lundi 31 octobre 2011

Une euphorie qui a la consistance d’un soufflé !


Les marchés n’attendaient que cela pour rebondir, la Grèce est sauvée. Les européens ont fait plein de promesses. Le FESF va porter sa force de frappe à 1400 milliards d’euros, la Grèce voit sa dette diminuée de 50% (réduite à 30% parce qu'elle ne comprend pas la dette détenue par la Banque centrale européenne ni les prêts que le FESF a fait à la Grèce depuis début 2010) et va se voir attribuer un fond de renflouage de l’ordre de 90 milliards d’euros.

Les Grecs ne peuvent déjà pas payer leurs factures et on va leur imposer un nouveau tour de vis. Il en résultera moins de rentrées d’argent pour l’état, ce qui alimentera la dette. Celui-ci empruntera aux autres pays européens qui ont aussi du mal à ne pas augmenter leur dette. La Chine va intervenir avec du vrai argent (jusqu’à 100 milliards de dollars dans le fonds de stabilisation européen), celui qu’elle a obtenu en vendant des produits à des gens qui ne peuvent pas payer leurs factures. 
                                      
 Cette réduction de la dette grecque n'est de toute évidence pas suffisante pour remettre son économie sur les rails durablement. Elle ne mettra pas fin aux émeutes ni aux grèves et conduira à une autre période de tensions sur les financements, plus tôt que prévu. Il est temps qu’elle pose à son peuple la question de son maintien dans l’euro. De plus chacun sait qu’entre les promesses des européens et la réalité, il faut passer par l’adoption des « points de détail » qui ponctuent chacune des bonnes résolutions. Il y a fort à parier que certains détails ne sont pas prêts d’être résolus.

Par contre les banques devront relever leurs fonds propres de 9% par rapport à leurs « actifs » et devront trouver 106 milliards d’euros. Si elles le peuvent sans emprunter cela diminuera d’autant leur capacité de prêt pour les états et les entreprises. Les nouvelles économiques qui font bouger Wall Street sont à interpréter, car si la croissance américaine a été nourrie par une hausse de la consommation, l’épargne a chuté dans le même temps.

J.C. Trichet quitte aujourd’hui la BCE avec un message qui en dit long : “malgré les réformes engagées par les chefs d’Etat et de gouvernement de la Zone euro pour réduire les dettes colossales en Europe, la crise n’est pas terminée. La mise en place complète et rapide des décisions prises à Bruxelles est absolument capitale. Nous devrons surveiller ce processus avec grande attention. Il est désormais temps d’agir”.

Il a ajouté : “la crise a mis à nu la faiblesse des pays développés. Nous constatons celle des économies américaine et japonaise, mais également, les faiblesses de l’Europe”. Il aurait aussi pu révéler que les caisses de la BCE sont vides. L’Italie est menacée par sa fragilité politique et financière, la consommation a baissé le mois dernier de 0,5% en France et de 1,3% en Allemagne. Ce sont autant de facteurs qui justifient une récession à venir en Europe.

Les 55% de français, qui ont trouvé « convainquant » le discours du président Sarkozy, risquent fort d’être amenés à revoir leur opinion comme le PS pour son programme. L’austérité n’a pas encore touché suffisamment les portemonnaies, mais la fermeture des entreprises et la vingtaine de milliards de ressources nécessaire pour 2012 va mettre beaucoup de monde dans la rue. L’état en faillite, légué à François Fillon, a l’air d’un coq encore plus déplumé !

 La zone euro est une tortue

Sa lourdeur, sa lenteur et son euro-carapace limitent ses mouvements

Elle va se noyer dans la tempête des marchés !

Claude Trouvé