S’il
est un sujet qui est lié à notre identité c’est bien la culture. Elle nous a différenciés
à travers les siècles et en particulier depuis celui des Lumières. Qu’en
faisons-nous aujourd’hui ? A la montée d’une ferveur populaire, que l’on
ressent à l’augmentation des visites dans les musées, s’oppose une diminution
du nombre de grands peintres, musiciens, metteurs en scène, réalisateurs,
architectes. Pour les autres la créativité est en panne, elle cède la place à l’idéologie,
au vedettariat et à l’argent, prétend coller aux aspirations du peuple et ne
lui ouvre que des horizons nouveaux souvent peu perceptibles par la masse des
individus.
Or,
en matière culturelle, l’élite véritable n’est pas celle qui sait, mais celle
qui cherche à pénétrer le monde extérieur. Une japonaise très amie de la France
dit un jour : « La France
était, jusqu’au début des années 70, le grand leader mondial de la culture,
hélas, depuis lors, ce n’est plus du tout le cas ». D’ailleurs le
Ministère de la Culture s’est réduit à un rôle de distributeur de subventions,
toujours en baisse, et d’ « épingleur »
de décorations. Il a perdu sa véritable vocation, celle de pousser à l’enrichissement
personnel et à l’ouverture sur des horizons nouveaux comme le fit Malraux.
Mais
on ne peut parler de la culture sans parler de la langue française, l’un de ses
supports majeurs. La loi Toubon est largement tombée dans l’oubli et l’on se
targe désormais d’introduire des anglicismes dont les utilisateurs ignorent
souvent le véritable sens. La langue est torturée dans les SMS, cabossée dans une
orthographe et des règles grammaticales approximatives, et défendue de plus en
plus mollement dans les instances internationales comme l’Union Européenne et
les ambassades. Le français ne peut être une langue auxiliaire de l’Europe.
La
défense de la langue n’est plus une priorité, comme au Québec. Celle-ci s’efface
devant la nécessité d’apprendre l’anglais dès le plus jeune âge. François Copé
a même parlé de faire apprendre l’arabe. Les enseignants qui ont lutté il y a
encore peu, pour faire que l’école laïque enseigne le français et non le breton
sauf comme matière à option, doivent apprécier. La défense et le maintien de
notre langue est sans conteste un fondement de notre identité.
L’Afrique
francophone est immense et le nombre d’individus parlant le français dépasse
notre population. Notre langue par elle seule nous assure des facilités dans le
domaine économique et dans le rapprochement des liens avec une grande partie de
l’Afrique. Notre présence culturelle et linguistique devrait être une priorité
de nos gouvernants. Mais cela commence par la défense de notre langue à l’intérieur
de notre pays, et dans tous les pays et instances où elle était reconnue comme
langue principale. Notre langue a des qualités propres de précision et de
clarté qui l’a font préférer à l’anglais, en dehors du domaine technique, par
de nombreux étrangers qui sont pas dans l’empire anglophone.
La
France meurt aussi de ces forteresses inexpugnables, inflexibles que sont l’Education
nationale, les syndicats et les entreprises. Le « mamouth » résiste à
toute atteinte par une résistance à tous les ministres qui l’ont encadrée sous
le slogan sacro-saint « nous manquons de personnel ». En réalité le
nombre moyen par élève n’a rien d’affolant mais par contre le salaire des
enseignants n’est plus incitatif compte-tenu de l’aggravation des difficultés
du métier devant une jeunesse moins éduquée. Le métier est délaissé et pour recruter
on doit concéder sur la qualité des futurs enseignants. Avec des salaires
nettement plus élevés, on pourrait alors demander plus d’heures de
disponibilité comme on le fait en Finlande.
Les
révisons incessantes des programmes, des horaires avec un pas en avant et deux
pas en arrière, les expérimentations sans suite ou hâtivement mises en œuvre, le
décentrage par rapport à la mission première
de préparer à un métier avec les bases du savoir indispensables, l’administration
pléthorique des rectorats où nombre de tâches peuvent être allégées, sont
autant de pistes pour refaire un enseignement reconnu dans le monde entier
comme il l’était il y a quarante ans.
Le fonctionnement
d’un syndicalisme, légalement représentatif mais ayant peu de syndiqués, se
cantonne dans une discussion cloisonnée, les propositions pour le patronat, les
contestations et revendications pour les syndicats. Le dialogue de sourds est
de savoir si, autour de la table de négociations, on va réussir à tirer plus de
nappe vers soi et non de coopérer. Les forces influentes sur les entreprises
importantes, actionnaires, directions, syndicats, vivent dans des mondes qui s’ignorent,
non coopératifs, donc prennent des
décisions non optima. Une révolution dans ce domaine s’impose dans un univers
économique en perpétuelle mutation.
Pour renaître il faut d’abord aimer la France,
Comprendre que nous sommes
collectivement responsables,
Mieux préparer les jeunes à leur futur
au service de l’Etat et des entreprises,
Créer dans ceux-ci un nouveau monde
coopératif et innovateur,
Et se battre pied à pied pour défendre
notre identité !
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon