lundi 3 octobre 2011

Traverser les flammes ou mourir à petit feu ?


La zone euro est encerclée par l’incendie de la dette. Le dogme de l’euro qui protège va-t-il encore tenir longtemps ? Que faut-il pour qu’enfin nos grands stratèges regardent la réalité en face ? Quand se posera-t-on la question de savoir pourquoi les pays de l’Union européenne se portent globalement mieux que ceux de la zone euro si l’on excepte l’Allemagne ? Quand aura-t-on le courage de reconnaître nos erreurs ?
 
La couronne suédoise maintient la Suède dans un endettement faible, le pays le plus démocratique du monde, qui a renoncé à l’euro en 2003 par référendum. La couronne danoise fait de même après un référendum en 2000. La Suisse voit sa monnaie tellement appréciée par rapport au dollar, que pour ne pas mettre en danger son économie, elle décide de la lier au dollar. L’Angleterre, qui n’envisage pas l’adoption de l’euro, vient d’avoir sa note « AAA » confirmée avec avis de situation stable, ce qui devrait lui garantir de la garder à court terme. Voilà ce que l’on observe dans des pays européens qui n’ont pas choisi l’euro.

Dans la zone euro, on trouve au contraire les PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne), tous endettés jusqu’au cou. Les spéculateurs en ont fait leur proie même si l’Italie avait eu le mérite de moins creuser sa dette que la France en 2010. Le Portugal va demander un nouvel emprunt, la Grèce vient d’annoncer 8,5% d’augmentation de sa dette et ne tient pas son objectif de 7,3%, condition impérative imposée pour son sauvetage. L’Espagne ne va pas mieux, le chômage dépasse les 20% et le peuple est dans la rue comme en Grèce et au Portugal.

Ne parlons-pas de la France qui tremble à l’idée de perdre son « AAA » mais qui ne maîtrise plus l’augmentation de sa dette (près de 1800Mds€ probables fin 2011) même si elle essaie de maîtriser ses dépenses administratives et de santé. Nous nous enfonçons dans la dette sans qu’aucune véritable autre action correctrice que la rigueur ne soit avancée. La sanction ne va pas tarder à nous atteindre dans une période électorale de paralysie de l’Etat. Si la Grèce n’est pas aidée ce mois-ci, elle est en faillite. Si elle l’est, l’Italie devra s’en sortir seule, car sa défaillance serait la mort de l’euro. Ce pays, fondateur de l’Europe et quatrième puissance économique, signerait aussi la défaite de celle-ci.

Il est pourtant clair que l’euro n’est pas une protection automatique de l’économie d’un pays et qu’une monnaie nationale n’est pas une condamnation obligatoire. Les spécificités socio-économiques de chacun des pays peuvent être plus ou moins favorables à l’adoption d’une monnaie unique. L’Allemagne avec ses produits haut de gamme y a trouvé un marché pour son exportation et a fait de la France son principal client. Par contre cette dernière a creusé le déficit de son commerce extérieur.

Oui il est vrai que sortir de l’euro ne peut se faire sans douleur, ni sans dévaluation mais la situation actuelle se détériore chaque jour. Nos banques privées se déprécient, et leur solidité est remise en cause. Dexia, la banque franco-belge qui fournit les prêts aux collectivités locales, est en grande difficulté et va faire l’objet d’une concertation entre les deux gouvernements. On parle de séparer ses activités de prêt et de les redonner à la Caisse des Dépôts et Consignations ! Le budget des collectivités locales est en danger.

Devant ce constat plus dangereux chaque jour, la valse hésitation de huit mois d’un Borloo qui la termine par une pirouette agrémentée d’un « j’ai (enfin) pris conscience que la situation est grave », a de quoi désespérer l’électeur. Tous nos politiques sont concentrés sur l’élection présidentielle. Les programmes sont secondaires si ce n’est de dire à droite « on continue » et à gauche « il faut écouter la France qui souffre, lutter contre le chômage et augmenter le pouvoir d’achat ». On ressort les vieilles phrases, celles qui vont dans le sens du poil de son électorat.

L’agonie de l’euro se poursuit, mais les états et les banques seront de plus en plus exsangues. L’Europe va bientôt offrir un spectacle de désolation et sa relève en sera plus hypothétique. On parle d’effacement de 50% de la dette de la Grèce et de sa mise sous tutelle ! Quelle déchéance ! Que signifie encore un pays sous tutelle ? C’est ce que nous avons vécu pendant l’occupation dans la deuxième guerre mondiale.

Les médias nous abreuvent de leurs commentaires sur les affaires, les sondages, les querelles intra et inter partis. Pendant ce temps, la dette galope et les réflexions sur les fondements de la politique économique à mettre en place s’évanouissent dans des déclarations sans consistance.

La France n’a vraiment que ce qu’elle mérite !

Fierté et courage ont fuit notre élite !

L’urne est bafouée, il nous reste la rue !

Claude Trouvé