Que fait un ver installé dans le fruit ? Il s’y nourrit aux dépens de son hôte.
Au 31 décembre, la dette
budgétaire de la Grèce s’élevait à plus de 367 milliards d’euros. Compte-tenu
de la diminution des dettes de son administration par l’effacement de quelques 107 milliards de créances
grecques détenues par les prêteurs privés du pays, celle-ci ne s’élèverait plus
qu’à 280 milliards au 31 mars. Mais le ministère des Finances annonce que le
chiffre est désormais supérieur. La dette doit d’ailleurs repartir à la hausse
au fil des versements des prêts promis au pays d'ici 2014 par l'UE et le FMI.
De plus il va leur falloir ajouter un montant de 25 milliards
d'euros versés au pays en avril pour assurer la recapitalisation du système
bancaire national qui avait participé à la « restructuration » de la
dette, à son effacement partiel dit moins pudiquement. Les vases communicants
vous connaissez ?
Nous en sommes au deuxième plan de sauvetage de novembre pour
un montant de 130Mds€ après celui de mai 2011 de 110Mds€. C’est donc une pluie d’argent que l’UE
doit déverser sur la Grèce jusqu’en 2014 pour un total de 365Mds€. Moyennant quoi la Grèce est supposée
faire chuter sa dette de 160% à 120% ; c’est-à-dire au niveau de l’Italie dont
les signes de bonne santé inquiètent la communauté internationale !
Là il s’agit plutôt du tonneau des Danaïdes. En
Grèce, les déposants, eux, ont complètement perdu confiance dans leurs banques
et se précipitent dans leurs agences pour retirer leurs économies. Depuis 2010,
c'est 72 milliards d'euros qui auraient ainsi été retirés des banques grecques,
soit près de 30% des dépôts. Le rythme s’accélère et est actuellement de l’ordre
de 700 à 800 millions par jour. Le pire c’est que cet argent quitte le pays
pour d’autres plus sûrs ou réputés comme tels. Cette course à l’argent cash,
dénommée bank run pour ne pas parler
tout simplement de banqueroute, épuise la trésorerie des banques et aggrave
leur fragilité.
Selon certaines évaluations ces banques
grecques disposeraient encore de 65 à 85Mds€ soit de quoi fournir pendant trois
à quatre mois au rythme actuel. Mais celui-ci ne peut que s’accélérer puisque
la confiance s’autodétruit. Elles vont alors se tourner vers la banque centrale
du pays. C'est ce qu'elles ont fait en récupérant ainsi environ 50 milliards. A
l’épuisement de cette banque centrale celle-ci va se tourner vers le dernier
recours… la BCE. « Le problème,
c'est que les banques grecques ne sont pas les seules à avoir besoin d'aide. La
situation du réseau bancaire espagnol et irlandais est pire. La semaine dernière, c'est l'Espagne
qui a dû affronter des rumeurs grandissantes de bank run. Un milliard d'euros aurait été
retiré des banques espagnoles depuis le 6 mai.» (Agora
21/05/12)
Le gouvernement espagnol
vient une nouvelle fois de demander aux banques d'augmenter leurs fonds propres
pour faire face aux pertes potentielles. Malgré les démentis du gouvernement
espagnol il y a fort à parier sur l’indispensable intervention de la BCE et de
l’eurozone. Selon l’ Herald
Tribune, les dépôts en Espagne, Italie, Irlande et Portugal (les
pays dont le système bancaire est le plus fragile) représentent au total
5 500 milliards d'euros. C’est 7 fois plus que le Fonds européen de
stabilité financière (FESF).
Le risque de voir, par
effet de contagion, l’ensemble des épargnants de ces pays faire de même puis
pourquoi pas nos épargnants français est loin d’être une vue de l’esprit. Les
liquidités des banques seraient alors rapidement asséchées. Ce n’est pas le
sommet du G8 qui fait entrevoir une solution. Au-delà du communiqué final de
bonnes intentions, le contenu est vide. La réunion de l’eurozone ne va pas
décider dans l’urgence, comme toujours, même si le compte à rebours est
enclenché pour quelques semaines ou quelques mois au plus.
Que l’on regarde le problème
sur une face ou une autre, il faut stopper la gangrène et la solution la plus
évidente, même si elle est douloureuse c’est :
Accepter
et organiser
La
sortie de la Grèce de la zone euro,
Même
si cette sortie n'est que provisoire !
Claude
Trouvé