Christine Lagarde nous a quitté en emportant avec elle ses prévisions rassurantes mais fausses sur la reprise et la solidité des banques françaises. La traversée de l’Atlantique lui a fait découvrir de nouveaux abîmes, nos banques et la fin de crise y ont sombré. Nos grands économistes, de réputation mondiale, Christine Lagarde et Dominique Strauss-Kahn, ont fait preuve d’un manque de vision qui ne les grandit pas et ne laisse rien augurer de bon qu’en à leur faculté de prévoir l’avenir et d’y faire face.
Mais, me direz-vous, ils ne sont pas seuls ! Hélas oui, mais est-ce une raison pour se réjouir ? Le dogme de la croissance soutenue par de la monnaie virtuelle les a aveuglés quand des esprits, soi-disant moins qualifiés mais de bon sens et fins observateurs comme Philippe De Villiers, disaient depuis 2005 que nous allions droit dans le mur. Pour la première fois, Nicolas Sarkozy avertit que le plus dur de la crise est devant nous !
Il n’y a, évidemment dans son esprit, aucun sentiment de responsabilité, la faute est aux banquiers, aux manques de réglementation sur les mouvements de capitaux, aux paradis fiscaux, etc. mais sûrement pas à lui ! Pourtant il a prolongé, et de quelle manière, l’erreur de François Mitterrand dans la création de l’Europe de Maastricht avec le traité de Lisbonne contre la volonté du peuple. La libre circulation des capitaux, des hommes et des marchandises, l’euro qui protège, l’immigration chance pour la France sont encore les dogmes auxquels il nous assujettit.
La France, au contraire de l’Allemagne, n’a globalement rien tiré de positif de la zone euro, notre dette publique n’a cessé de se creuser et notre commerce extérieur est de plus en plus déficitaire. Comment ne pas faire un lien de cause à effet avec la mise en œuvre de l’Europe centralisatrice, l’Europe des marchés que la gauche promettait sociale. Elle devient l’Europe du tiers-monde et de la solidarité envers les pays cigales.
L’Etat refuse encore de dire la vérité aux français ou alors il est aveugle. Le budget 2012 est bâti sur une croissance de 1,75% alors que tous les signes de la récession sont au rouge. Le FMI ne compte que sur 1,2% mais de nombreux économistes parient sur une croissance proche de zéro. Les prévisions initiales, au temps de la « ri-lan ce », étaient initialement de 2,5% !
Alors un petit calcul s’impose pour éclairer nos lanternes à partir des derniers chiffres de l’INSEE. La dette publique est de 1692,7Mds€ à la fin du deuxième trimestre 2011, en augmentation de 46,4Mds€ après celle de 54,9Mds€ au premier trimestre soit 101,3Mds€ pour le 1er semestre. Le gouvernement annonce que nous sommes à 86,2% pour le ratio dette/PIB à l’issue de ce premier semestre. Or c’est l’engagement du gouvernement pour la fin de l’année !
Tenir cet engagement de 86,2% sur l’année c’est réussir à ne pas augmenter la dette publique pendant le deuxième semestre ! Mission impossible ! Le PIB en fin de ce semestre 2011 est de 992Mds€. Compte-tenu de l’inflation on peut projeter un PIB de 1990Mds€ à la fin de l’année. De son côté la dette peut s’accroître d’une centaine d’euros au 2ème semestre comme durant le 1er semestre. Si ce cas probable est réalisé, la dette atteindra 1790Mds€ environ et le ratio dette/PIB sera de l’ordre de 90% ! Seuil considéré comme fatidique !
Par ailleurs avec une dette publique de 1591,4Mds€ à fin 2010, l’augmentation de la dette risque d’être le double de celle prévue et de l’ordre de 200Mds€ soit plus de 12% même si le gouvernement tient son engagement de diminuer le solde des administrations de 6% comme il s’y est engagé. L’objectif de ressources supplémentaires de 4Mds€ en 2011 au prix de contorsions fiscales ne jouera qu’à la marge et permettra seulement au gouvernement de dire, qu’en ce qui concerne les dépenses administratives centrales et locales et celles de santé, il a tenu ses objectifs.
Le gouvernement ne maîtrise plus rien sur la dette et les prévisions pour 2012 risquent d’être fantaisistes. L’euro ne le protège pas et il va même devoir en plus mettre la main à la poche pour payer sa quote-part de 15Mds€ pour sauver la Grèce en attendant le prochain plan. L’objectif du ratio dette/PIB de 86,7% en 2012 suppose que la dette soit ramenée à 1730Mds€ environ si l’on finit 2011 avec une dette de 1790Mds€ soit une diminution de 60Mds€ ! Objectif irréalisable !
L’objectif de 1,75% de croissance pour 2012 paraît de plus en plus intenable, la récession occidentale et le ralentissement de la Chine sont là. En supposant, hypothèse de plus en plus optimiste, que cela soit réalisé et que l’augmentation de la dette soit diminuée de 25% soit de 50Mds€, le ratio dette/PIB serait alors de 96%. Les miroirs aux alouettes des candidats de gauche qui ne cèdent en rien aux écrans de fumée du gouvernement paraissent bien irréalistes devant le gouffre qui s’ouvre devant nous dans la dépense publique !
Nous entrons non seulement dans la « ri-cession » mais dans un nouveau tiers-monde. Nous ne serons pas seuls en Europe, c’est certain, et le renversement des dogmes deviendra inéluctable par le poids de la réalité ou de la rue sur les décisions gouvernementales comme Philippe De Villiers le disait dans le désert en 2005. Le nouveau dogme du « plus d’Europe » va s’écraser sur le mur de la réalité dans les six à dix-huit mois qui viennent.
De la « ri-lance à la « ri-cession »
L’avenir est pourri,
Le peuple enfumé,
L’euro à l’agonie.
Il faut reconstruire l’Europe !
Claude Trouvé