Les marchés n’attendaient que
cela pour rebondir, la Grèce est sauvée. Les européens ont fait plein de promesses. Le FESF va porter sa force de frappe à 1400 milliards d’euros, la Grèce voit sa
dette diminuée de 50% (réduite à 30% parce
qu'elle ne comprend pas la dette détenue par la Banque centrale européenne ni
les prêts que le FESF a fait à la Grèce depuis début 2010) et va se voir
attribuer un fond de renflouage de l’ordre de 90 milliards d’euros.
Les Grecs ne
peuvent déjà pas payer leurs factures et on va leur imposer un nouveau tour de
vis. Il en résultera moins de rentrées d’argent pour l’état, ce qui alimentera
la dette. Celui-ci empruntera aux autres pays européens qui ont aussi du mal à
ne pas augmenter leur dette. La Chine va intervenir avec du vrai argent (jusqu’à
100 milliards de dollars dans le fonds de stabilisation européen), celui qu’elle
a obtenu en vendant des produits à des gens qui ne peuvent pas payer leurs
factures.
Cette
réduction de la dette grecque n'est de toute évidence pas suffisante pour
remettre son économie sur les rails durablement. Elle ne mettra pas fin aux
émeutes ni aux grèves et conduira à une autre période de tensions sur les
financements, plus tôt que prévu. Il est temps qu’elle pose à son peuple la
question de son maintien dans l’euro. De plus chacun sait qu’entre les
promesses des européens et la réalité, il faut passer par l’adoption des « points
de détail » qui ponctuent chacune des bonnes résolutions. Il y a fort à
parier que certains détails ne sont pas prêts d’être résolus.
Par contre les banques devront relever leurs fonds propres de 9% par
rapport à leurs « actifs » et devront trouver 106 milliards d’euros.
Si elles le peuvent sans emprunter cela diminuera d’autant leur capacité de
prêt pour les états et les entreprises. Les nouvelles économiques qui font
bouger Wall Street sont à interpréter, car si la croissance américaine a été
nourrie par une hausse de la consommation, l’épargne a chuté dans le même
temps.
J.C. Trichet quitte aujourd’hui
la BCE avec un message qui en dit long : “malgré les réformes engagées par
les chefs d’Etat et de gouvernement de la Zone euro pour réduire les dettes
colossales en Europe, la crise n’est pas terminée. La mise en place complète et
rapide des décisions prises à Bruxelles est absolument capitale. Nous devrons
surveiller ce processus avec grande attention. Il est désormais temps d’agir”.
Il a ajouté : “la crise a
mis à nu la faiblesse des pays développés. Nous constatons celle des économies
américaine et japonaise, mais également, les faiblesses de l’Europe”. Il aurait
aussi pu révéler que les caisses de la BCE sont vides. L’Italie est menacée par sa fragilité politique et financière, la consommation a baissé le mois dernier de
0,5% en France et de 1,3% en Allemagne. Ce sont autant de facteurs qui
justifient une récession à venir en Europe.
Les 55% de français, qui ont
trouvé « convainquant » le discours du président Sarkozy, risquent
fort d’être amenés à revoir leur opinion comme le PS pour son programme. L’austérité
n’a pas encore touché suffisamment les portemonnaies, mais la fermeture des
entreprises et la vingtaine de milliards de ressources nécessaire pour 2012 va
mettre beaucoup de monde dans la rue. L’état en faillite, légué à François
Fillon, a l’air d’un coq encore plus déplumé !
La zone euro est une tortue
Sa lourdeur, sa lenteur et son euro-carapace limitent ses mouvements
Elle va se noyer dans la tempête des marchés !
Claude Trouvé