A l‘heure où L’UE semble vouloir trouver une planche de salut dans une gouvernance économique européenne, le domaine de l’énergie devrait être un chantier très profitable de coordination européenne. Les récentes déclarations de l’Allemagne sur l’arrêt du nucléaire d’ici 2022, suite à l’accident de Fukushima et la pression politique des Verts, ont été énoncées unilatéralement. Compte-tenu de l’interconnexion des réseaux sur toute l’Europe, toute décision importante d’un gros consommateur et producteur d’énergie a un impact sur les autres pays.
Le choix d’une politique énergétique à base d’éolien, d’énergies fossiles (lignite, gaz et pétrole) avec un peu de solaire va poser un certain nombre de problèmes à ce pays qui ne seront pas sans impact sur la France. L’Allemagne qui a le plus gros parc éolien avec le Danemark et les Pays-Bas, n’est pas le pays offrant, comme la Grande-Bretagne, le meilleur potentiel climatique d’installation de cette source d’énergie sur son sol. Elle songe donc à l’implantation d’éoliennes offshore en Mer du Nord.
C’est 15% de sa production d’électricité par l’éolien qui serait visée pour l’instant. Ceci ne remplacerait d’ailleurs qu’une partie de la production nucléaire arrêtée. En dehors du coût du kWh éolien deux fois plus élevé que celui du nucléaire, la production éolienne est soumise aux caprices du vent. Il faut 10 à 15km/h de vent pour faire tourner une éolienne et elle doit être arrêtée au-dessus de 90km/h. Il en résulte que d’une part, selon les sites, une éolienne ne fonctionnera qu’entre 22% et 34% du temps et que d’autre part, la production de l’ensemble du parc éolien sera extrêmement variable dans le temps.
En conséquence, il est nécessaire de maintenir une puissance de secours, en veille, pour rééquilibrer automatiquement le réseau à base de centrales à énergie fossile dont la puissance doit être entre 75% et 90% de la puissance éolienne installée. Si tel n’est pas le cas il y aura compensation par l’ensemble du réseau européen, dans la mesure des accords passés entre les nations. En dehors du fait que l’éolien nécessite la mise en marche de centrales polluantes, ce qui en diminue son intérêt écologique, il apparaît que les décisions unilatérales ne permettent pas d’optimiser les meilleures solutions pour l’Europe.
Les choix sont éminemment politiques. L’Allemagne veut arrêter le nucléaire, la Grande-Bretagne vient d’annoncer qu’elle est prête à construire cinq nouveaux réacteurs, la Finlande un. La Suède qui devait arrêter les siens repousse sans cesse la date d’arrêt. Il est évident que certains pays comme le Danemark et les Pays-Bas ont des conditions climatiques favorables à l’éolien qui influencent leurs décisions. Mais les décisions sont toujours éminemment politiques et même souvent contradictoires avec le bénéfice écologique et environnemental.
L’énergie nucléaire reste l’énergie de base pour la France. Elle dispose d’une énergie peu chère, dont le prix est peu dépendant du combustible et la sécurité d’approvisionnement est peu sujette aux aléas des perturbations diplomatiques. Elle a prouvé qu’elle était bien maîtrisée en France et nous ne sommes pas un pays soumis aux mêmes dangers d’inondations, de typhons, de tsunamis, ni aux mêmes intensités et fréquences des tremblements de terre. Cela étant comme ce fut le cas pour les deux grands accidents nucléaires, le retour d’expérience se traduira par un gain sur la sûreté des réacteurs.
Il y a donc un intérêt à coordonner entre les pays d’une part les mesures d’économie d’énergie et d’autre part celles de production en n’opposant pas systématiquement le nucléaire aux énergies renouvelables. Le nucléaire doit fournir une énergie de base, peu modulable, et le complément de l’hydraulique, de l’éolien doit s’allier aux énergies fossiles pour permettre la meilleure adaptation aux variations de la consommation. Les rapports entre toutes ces sources d’énergie peuvent être variables selon les nations mais devraient réaliser une optimisation globale tenant compte des coûts de transport dans les échanges entre nations.
Nous sommes encore loin d’arriver à des décisions donnant plus de poids à la rationalité économique qu’à la rêverie politique. A l’heure où l’Europe croule sous ses dettes il y a là une niche de première importance qui montrerait que l’Europe a un sens !
Créons une Europe à l’énergie renouvelée
Si nous ne voulons pas qu’elle se transmute en énergie fossile.
Claude Trouvé