Sarkozy et Merkel ne se quittent
plus dans cette fraîcheur revenue. A deux sans doute on a moins froid, car les
agences de notation soufflent un véritable blizzard sur l’Europe. La marche des
Etats et des banques ressemble de plus en plus à une retraite de Russie d’aveugles
et de paralytiques. Les Etats sont dans un épais brouillard et les banques en
mal de recapitalisation donc en manque de fonds.
Ce week-end s’annonce
particulièrement frais après la dégradation de la note de l’Italie d’un cran et
de celle de l’Espagne de deux crans par l’agence Fitch complétée par une
surveillance négative du Portugal. A cela s’ajoute l’éventualité de la
dégradation de la note de la Belgique par l’agence Moody’s. Le rachat de Dexia
par la Belgique ne peut en effet qu’augmenter sa dette.
Mais nous n’échappons pas aux
mauvaises nouvelles. Un bruit court que la France ne pourrait pas tenir le
déficit prévu et sa note AAA risque de ne pas résister. Pour nos deux
duettistes franco-allemands l’urgence c’est les banques dans ce curieux
mécanisme où celles-ci se recapitalisent en larguant des obligations pourries à
la BCE financée elle-même par les Etats, banques qui sont alors en mesure de
prêter aux Etats défaillants en prenant leur dîme au passage. Simple non à
comprendre… ? Oui que l’on sera encore cocus ! Au final les banques
survivent grâce à ce bonus et les Etats manient la rigueur et les impôts et
taxes… sur qui ?
Mais ce serait trop simple. Il
faut ajouter le FESF qui est le relais des Etats pour les aides financières
mais qui n’est pas assez doté pour prendre en charge l’Italie et l’Espagne en
cas de malheur. Il pourrait être sollicité pour prêter indirectement aux
banques par le biais d’une garantie donnée à la BCE afin de dépenser plus que
ces fonds propres de 440Mds€ soit jusqu’à 1600Mds€.
On comprend que ces manipulations
financières sont des jeux à haut risque qui misent sur un nouveau départ de l’Europe
économique alors que nous entrons dans une période de non-croissance voire de
récession. Cet argent virtuel créé par un effet de levier mise sur des gains
futurs et la situation risque donc de devenir catastrophique si la croissance n’est
pas là. Le Fonds monétaire international (FMI), de son côté, estime que les besoins
de capitaux des banques pourraient atteindre 200 milliards d'euros,
l'équivalent de la moitié des ressources du FESF.
L’utilisation des fonds du FMI
pour la recapitalisation des banques oppose Sarkozy et Merkel… un dimanche de
discussion suffira-t-il ? Cette manière de décider à deux en permanence
sans consultation préalable des autres européens ne va-t-il pas amener à des
blocages psychologiques des petits pays ? Rien n’est moins sûr car ils
font sentir de plus en plus leur désaccord de principe à ces quasi-décisions à
deux.
Par ailleurs les patronats
français, italien et allemand s’inquiètent et veulent un nouveau traité allant
vers une gouvernance économique efficace, ce qui revient à priver les nations
de leur pouvoir sans qu’une Europe politique soit mise en place. Dans le climat
actuel on voit mal cette éventualité se réaliser. Mais c’est un signe fort sur
la prise de conscience que l’Union européenne et particulièrement la zone euro
ni protège les Etats ni lui permet un développement économique supérieur à
celui de la Chine et des pays émergents, Brésil, Inde et Russie sans parler des
Etats-Unis dont le dollar et la puissance militaire garantissent encore le
leadership.
La petite Belgique, qui survit
sans gouvernement dans une bataille linguistique interminable, est l’illustration
de l’incapacité de l’Europe de se mettre d’accord dans le cadre des traités
actuels. Elle devrait être avec Bruxelles l’image de la concorde des états
européens, elle est celle de leur division. La crise met en lumière les
principes viciés de construction de l’UE et la Grèce est l’illustration des
ravages de l’euro sur un pays où il a été une assistance incitant à une politique
cigale dans un pays qui n’était pas en état de soutenir une monnaie aussi
forte.
Le MPF, avec son président
Philippe De Villiers, voit malheureusement ses prédictions se réaliser. L’heure
d’une remise à plat des traités s’avance à grands pas et les candidats à l’élection
présidentielle feraient bien de sortir de leurs discours électoralistes en n’utilisant
non plus une lorgnette mais une longue vue pour prévoir et gérer l’avenir !
Le rassemblement des peuples est un bel idéal mais
« Les pires choses en général sont faites
des meilleures qui ont mal tourné » (Victor Hugo)
Claude Trouvé