Les
français auraient-ils perdu le sens de la nuance pour se perdre constamment
dans des débats idéologiques ? Ces débats stériles entre libéralisme et
dirigisme, où l’on oppose l’Etat qui fait tout au marché qui résout tout, ne
font que confirmer que le français qui était nul en géographie affiche la même
nullité en économie. C’est cette infirmité qui lui empêche d’anticiper le monde
de plus en plus évolutif.
Des
changements fondamentaux s’annoncent, dont les effets ne se font pas encore
pleinement sentir sur l’économie et la société, mais qu’il faudrait sans trop
tarder commencer à prendre en compte. Des changements fondamentaux s’annoncent,
dont les effets ne se font pas encore pleinement sentir sur l’économie et la
société, mais qu’il faudrait sans trop tarder commencer à prendre en compte. Il
en est ainsi notamment avec le travail. Pour un même individu, les formes de
travail se diversifient. L’emploi est de moins en moins fixe. Il ne suffit pas
de considérer le chômage seulement comme un avatar de la crise. Il faut s’y adapter
par la formation, l’enseignement et la préparation des mentalités sous peine de
subir le plein effet d’une crise destructrice d’emploi.
Une démocratie n’a d’intérêt
que si elle a pour but le bien commun mais elle ne peut être la somme des
intérêts particuliers. L’individu ne peut sans cesse réclamer en même temps
protection et liberté. Il faut choisir entre être loup libre ou chien protégé,
on ne peut être les deux à la fois. Le français perd son libre-arbitre, fuit
les responsabilités et tend à une collectivisation de ses comportements tout en
pratiquant un individualisme exacerbé.
Avec
la mondialisation qui a creusé la fracture sociale, la notion de patrie s’est
affaiblie avec en même temps la perte du sentiment que le citoyen doit se plier
à une dimension supérieure au souci d’œuvrer pour l’amélioration de sa
situation personnelle. Ceci se traduit par une perte de projet commun et d’idéalité.
Du même coup dans une évolution qu’il ne maîtrise plus, il brouille ses repères
moraux, sociétaux, environnementaux. « L’autorité,
dans son principe remise en cause, est reçue comme un abus de pouvoir. Les
élites sont disqualifiées, déclassées, voire déchues, sans que des minorités
agissantes prennent le relais au service du bien commun. D’autres minorités,
obsédées d’elles-mêmes, s’enrichissent sans vergogne dans l’indifférence à la
situation et au sort de l’immense majorité des autres Français, elles ne voient
même plus ceux-ci. » (Francis GUTMANN)
Dans
radio-Londres, durant la dernière guerre, on entendait « les français
parlent aux français », cette voix s’est tue. Notre démocratie tend à devenir
le régime de l’inégalité, de l’injustice et d’une liberté de plus en plus
restreinte et surveillée. Le chacun pour soi ne peut mener qu’au chaos. Il
faut vite en revenir à des vérités fondamentales. Le sens de la participation
ne peut s’abstraire de la responsabilité. Tous les hommes, dans une société,
sont égaux en dignité, quels qu’ils soient, quoi qu’ils croient, où qu’ils
soient. Chaque homme a droit à un accomplissement personnel dans un destin
collectif. La route sera longue pour changer les comportements individuels et
collectifs mais la France se doit d’y retrouver son identité. Comme les
résistants pendant la guerre, il faut y croire pour le vouloir.
Sans
véritable pratique de la démocratie, politiques et citoyens tendent à évoluer
dans des mondes différents. Ils utilisent les mêmes mots, sans partager le même
langage. L’Etat, le pouvoir central, n’est plus à même d’être
partout en charge de l’intérêt général dans une société de plus en plus
complexe. La multiplicité des sujets et leur complexité obligent à la
décentralisation notamment au niveau des collectivités territoriales. Elle ne
doit pas être la revanche des Girondins sur les Jacobins. Il s’agit de répartir
les tâches en vue de la meilleure efficacité.
C’est
là un chantier primordial dans l’adaptation au monde actuel. La décentralisation
réussie doit donner à chaque échelon des tâches précises et distinctes.
Celles-ci sont décentralisées à l’échelon où elles prennent leur maximum d’efficacité.
Mais par ailleurs l’Etat doit rester fort et en mesure d’exercer un droit de
contrôle et de coordination tant pour éviter de se trouver face à des « seigneuries »
contestant le pouvoir central que pour gérer l’interdépendance avec l’étranger.
Il ne semble pas qu’avec l’introduction du nouvel échelon de la « métropole »
on ait vraiment fait ce travail préalable.
La démocratie est un état d’esprit avant
d’être des institutions.
Pour qu’elle soit vivante, il faut
l’effort de chacun.
Claude
Trouvé
Coordonnateur
MPF du Languedoc-Roussillon