Nous assistons sur le plan
mondial à un scénario général qui ressemble à celui du Japon, le pays le plus
endetté du monde. L’essentiel de la dette japonaise est détenue par les
japonais eux-mêmes, ce qui n’est pas le cas des grecs, des américains… et des
français. Mais le Japon voit l’intérêt des prêts obligataires à 0,9%, plus la
dette japonaise se creuse plus les taux d’emprunts baissent ! Cela se
produit également aux Etats-Unis. De même, au Royaume-Uni avec de gigantesques
déficits budgétaires et des programmes d’austérité glissants, les rendements
sont passés de 5,5% en juillet 2007 à moins de 2%.
Autrement dit plus on s’endette
plus le rendement des obligations souveraines baisse.
« On peut s’attendre à ce que toute
l’économie mondiale “devienne japonaise”. Ce qui signifie une baisse des prix
des matières premières. Une baisse du prix du pétrole. Une baisse du prix de
l’or. Une baisse des taux d’intérêt. De mauvais chiffres de l’emploi. Une croissance
basse ou négative. Une baisse des prix de l’immobilier… » Bill
Bonner
L’Europe
croule sous les dettes avec 10.421Milliards d’euros soit cinq fois le PIB de la
France. La France y émarge pour 1717Mds€, l’Allemagne pour 2088Mds€, l’Italie pour 1897Mds€, le Royaume-Uni pour 1293Mds€, l’Espagne pour 735€. Il ne s’agit là que
des dettes publiques, il faudrait y ajouter les dettes privées qui sont toutes
aussi impressionnantes.
- Les divergences entre les économies européennes s’accentuent, L’Agefi
- L’Allemagne épargne à l’Europe de tomber en récession, Financial Times
- Pour les banques italiennes, l’avenir est sombre, The Wall Street Journal
- Retrait d’argent massif dans les banques grecques, Le Figaro
- L’or au plus bas de l’année, Les Echos
Hormis l’Allemagne, toute
l’Europe est en récession ou stagnation (cas de la France, mais
plus pour longtemps à en juger par les indices manufacturiers). Les dettes
grossissent donc et les Etats doivent emprunter. Pour limiter le coût des
emprunts la BCE maintient un taux très bas, ce qui plombe au passage la
rémunération de notre épargne.
Par l’émission des obligations souveraines,
l’Etat français recycle une partie de notre épargne par le biais des livrets A
et des contrats en euros des assurances-vie. Comme cela ne suffit plus, il doit
aller chercher de l’argent sur les marchés et fait monter les taux d’emprunt en
fonction du degré de confiance des investisseurs dans la fiabilité du
remboursement du capital prêté. Cette confiance n’existe plus pour la Grèce, et
est fortement émoussée pour l’Italie, l’Espagne, le Portugal.
La croissance est insuffisante
pour pouvoir espérer réduire la dette sans des plans d’austérité draconiens qui
sont d’un tel niveau que les peuples ne peuvent plus les supporter. Mais une
croissance durable et saine ne peut être assurée par une injection d’argent
sortie finalement de la planche à billets. Elle n’a que des effets éphémères et
introduit des distorsions dans le système économico-financier qui aboutit à l’hyperinflation
ou à l’éclatement de « bulles » par ce déversement d’argent facile.
La France et l’Allemagne commencent
à se pencher sur la croissance comme remède souhaitable pour réduire le déficit
public mais les remèdes à la hauteur de l’enjeu ne peuvent générer que d’énormes
injections d’euros par la BCE, argent de la planche à billets. La BCE y a déjà
consenti, en dehors de ses statuts, mais garantit donc moins la maîtrise de l’inflation.
L’inflation est désormais d’un niveau en France qui dépasse le taux d’intérêt
du livret A, celui-ci a donc un rendement négatif. De plus ce remède, largement
appliqué par les Etats-Unis, aboutira dans un délai assez court au retour d’un
paroxysme de crise connu en 2008-2009.
Le monde est engagé dans une
course folle où tout le monde s’endette au-delà de ce que la croissance peut
assumer. Il faut redire, que si l’on fait abstraction du progrès technique sur
la fabrication des produits, la somme des « croissances » est à
valeur nulle quand on n’injecte pas de l’argent factice. Autrement dit on ne
peut s’enrichir qu’aux dépens des autres. C’est ce que fait l’Allemagne en
Europe. Les progrès techniques sur l’abaissement des coûts de production sont
les seuls véritables moteurs de la croissance mais ils ne croissent pas au rythme
de l’endettement des Etats. C’est là tout le problème qui nous ramène à la
nécessité de gérer des budgets proches de l’équilibre, ce qui n’est pas le cas
en France depuis 1974.
La plus belle fille du monde
Ne peut donner que ce qu’elle a
Et miss Monde est nue !
Claude Trouvé