Ces deux pays, dont les destins
sont géographiquement liés, sont devenus plus interdépendants depuis le traité
de Maastricht et la mise en place de l’euro. Ils sont maintenant l’illustration
de l’inefficacité de l’euro pour garantir une évolution économique positive
pour l’ensemble des pays. Les inégalités n’ont fait que croître entre en gros l’Europe
du Nord et l’Europe du Sud. Ces deux pays sont considérés comme les deux
piliers sur lesquels est bâti l’euro. Leur santé financière est indispensable
au FESF et au futur MES, Mécanisme Européen de Solidarité, qui doit le
remplacer ou le compléter. Pourtant force est de constater que les deux piliers
n’ont plus la même solidité.
Au moment où un nouveau
gouvernement français va prendre le relais, le fonctionnement de l’Europe va
voir s’affronter ces deux pays sur leur devenir et celui de l’UE. L’austérité à
l’allemande est remise en cause et la nécessité de croissance est devenue un
souhait beaucoup plus impérieux pour la France que pour l’Allemagne. Toutefois
la France est sous la menace de la perte de son AAA pendant que l’Allemagne affiche
sa bonne santé même si sa croissance est ralentie. De plus l’écart économique entre
les deux pays se creuse et se traduit par des taux d’emprunt qui divergent à
notre détriment.
Jetons donc un coup d’œil sur un
certain nombre d’indicateurs socio-économiques qui les caractérisaient fin
2011.
2011
|
France
|
Allemagne
|
PIB en Mds d’euros
|
2000,609
|
2570,8
|
Dette en Mds d’euros
|
1717,3
|
2088,472
|
Déficit public en Mds
|
103,074
|
25,8
|
Habitants
|
65.048.412
|
81.751.602
|
Ces principaux indicateurs nous
montrent que l’Allemagne est plus puissante économiquement mais que sa
population est plus importante ainsi que sa dette. Par contre son déficit est
faible, ce qui prouve que sa santé est récente. Il faut donc en savoir plus.
Autres indicateurs
|
France
|
Allemagne
|
Dette en Mds d’euros
|
1717,3
|
2088,472
|
Dette/PIB
|
86,40%
|
81,20%
|
Dette/habitant euros
|
26400
|
25547
|
Déficit public en Mds d’euros
|
103,074
|
25,8
|
Déficit/Recettes publiques
|
12%
|
2%
|
Déficit/PIB
|
5,15%
|
1,00%
|
Déficit/habitant en euros
|
1585
|
316
|
Dépenses publiques/PIB
|
55,90%
|
45,60%
|
Balance du commerce
extérieur en Mds d’euros
|
-70,05
|
158,1
|
Croissance
|
1,7%
|
3,0%
|
PIB/habitant en euros
|
30776
|
31466
|
Variation productivité 2011/2010
|
1,1%
|
1,6%
|
Taux d'emploi
|
63,8%
|
72,5%
|
Chômage
|
10,0%
|
7,1%
|
Variation du coût salarial/2005
|
12,3%
|
5,1%
|
Prix à la consommation/2005
|
13,82%
|
13,40%
|
Pouvoir d'achat/UE
|
13,2%
|
4,6%
|
Démograhie/2005
|
3,63%
|
-0,95%
|
On perçoit sur ce tableau que peu
d’indicateurs nous sont favorables. Parmi eux on note que notre pouvoir d’achat
a plus progressé que celui des allemands et que notre démographie est plus
favorable. On peut avoir toutefois une meilleure vision en représentant
graphiquement les variations relatives, favorables
ou non, de ces indicateurs entre les deux pays.
Quatre indicateurs nous sont
effectivement favorables la dette, le PIB/habitant, l’augmentation du pouvoir d’achat
et principalement la démographie. Cette dernière n’est favorable que dans la
mesure où l’on peut la suivre par l’éducation, la formation et surtout la
création d’emplois. Dans le cas contraire cela redevient un facteur
défavorable.
Par contre quatorze indicateurs
nous sont défavorables et pas des moindres. En premier lieu le commerce
extérieur où l’écart entre les deux pays a été de 228 Mds€ ! C’est plus de
deux fois notre déficit public. Mais huit indicateurs sont particulièrement
défavorables. Quatre d’entre eux concernent le déficit public qui s’avère lourd
par rapport au PIB, aux recettes publiques et au nombre d’habitants. En 2011
chaque français a vu croître sa dette de
1.585 euros qui atteint au total 26.400 euros, ce qui creuse l’écart avec l’Allemagne.
La croissance est devenue très
inférieure à celle de l’Allemagne et ceci se traduit principalement sur le
chômage et un peu moins sur le taux d’emploi. Il faut noter que cette
croissance faible s’est accompagnée d’un coût salarial augmentant plus
rapidement, de même que le pouvoir d’achat. On peut en déduire que le salarié
allemand a moins bénéficié d’une croissance forte que le salarié français d’une
croissance faible. Une bonne part de la différence de coût salarial entre les
deux pays y trouve son origine. On voit combien est fragile la théorie comme
quoi il faut redonner du pouvoir d’achat pour booster la croissance. Ce n’est
strictement vrai que lorsque l’on a une croissance basée presque exclusivement sur
la consommation intérieure.
Ce panorama entre les deux pays
montre que l’Allemagne vit beaucoup aux dépens de la France qui est son
principal client sans une véritable réciprocité. Cette dernière est en proie à
un déficit chronique et on peut ajouter que ses dépenses sociales par rapport à
son PIB sont de 10% supérieures à celles de sa voisine. Globalement son déficit
public est devenu un lourd handicap mais c’est surtout la voie des impôts et
taxes qui a été choisie plus que la réduction des dépenses de l’Etat et des
collectivités territoriales. C’est la compétitivité de nos entreprises qui en
paiera le prix.
Il n’y a pas de solution possible
dans la continuation vers le mondialisme sans contrainte, la monnaie unique et
la volonté de fédéralisme. Le remède actuel à base de liquidités aux banques et
finalement aux états faibles malades d’austérité trop tardive. La France se
trouve désormais dans l’impossibilité de poursuivre sur la route de l’euro avec succès sans
abandonner ses pouvoirs régaliens pour un avenir qu'elle ne maîtrisera plus.
Il n’est jamais trop tard pour bien faire
Mais il commence à se faire bien tard !
Claude Trouvé