Au début de cette année, nous
nagions dans l’optimisme et – s’il faut en croire notre ancien Président – la
crise était « derrière nous ». On
constate aujourd’hui que les différents indicateurs passent les uns après les
autres au rouge. La Grèce est au bord du gouffre. Le bank run
fait rage, les particuliers grecs se ruent sur les guichets pour retirer leur
cash. Les comptes se vident à un rythme alarmant : chaque jour se sont quelque
800 millions d'euros qui sortent des distributeurs automatiques ou des agences.
Pour endiguer l'hémorragie, il est maintenant envisagé de limiter à
1 000 euros par personne et par mois les retraits autorisés. Ces
sommes se rajoutent aux 16 milliards d'euros qui ont déjà été sortis et virés
à l'étranger depuis 2009.
La Grèce restera dans l'euro s’il
gagne les prochaines élections législatives de juin, a affirmé mardi à Berlin
le leader de ce parti, Alexis Tsipras. A la veille d'un sommet européen à
Bruxelles consacré à la crise, Alexis Tsipras, leader de la gauche radicale
Syriza, affirme que dans ce cas la Grèce restera dans l’euro. Ce pays a jaugé
la peur que procure sa sortie éventuelle de la zone euro. Il en joue,
pathétiquement dirais-je, pour demander de nouvelles aides. L’Allemagne,
consciente que toute aide supplémentaire est non seulement donnée à perte mais
qu’elle encourage ce pays à la facilité, va s’y opposer fermement. C’est le
principal payeur et les poches vides des autres pays ne vont pas les pousser à
aller bien loin sur ce point.
Le Portugal est dans une situation critique. Les
représentants des créanciers du Portugal entament mardi une nouvelle évaluation
de la mise en œuvre du plan d'aide de 78 milliards d'euros au moment où la
crise grecque suscite la crainte d'une éventuelle contagion. Le déblocage d'une
nouvelle tranche d'aide de 4 milliards d'euros dépend d'un nouveau satisfecit
de la Troïka. Le Portugal a déjà reçu de ses bailleurs de fonds près de 53
milliards d'euros soit près de 70 % de l'aide totale.
« Le
nouvel examen intervient dans un climat assombri par une hausse sans précédent
du taux de chômage qui n'est plus qu'à 0,1 point de la barre des 15% et dépasse
les 36% pour les jeunes qui de plus en plus nombreux quittent le pays pour
tenter leur chance à l'étranger. La hausse du chômage risque de peser sur les déficits
en raison d'une augmentation imprévue des dépenses en matière d'allocations. Parallèlement,
les mesures d'austérité vont, selon des prévisions officielles, aggraver la
récession, l'économie devant reculer cette année de 3,3% du PIB. » AFP
22/05/12
Les taux se tendent à nouveau sur
l’Espagne. Vendredi, ils sont montés à 6,33%. De plus les clients de la banque
espagnole Bankia, récemment nationalisée, ont retiré plus de 1 milliard de
leurs comptes. Le pays est tombé en récession et comme les investisseurs
internationaux ont peur d'un défaut de paiement, ils ne prêtent plus. La
situation s'aggrave, l'immobilier tombe au fond du trou et le chômage
s'amplifie. L'Espagne est en train de rejoindre la Grèce sur le chemin de la
faillite, même si son économie est à l’évidence plus solide.
Les taux se tendent aussi en Italie.
Vendredi, ils sont montés à 5,84% tout prêt du seuil de 6% considéré comme celui
au-delà duquel on rentre dans une spirale dangereuse. Quant à la France,
elle a retrouvé l’écart de taux d’intérêts avec l’Allemagne qu’elle avait avant
la création de l’Euro. Il devient très probable que la France sera en faillite
en 2014. L'arrivée de François Hollande au pouvoir signe un durcissement de la fiscalité
et sans doute une aggravation de la dette publique que nous devrons finalement
payer.
La croissance par des
investissements européens sur les infrastructures demande d’injecter des masses
monétaires importantes dont l’UE ne dispose pas puisqu’elle doit se préparer à
faire face à la faillite de la Grèce et à des aides importantes très probables
au Portugal, à l’Espagne et à l’Italie. On va alors tout droit vers la création
de monnaie dont on connait la dangerosité parce qu’elle n’est pas une monnaie
de réserve comme le dollar.
En ce qui concerne la dette
publique, son financement est visé par les « eurobunds » sur lesquels
la France et l’Allemagne s’affrontent. Cette dernière ne cèdera pas. L’horizon
est donc passablement bouché et la lourde machine européenne, frileuse de
surcroît, tentera encore désespérément de sauver l’euro. Elle ne fait que
gagner du temps, temps pendant lequel les difficultés de l’Europe du sud s’aggravent.
Pendant combien de temps est la seule question à laquelle on ne peut répondre,
sinon jusqu’à… épuisement !
Un tsunami s’abat sur l’Europe,
Les digues sous-dimensionnées ne résisteront pas.
Il ne servira à rien de s’accrocher aux épaves de l’euro.
Claude Trouvé