et de se soumettre au test ADN.
Comme l’était la manifestation, on peut penser que l’attitude de ce jeune était
un peu verbalement provocatrice envers les représentants de l’ordre. La vidéo
ne montre cependant aucune attitude physiquement agressive.
Notre nouvelle Garde des Sceaux a dit par ailleurs que « pour
les délits mineurs la prison n’est pas la solution ». En conclusion les faits reprochés à
Nicolas sont donc très graves. Alors il faut comparer la gravité de ces faits
avec d’autres commis et aux peines encourues. Quelques jours plus tard, le 23
juin, 6.000 « anti-fas » défilaient à Paris. Abribus vandalisés,
drapeaux de l’Armée syrienne libre dans le cortège, vitrines bancaires brisées
à la clé à molette, devantures de commerce taguées de symboles anarchistes, « Nik
la France » sur la porte d’un immeuble ont montré le vrai visage de ce
mouvement. La police précise « Ce sont des groupes ultra-radicaux de
casseurs violents et très mobiles qui étaient venus en découdre ». Elle a
procédé à 14 arrestations et une seule garde à vue. Aucune peine de prison
ferme n’a été prononcée pour ces actes considérés donc comme « mineurs » !
A Tours en 2011, une militante antifasciste a été condamnée à
trois de prison avec sursis et à 1.300 euros d’amende pour avoir donné un coup
de tête à un policier lors d’une Gay Pride. Six mois plus tard elle a de
nouveau été condamnée à cent jours-amende de 10 euros pour avoir refusé un test
ADN. L’Institut pour la Justice relève le cas d’un homme condamné le 14 juin à
dix-huit mois ferme pour avoir violé sa voisine pendant deux mois, qui est
sorti de l’audience libre. Car c’est cet emprisonnement de ce jeune avec
des violeurs, des tueurs, des braqueurs qui choque dans une France où depuis
2009, la remise en liberté prévaut pour les peines de prison ferme inférieures
à deux ans.
Les propos de la Ministre de la Justice ne s’appliqueraient-ils
pas au cas de Nicolas ? La connotation politique de droite justifie-t-elle
que la règle ne soit plus appliquée ? L’homme libre ne peut qu’y voir
cette dernière hypothèse, Nicolas est la première victime d’une justice
politique, jugée non pas en droit mais en circonstances. Puni pour l’exemple…
mais pour quel exemple ? Celui d’un pouvoir faible qui ne supporte plus la
légitime résistance ? Aucun casseur du Trocadéro n’a été emprisonné lors
de la fête du Paris Saint-Germain… parce que casser vitrines, voitures et
édifice publics, dévaliser un bus d’étrangers, jeter des canettes sur la police
n’a aucune importance si cela n’a pas un relent de rébellion politique
droitière ?
Cette affaire est très grave sur le plan juridique, politique
et même philosophique. Elle fait suite à la regrettable affaire du décès du
jeune Clément Méric où on a trouvé, avant toute enquête, une occasion de
fustiger l’extrême droite et la droite complice pour un crime odieux. L’occasion
d’un « meurtre » permettait de mobiliser dans l’horreur et dans une
condamnation sans aucune circonstance atténuante pour un lynchage par des
skinheads provocateurs. On sait maintenant que la provocation était dans l’autre
camp. De plus RTL a révélé une vidéo tournée par une caméra de surveillance de
la RATP où l’on voit l’agresseur présumé, Esteban Morillo, se battre avec deux « antifas »
pendant que Méric tente, dans son dos, de lui asséner un coup sur la nuque !
Si dissolution de partis extrêmes il devait y avoir, ce devait être à gauche et
à droite !
Pour Nicolas, il s’agit bien d’un emprisonnement politique…
le premier depuis cinquante ans ! Mais attention !
« La violence n’est rien d’autre
qu’une force faible »
Vladimir Jankélévitch
« L’injustice appelle l’injustice
et la violence engendre la violence »
Lacordaire
Claude Trouvé
Coordonnateur MPF du
Languedoc-Roussillon
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