Nos politiques de gauche et de
droite n’ont qu’un mot à la bouche… la croissance. La croissance est la panacée
universelle, le monde ne peut tourner sans elle. Sans croissance, pas de
diminution du chômage ou encore sans croissance, pas de réduction de la dette entend-t-on.
Pourtant elle semble fuir les USA et l’Europe, alors qu’elle est revenue en Argentine
qui était en récession et endettée.
La croissance est un dogme que
plus personne ne songe à remettre en cause comme si elle avait définitivement
prouvé que nul état ne peut s’en passer. On nous l’a fait admettre sans que
nous ayons eu la moindre démonstration du pourquoi. On ne se pose plus de
questions. C’est sans doute pourquoi la croissance peut provoquer beaucoup de
dégâts, c’est que l’on ne s’en méfie plus. Et si nous nous posions la question
du pourquoi faut-il de la croissance ?
Certains vont répondre, c’est
pour faire marcher la machine économique et s’enrichir. Mais pour enrichir qui ?
Si c’est pour enrichir les lobbies, les multinationales, les puissances
financières privées, les banques a-t-on vraiment besoin de la croissance ?
La réponse de l’humble citoyen est non, c’est pourquoi il manifeste devant Wall
Street et est enfumé au gaz lacrymogène. Si la croissance nourrit l’emploi et
augmente les salaires et les prestations sociales, elle sera mieux comprise par
l’ensemble de la population. C’est donc bien le mieux vivre qui doit être l’objectif
de la croissance.
Supposons que tous les prix de
nos achats baissent, nous vivrions mieux. Mais si tous ces achats étaient faits
sur des produits fabriqués dans notre pays, notre PIB serait en baisse. Nous
serions en récession, c’est-à-dire en décroissance, tout en vivant mieux. Comment
faire baisser les prix alors que tout augmente autour de nous me direz-vous ?
La réponse est par des gains de productivité. Grâce à elle le réfrigérateur que
l’on peut acheter en 2011 coûte une part beaucoup moins importante du salaire
de l’ouvrier qu’en 1960. Il n’est donc pas si sûr que la croissance soit
nécessaire au mieux vivre.
Il est évident que nous ne vivons
pas dans une économie fermée et que le jeu des échanges commerciaux entre pays
favorise certains pays plus que d’autres. Notre balance commerciale est en
déficit de 75Mds€ pendant que celle de l’Allemagne doit atteindre 125Mds€. Mais
il est évident que tous les pays ne peuvent être simultanément en excédent
commercial. Dans un monde idéal, dont l’Europe est considérablement éloignée ce
qui crée la crise actuelle, une balance commerciale équilibrée pour tous
devrait être l’objectif de chacun.
Il apparaît que dans ce monde
idéal la croissance n’existerait que si la productivité augmente. Notre mieux
vivre viendrait de ce que nous pourrions acheter un bien à coût moindre ou acheter
plus de biens pour le même coût. Malheureusement dans ce monde fou, l’augmentation
de la productivité ne suit pas au doigt et à l’œil les désirs des politiques et
l’appétit d’argent de ceux qui tirent le meilleur parti de la croissance. On a
pris l’habitude de forcer l’allure avec des résultats parfois contraires.
C’est ainsi que pour payer ses
dépenses militaires, les USA ont délié l’or et la monnaie, autrement dit se
sont octroyés la possibilité d’émettre de la monnaie à leur guise. L’économie finit
par s’emballer et l’on a des « bulles » qui finissent par éclater
parce que ni la consommation intérieure ni la balance commerciale ne peuvent
suivre. Alors l’état pousse à la consommation en prêtant à taux d’intérêt très
faible et sans soucier des capacités de remboursement des prêts, ce qui finit
par aboutir à la crise des « subprime ».
Pour relancer la croissance les
Etats-Unis ont dépensé 1700Mds$ en deux plans successifs, lesquels ont produit
541Mds$ de croissance, soit 1$ de relance = 3,14$ de dette. Grâce à cela
la dette des Etats-Unis atteint 14.000Mds$. Mais cette politique de création de
la monnaie pour alimenter la croissance a envahi les pays du G20 dont le ratio
d’endettement est supérieur à 100% du PIB !
La croissance ne se décrète donc
pas d’un coup de baguette magique et pour qu’elle soit durable et efficace elle
ne peut s’appuyer sur la création d’une monnaie virtuelle. Plus la masse
monétaire augmente, plus la valeur de l’argent diminue. Les allemands en savent
quelque chose et c’est ceci qui explique leur attitude actuelle. L’histoire de
l’Etat-providence, sauveur des banques et des citoyens, a toujours une fin
tragique qui met le poppolo minuto en
route vers les barricades.
La véritable croissance qui peut
nous assurer un mieux vivre durable et stable vient des gains de productivité.
C’est donc par nos entreprises, notre agriculture que peut venir la croissance.
La vraie croissance fait appel à notre génie créatif, à notre sens de la saine
gestion des entreprises et notre capacité d’innovation et de recherche. L’injonction
d’argent dans ce circuit peut diminuer le sens du risque calculé qui est l’apanage
du chef d’entreprise. La masse monétaire dont ont bénéficié Renault et Peugeot
se traduit finalement par un déséquilibre de l’offre et de la demande qui
conduit inexorablement aux licenciements à terme.
Aucune avancée dans la crise ne
sera possible tant que nos politiques n’auront pas compris que, pour relancer
la consommation intérieure, l’augmentation dirigiste des salaires, du secteur
privé et du secteur public forcément liés, n’est pas une solution, puisque l’Allemagne
a suivi avec succès le chemin inverse. Il en sera de même tant qu’ils n’auront
pas compris que la croissance n’est ni une panacée ni à leur disposition par l’injection
aveugle d’argent dans le circuit économique. Des grands projets sur les
infrastructures sont possibles, encore faut-il avant juger des retombées qu’ils
auront pour l’économie.
L’Etat-providence est fini. L’Etat
doit bien gérer dans une saine rigueur ce pourquoi il est irremplaçable et
arrêter de vouloir gérer le potentiel économique du pays pour lequel les
industries, PME, PMI sont les acteurs responsables car pour eux la faillite
change leur avenir professionnel !
A chacun son métier
Dirigisme et capitalisme ne vont pas ensemble
Nos politiques ont failli depuis trente ans
Rendons à la France le goût d’entreprendre
Claude Trouvé