Le bal de la crise et des élections a laissé beaucoup de chaises vides. il y a eu l'alternance en Grèce (le 5 novembre 2011)… puis en Italie -- Mario Monti remplaçant Silvio Berlusconi -- le 15 novembre… puis en Espagne, avec l'entrée en fonction de M. Rajoy, une semaine plus tard, et enfin la France avec l’arrivée de François Hollande. Personne n’a résisté au tournis de la valse, tout le monde est tombé. Angela Merkel vient de constater qu’avec les nouveaux tout est à refaire ou presque dans une situation encore plus tendue.
En général la prise de fonction du président se déroulait dans une sérénité qui permettait, au nouveau locataire de l’Elysée, de préparer tranquillement son gouvernement et, à l’ancien, de remettre solennellement les clés de l’Elysée. De mémoire on n’a jamais vu un président, avant la passation de pouvoir, être autant sollicité par les dirigeants européens sur des problèmes qui avaient été peu traités dans sa campagne, si l’on excepte le souci de renégocier le dernier traité.
Qui peut croire que la nécessité d’écrire quelques lignes sur la croissance dans le traité soit la raison de tout cet affolement européen ? Non c’est bien parce qu’il y a urgence car la croissance demande d’en discuter longuement, les recettes sont à trouver. Non l’urgence c’est que les caisses sont vides dans les états et dans les banques, alors que la Grèce ne peut survivre à l’euro que par une perfusion continue pendant de longues années. La Grèce est un symbole mais elle ne pèse pas lourd par rapport à l’Espagne et à l’Italie. Tous les PIIGS sont en danger et la France est au bord de la pente dangereuse avec son entrée en récession et sa possible dégradation par les agences de notation dès juin.
François Hollande a reçu dès ce mercredi après-midi à Paris M. Herman van Rompuy, le président de l’Union européenne. Il va rencontrer ce jeudi le président de l’Eurogroupe et Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker… et il s’est déjà entretenu par téléphone avec Angela Merkel et José Manuel Barroso (le président de la Commission européenne) au sujet des dossiers les plus chauds. On voit que la présidence ne commence pas par tout ce qui préoccupait les français au premier chef mais ce qui aurait dû les préoccuper si on les avait bien informés… l’Europe !
Tout commence là et ce n’est pas que 80% de nos lois qui sont dictées par Bruxelles, c’est notre destin qui se joue dans ces débats où l’euro est considéré comme une potion magique, potion que l’on ne peut recracher sans encourir les foudres célestes. Il y a en effet une véritable urgence à mettre sur pied des solutions et à rassurer les marchés sur la “bonne entente” (réelle ou en cours de finalisation) régnant entre les dirigeants européens et la convergence des points de vue entre Paris, Bruxelles et Berlin.
Les marchés sont en train de manifester un peu plus que de l’impatience. La moindre rumeur de fausse note, le moindre atermoiement et la situation pourrait basculer dans le psychodrame… et les indices boursiers dans le précipice. Wall Street est fébrile. Avec la perspective de nouvelles élections grecques c’est un véritable tremblement de terre qui secoue la zone euro qui voit s’ouvrir, sous les pieds de ses sherpas, une faille dont on ne perçoit pas le fond.
La solution de sortie de l’euro pour la Grèce n’est plus un sujet tabou et le risque de voir la zone euro exploser est désormais bien présent. La demande de renégociation du dernier traité avec l’ajout d’une nécessité de croissance vient un peu plus troubler les esprits comme la lumière qui s’éteint quand le chirurgien opère. On comprend l’agacement de l’Allemagne, principal fournisseur des aides aux pays cigales. Pour la Grèce c’est déjà 180 milliards pour rien et 200 promis… A qui le tour ?
La Grèce va déclencher le chronomètre de l’euro.
Tout le monde va courir aux abris les pieds entravés par cette monnaie.
Espérons que la France saura s’en débarrasser plus vite que les autres !
Claude Trouvé